Alain-Michel Ceretti, conseiller santé auprès du Médiateur de la République : {“La promotion des médicaments n'est en aucun cas une action de formation !"}

Par - Le 16 octobre 2011.

Alain-Michel Ceretti était le président du groupe de travail qui a proposé, lors des Assises du médicament, la majoration d'une taxe sur le chiffre d'affaires des laboratoires pharmaceutiques pour financer la formation des médecins (voir notre article).

Les laboratoires affirment participer déjà à la formation des médecins. N'est-ce pas le cas ?

Les laboratoires pharmaceutiques participent à la formation des médecins à travers diverses initiatives, notamment la mise en place d'outils d'information. Mais il est apparu une certaine “porosité" de la part de certains médecins vis-à-vis des visiteurs médicaux, apportant une confusion : s'agit-il de formation ou de marketing ? Il faut désormais que les choses soient claires : la formation continue n'a strictement rien à voir avec la promotion des médicaments. Les outils mis en place ne sont en aucun cas des outils de formation !
Les laboratoires peuvent continuer à faire de la promotion, mais de manière très encadrée, tel que le propose la loi sur le médicament avec les dispositions relatives aux visiteurs médicaux et au contrôle obligatoire de l'Afssaps[ 1 ]Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. pour toutes les campagnes de publicité.

Ce ne doit donc plus être aux laboratoires d'intituler “formation" leurs actions ?

Nous avons découvert que les laboratoires étaient toujours de la partie en matière de formation-information, proposant divers outils, des séminaires, des colloques. Cela s'est fait progressivement, en comblant un vide laissé par les pouvoirs publics. Mais ce n'est pas aux laboratoires de dire s'ils font ou non de la formation. Nous avons décidé de trancher la question en mettant en place cette majoration de taxe qui dégagera de quoi financer une formation continue en manque de moyens. Les laboratoires participeront, mais ne seront pas impliqués dans le dispositif de formation.

Comment rétablir une certaine indépendance des médecins ?

Ce qu'il faut, c'est mieux encadrer la formation continue des médecins qui, je le rappelle, est obligatoire, mais qu'ils utilisent très peu faute de financements, et aussi de temps. Un organisme national est en cours de création. Par ailleurs, l'activité des visiteurs médicaux va être réglementée : ils devront prendre rendez-vous pour voir collectivement les médecins hospitaliers. Cela permettra une traçabilité des outils et évitera l'émulation commerciale. Mais cette mesure ne concerne pas les médecins de ville.

Notes   [ + ]

1. Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé.