Questions à Pervenche Berès, députée européenne (groupe PSE), présidente de la commission de l'emploi et des affaires sociales au Parlement européen

“L'articulation entre formation professionnelle et aménagement du territoire doit évoluer"

Par - Le 16 avril 2010.

Quel diagnostic faites-vous de la formation professionnelle en Europe ?

C'est un secteur qui est soumis à un véritable défi, celui de répondre aux nouveaux besoins, alors que tous parlent de compétitivité, de transitions et de qualité. Or, et la cohérence de l'idée de “formation tout au long de la vie" est en jeu, il faut en quelque sorte apprendre à se former. Ce n'est pas à 50 ans que, subitement, un stage de transition vous permettra de passer de l'industrie de l'automobile à un emploi vert de rénovation de bâtiment ! S'en tenir au quantitatif, sans tenir compte des personnes et de leurs aspirations, ce n'est pas un bon mécanisme. Il faut ajouter à notre “corpus" social une dimension formation professionnelle, de la même manière que l'on doit savoir - pas au même niveau - lire, écrire et compter et... parler une langue étrangère. Tout ne se joue pas à l'école, et tout ne se joue pas en sortant de l'école.

Selon vous, comment se situe les États membres sur ces questions ?

En France, la formation professionnelle est un serpent de mer depuis de nombreuses années. Je pense que la question de l'évaluation des bassins d'emploi y est essentielle. L'articulation entre formation et aménagement du territoire doit évoluer. En Europe, les pays nordiques sont toujours cités en exemple, parce qu'ils ont intégré l'idée que la société est responsable de l'employabilité des personnes et que, de ce fait, la formation professionnelle fait vraiment partie des priorités. Les politiques de formation mises en œuvre sont très actives dans ces pays.

Former en temps de crise, comme le fait la France actuellement, est-ce une idée à exporter en UE ?

D'autres pays le font également. Il vaut mieux que les personnes soient en formation professionnelle qu'au chômage, tout le monde est d'accord pour le dire. Mais il ne suffit pas de plaquer une formation sur un salarié ou un demandeur d'emploi pour qu'elle entre aussi dans son projet de vie. Il ne suffit pas de mettre en place un vaste programme.

Que pensez-vous des propositions de la Commission de “Stratégie 2020" en ce qui concerne la formation, qui paraissent assez floues ?

C'est tout le problème de la “Stratégie 2020" globalement. Il s'agit de la définition d'un cadre, et en l'occurrence un cadre très mou.

José Manuel Barroso a évoqué en janvier l'idée d'une prime pour les États membres qui investissent dans la “formation européenne"…

C'est une bonne idée. C'est tout l'enjeu de la réforme du FSE, qui aura lieu dans le courant de l'année. Par exemple, a été mis en place le Fonds d'ajustement à la globalisation, qui finance de la formation professionnelle “sur mesure" pour des personnes victimes de la globalisation ou de la crise. Reste à voir comment transmettre cette idée vers le Fonds social européen, qui permettra de mettre en place la déclinaison d'outils qui découleront de la Stratégie 2020.