La GPECT en Île-de-France : quels territoires et quels partenariats ?
Par Agathe Descamps - Le 01 juin 2011.
Point de bavardages inutiles, mais surtout des exemples de dispositifs de GPECT mis en place dans la Région. Rarement une réunion sur la formation aura été aussi concrète que le séminaire sur la GPECT organisé par la préfecture de Paris et d'Île-de-France, en partenariat avec la Direccte, le 17 mai dernier.
Quand on évoque la GPECT, la composante essentielle est bien évidemment le territoire. Mais de quel territoire parle-t-on ? “C'est une notion très compliquée et difficile à appréhender, surtout en Île-de-France", a souligné Christine Brunieaux, chef du service observation et prospective du Gip Carif Île-de-France, dans le cadre de ce séminaire. En effet, la région représente 30 % du PIB national, 6 millions d'emploi - avec les écarts de revenus les plus importants de tout l'Hexagone.
En réalité, “la question du territoire n'est pas la bonne question à se poser. Il faut surtout partir des problèmes identifiés et définir ensuite les limites géographiques", a expliqué Christine Brunieaux, qui a beaucoup travaillé sur les diagnostics locaux. Par exemple, à Paris il existe une forte demande en hôtellerie-restauration mais peu de main-d'œuvre, alors qu'en Seine-Saint-Denis, c'est l'inverse. Le territoire peut alors recouvrir ces deux espaces territoriaux. Autre exemple : lors d'un diagnostic réalisé avec les Maisons de l'emploi de Rueil et de Nanterre, le territoire pris en compte a été élargi à trois quarts d'heure de transports autour de ces deux MDE.
Le territoire est aussi défini par les partenaires impliqués dans la GPECT. C'est ainsi qu'en Val-de-Marne, une plateforme RH a été mise en place sur le département par la Direccte, avec le Conseil général, qui s'est beaucoup impliqué. Cette plateforme s'appuie sur des structures déjà existantes telles que les MDE, les Comités de bassin d'emploi. Pour mettre en place une GPECT, la clé d'entrée est ici le recrutement, avec une offre de services gratuits et une offre de proximité (outillage des RH, fiches de postes, plan de formation). “Mais nous ne parlons surtout pas de GPECT, l'acronyme fait peur, et souvent, les entreprises ne savent pas ce que c'est", relève Peggy Trony, chargée de mission mutations économiques à l'unité territoriale Val-de-Marne de la Dirrecte Île-de-France. La plateforme permet ainsi de faire le lien avec les structures, d'identifier les problématiques des entreprises. L'expérimentation a débuté en octobre 2010 et ce qui ressort de ces quelques mois d'existence, c'est “le manque de mobilisation des entreprises, car cette action leur demande du temps, alors que les entreprises sont dans l'opérationnalité", souligne Peggy Trony, Le premier travail a notamment été une phase de communication importante, aidée par un partenariat avec le Fongecif et les chambres consulaires. Le programme étant assez long, la Direccte a reconduit l'expérimentation d'une année supplémentaire pour se donner du temps.
Parfois, il suffit d'un coup de pouce pour que tout s'enclenche. C'est souvent le rôle des cabinets de consulting. “Notre mission principale est d'amener les gens à travailler ensemble et de constituer un périmètre géographique", explique Jérémy Houstraete, consultant au sein du cabinet Alixio, qui travaille notamment avec les MDE de Sénart et du 77. Autre plus-value, le cabinet travaille “pour l'entreprise et pour le territoire". Il a en effet une expertise RH et une stratégie sociale qui est un atout pour l'entreprise, tout en ayant la capacité de gérer des projets avec une expertise de pointe pour la dimension territoriale. Enfin, le fait de travailler sur une mission et donc sur un temps donné permet souvent d'accélérer les choses, ce qui n'est pas négligeable.
Jérémy Houstraete travaille ainsi avec Éric Dubois, directeur de la Maison de l'emploi d'Amont (78) qui dans le cadre de sa GPECT, intervient sur 41 communes, soit 200 000 habitants, un périmètre calqué sur celui de Pôle emploi. Un diagnostic des emplois précaires a ainsi été réalisé et une plateforme de sécurisation des parcours professionnels a été mise en place. Dans cette GPECT, la Région impulse la dynamique et la gouvernance est commune.
Dans tous ces projets, un acteur ne veut pas être oublié : c'est Pôle emploi. “Il devrait être associé aux GPECT dès leur mise en œuvre, dès le diagnostic", affirme Christian Leclerc, chef de service partenariat à Pôle emploi. De même, “l'association des partenaires sociaux dès le diagnostic est idéale, car ils connaissent à la fois les besoins des entreprises et des salariés. Et c'est un relais essentiel", conclut Jérémy Houstraete.