Formation des détenus en Aquitaine : un bilan positif après cinq mois d'expérimentation

Par - Le 16 juin 2011.

Catherine Veyssy ne cache pas sa satisfaction : début juin, le premier comité de pilotage de l'expérimentation du transfert de l'organisation et du financement de la formation professionnelle des personnes détenues a permis de voir les premiers résultats de ce dispositif, qui sont positifs. Au sein de ce comité de pilotage présidé par la vice-présidente en charge de la formation professionnelle à la Région Aquitaine, étaient présents la Direction interrégionale des services pénitentiaires et la Direccte.

Alors que cette expérimentation a débuté en janvier 2011, dix-sept formations ont été réalisées dans sept établissements pénitentiaires au bénéfice de 346 stagiaires, soit 54 771 heures de formation pour un budget de 474 000 euros. “Nous sommes satisfaits, nous avons mis les moyens, en dédiant un poste à temps complet à la formation des détenus, et cela fonctionne", affirme la vice-présidente. La plupart des formations permettent aux stagiaires d'obtenir un titre professionnel, ou (très rarement) un CAP. “Le but est que les détenus soient ensuite intégrés au service public régional de formation une fois sortis, afin de suivre une formation complémentaire", affirme Catherine Veyssy.

Ainsi, les détenus – qui sont dans des établissements de peines de courtes durées, inférieures à un an – ont suivi des formations sur trois-quatre mois dans plusieurs domaines : restauration, métiers de l'hygiène et de la propreté, peinture en bâtiment et couture (pour l'établissement pour femmes de Pau qui réalise du tissage pour la haute couture). Ces formations, basées sur le volontariat, ont du succès auprès des détenus : “Une formation, cela occupe une journée, c'est un complément de revenu, et cela prépare la sortie. Et en prison, tout ce qui peut interrompre le rythme de la journée est positif. Les détenus discutent entre eux et ils sont de plus en plus nombreux à vouloir suivre une formation, même si, malheureusement, nous n'avons pas assez de places", poursuit Catherine Veyssy. Mais les autres détenus “profitent aussi de ces formations indirectement. En effet, les stagiaires qui ont suivi la formation de peintre en bâtiment ont repeint des cellules, et ce n'était pas du luxe !" La motivation est telle qu'un détenu qui avait fini sa peine à la prison de Bayonne est resté en prison trois semaines de plus pour pouvoir terminer sa formation...

Que reste-t-il à améliorer ? Les situations d'arrêt de formation en raison d'un transfert dans un autre établissement pénitentiaire. “Les formations sont en entrées et sorties permanentes, mais il est vrai que nous travaillons avec les directeurs d'établissement pour que le détenu puisse terminer sa formation."

Sur les dix-sept formations proposées, quatre permettent une “mobilisation" (les premiers gestes), cinq sont pré-qualifiantes et offrent une remise à niveau, et sept sont qualifiantes. Au regard des premiers retours positifs, le comité de pilotage a décidé de renforcer les quatre programmes existants avec des formations qualifiantes, et sept autres formations ont été ajoutées au dispositif. Deux de ces formations se dérouleront en alternance pour des détenus qui purgent de longues peines, et qui travailleront dans des entreprises d'insertion. Le comité compte encore former 144 détenus d'ici fin 2011. L'objectif étant de former plus de 500 détenus par an. L'expérimentation, qui devait durer trois ans, jusque fin 2012, pourrait être reconduite un an de plus.