GrDF recherche 300 alternants tout profil
Par Philippe Grandin - Le 16 juillet 2011.
En prônant la diversité comme source de performance, GrDF, filiale de GDF Suez et gestionnaire du réseau de distribution du gaz naturel en France, a choisi d'adapter l'entreprise à l'image de ses clients. Accroître la diversité des salariés, varier au maximum les types de diplômes, accueillir davantage de femmes et de travailleurs handicapés, embaucher des salariés expérimentés, des jeunes issus des quartiers sensibles, autant de pistes pour faire face aux nouveaux enjeux du marché de l'énergie.
La Fédération BTP 77, syndicat patronal regroupant 2 300 entreprises adhérentes en Seine-et-Marne, récompense chaque année les insertions professionnelles réussies dans la construction et valorise les acteurs œuvrant pour l'emploi. Cette année, lors de la quatrième édition des Réussites de l'insertion professionnelle dans la construction, l'entreprise GrDF, ainsi qu'un jeune recruté à l'issue de son contrat de professionnalisation, ont été récompensés parmi d'autres lauréats.
C'est d'ailleurs le parcours vers l'emploi de ce jeune salarié de GrDF qui a été cité en exemple. “Il a en effet bénéficié dans un premier temps du dispositif d'insertion « Permis, sport, emploi », créé en 2005 par le général Emmanuel de Richoufftz, aujourd'hui chargé de mission au sein du groupe GDF Suez (voir entretien ci-contre). Ce dispositif est ensuite combiné avec une formation professionnelle au CFA d'Ocquerre", souligne Bénédicte Barjonet, chargée de mission alternance au sein de GrDF.
“Notre premier enjeu, poursuit-elle, est de former les jeunes à des métiers pour lesquels il existe des débouchés. Au sein de l'entreprise, le jeune est accompagné par un tuteur. Un livret d'apprentissage est rempli à la fois par le tuteur GrDF et par le formateur du CFA. Il constitue le lien entre ces deux personnes qui se réunissent d'ailleurs tous les trimestres pour échanger sur le parcours professionnel du jeune."
Avis de pénurie
GrDF recherche activement des techniciens qualifiés. Aussi recrute-t-elle chaque année 300 nouveaux alternants pour les former à ses métiers. Jusqu'ici, il n'existait pas de diplôme de niveau V adapté à ses métiers “réseau" dans le système éducatif. GrDF et la Lyonnaise des Eaux ont donc accordé leurs projets pour lancer une formation sur mesure. Les promotions 2009-2010 ont intégré une classe inédite : le CAP “Réseau option gaz et eau". Pour Hervé Lambert, formateur en construction, canalisation et travaux publics au CFA d'Ocquerre (Seine-et-Marne), “il s'agit d'une formation 100 % en alternance, ouverte sur une perspective d'embauche si l'élève réussit son année. En sortant du CFA d'Ocquerre, l'élève dispose d'un CAP reconnu, mais aussi d'une habilitation électrique et d'un certificat d'aptitude à la conduite d'engins en sécurité (Caces)". Élèves et apprentis, théorie et pratique : une combinaison gagnante. Les jeunes qualifiés issus du CAP “Réseau option gaz et eau" sont insérés professionnellement à 95 % dès leur sortie de formation dans les entreprises partenaires ou leurs prestataires.
Entretien avec Emmanuel de Richoufftz, chargé de mission chez GDF Suez
Qu'est-ce qui caractérise le dispositif “Permis, sport, emploi" ?
Nous avons mis sur pied en 2005 ce dispositif d'insertion fédérateur. J'étais alors sous l'uniforme et, avec des chefs d'entreprise réservistes, nous nous étions posé la question suivante : comment faire pour que des entreprises avec des métiers en tension attirent des jeunes sans diplôme et les aident à s'engager sur ces métiers pérennes à forte évolution ? Plus largement, comment éviter la marginalisation définitive de jeunes non diplômés ? Le dispositif proposé répond à cette problématique. Son fil rouge est le permis de conduire. Il s'agit en effet de permettre à un certain nombre de garçons et de filles, issus de milieux défavorisés, de se mettre dans les conditions d'accéder à un emploi tout en acquérant la facilité de se déplacer.
Plusieurs partenaires majeurs sont impliqués dans ce dispositif, en Île-de-France. Tout d'abord les entreprises : sans elles, pas de possibilité de lancer l'opération ! Les autres parties prenantes sont la Fondation Agir contre l'exclusion (Face), l'association Solidarité et jalons pour le travail (SJT), responsable de la formation en entreprise et de la préparation au permis de conduire, la Fédération française de handball (FFHB), la Marine nationale (dans le cadre du Plan d'égalité des chances du ministère de la Défense) et les Missions locales. Chaque action d'insertion, d'une durée de six mois, fait l'objet d'un cofinancement public (État, Régions, Conseils généraux, etc.).
L'action à proprement parler débute en février et prend fin au 31 juillet. Le semestre précédent, les différents partenaires confirment leur implication dans le dispositif, se tiennent informés du déroulement de l'opération et participent aux diverses réunions.
L'année dernière, 20 entreprises se sont engagées et cette année, 30 sont dénombrées, de divers secteurs (travaux publics, restauration collective, énergie, sécurité, distribution, Marine nationale, etc.).
Les fiches de poste ainsi que les pré requis qui y sont attachés, fournis par les entreprises, vont permettre aux Missions locales de présélectionner au mieux les jeunes pouvant être concernés par ces postes, tout en tenant compte du positionnement géographique de chacun. Les volontaires, initialement nombreux, sont ensuite informés du cursus complet qu'ils vont être amenés à suivre. Une deuxième rencontre permet d'évaluer les possibilités de chacun en fonction des acquis, et de répartir les jeunes toujours intéressés au prorata des métiers et des postes proposés.
Ces jeunes, âgés de 18 à 25 ans, de niveau CAP ou BEP doivent “avoir l'envie" de s'en sortir. D'ailleurs, à l'issue de cette seconde rencontre, ils passent des tests psychotechniques, notamment à la conduite, et une visite médicale d'aptitude sportive. Une centaine d'entre eux est ainsi retenue.
De quelle manière est organisé le parcours d'intégration des jeunes ?
Une partie non négligeable du cursus de formation repose sur l'acquisition ou la réappropriation du “savoir être". C'est le rôle du collectif qui fédère ses savoir-faire et qui s'engage pour amener, progressivement, les jeunes dans l'entreprise. Ceux-ci sont répartis par groupes de quinze, dans les centres de formation de l'association SJT, et vont suivre trois activités de manière simultanée : le Code de la route, la connaissance de l'entreprise (pré-orientés sur deux métiers) et la vie en collectivité. L'acquisition, progressive, du sens “collectif" tient une place particulière. Tout d'abord, regroupés dans un centre sportif pendant une semaine et encadrés par des sportifs de la Fédération française de handball, ces jeunes prennent conscience de l'existence de règles et de la valeur du sport comme vecteur de l'esprit d'équipe. Puis, à mi-parcours, une dizaine de jours est consacré à la découverte du milieu militaire, à l'apprentissage du don de soi et du sens de l'effort au profit de la collectivité. Cette expérience, très enrichissante tant pour les jeunes qu'à l'égard des réservistes en charge de l'encadrement, complète ainsi utilement la semaine sportive. En un peu moins de quatre mois, une première sélection est possible.
Les entreprises partenaires, qui ont reçu chacun des jeunes au cours d'un véritable “forum emploi", tenu durant la semaine sportive, poursuivent en les accueillant au cours d'un stage “découverte" puis en période de formation dédiée. Ce n'est qu'à l'issue de celles-ci, pendant les mois de mai, juin et juillet, et en fonction des résultats obtenus, que sera prise la décision de poursuivre ; la possibilité d'un contrat durable ! Un suivi individuel de chaque stagiaire est prévu après la période d'intégration des six mois.