Alsace : la lutte contre le décrochage {“ne peut être que préventive" }

“Nous nous préoccupons fortement de la jeunesse, d'autant plus que nous sommes la troisième région la plus jeune de France. Les jeunes sont fragiles et il faut s'en occuper prioritairement. Chaque année, 5 000 jeunes décrochent, parmi lesquelles 30 % sont des apprentis", affirme Lilla Mérabet, vice-présidente en charge de la jeunesse, économie sociale et solidaire à la Région Alsace. C'est pour cela que le 3 octobre se sont déroulées les Assises régionales sur les décrocheurs et les ruptures en cours de formation, à Strasbourg.

“Le but est de réparer les carences d'un système qui ne fonctionne pas. Les jeunes décrocheurs reviendront à la formation un jour ou l'autre, alors autant que ce soit immédiatement, afin d'éviter des parcours longs et difficiles", poursuit Lilla Mérabet.

La Région Alsace a déjà mis en place de nombreux dispositifs pour lutter contre le décrochage, estimant qu'on “ne peut pas laisser à l'Éducation nationale seule cette responsabilité. Le décrochage n'est pas une fatalité, mais il faut y mettre les moyens", estime la vice-présidente.

“Immersion et mobilisation" par l'alternance

Ayant fait le constat que les décrochages des jeunes qui sont en formation professionnelle sont majoritairement dus à des “erreurs d'aiguillage", notamment parce que l'information transmise au jeune n'est pas toujours comprise par ce dernier, mais aussi parce que le choix du métier se fait souvent en décalage avec la personnalité du jeune, l'Alsace a mis en place un dispositif d'immersion et de mobilisation par l'alternance. L'idée est de prendre en charge les jeunes qui sont en cours de décrochage, “car la réponse à ce problème ne peut être que préventive", insiste Lilla Mérabet. Ils peuvent ainsi réaliser plusieurs stages dans des entreprises tout en gardant leur statut d'élève. À la fin de cet accompagnement, des propositions et des choix de circuits sont validés. Ce dispositif fonctionne en partenariat avec les professeurs, les structures d'accompagnement et les CFA.

Avec 14 Missions locales

Pour ceux pour lesquels il est déjà trop tard, l'Alsace a signé voici un an une convention avec les 14 Missions locales de la Région qui implique une justification de leurs résultats, avec une obligation d'un jeune sur deux qui entre dans un parcours formation ou emploi. Pour aider les Missions locales dans leur action, la Région les a équipées du dispositif “PerformanSe"^{[ 1 ]}PerformanSe est une filiale du groupe Bernard Julhiet. , qui permet de réaliser un diagnostic comportemental. “Un jeune qui travaille dans l'informatique peut créer des logiciels, ou vendre ces logiciels. Cet outil, utilisé par les cabinets privés, a pour but de définir au mieux les affinités et les caractéristiques intrinsèques des jeunes et s'adapte à tous les niveaux, du diplômé au jeune qui est en situation d'illettrisme", précise la vice-présidente.

Propositions

Si les outils sont donc déjà bien présents sur le territoire pour lutter contre le décrochage, de nombreuses propositions ont été faites lors des Assises régionales. La première consiste à prendre en premier lieu le point de vue des acteurs de terrain et de le confronter à la parole des jeunes. Des groupes de travail vont également être mis en place. Travailler sur l'orientation, la professionnalisation des acteurs, et l'importance d'une grande anticipation sont des points qui ont retenus toute l'attention de Lilla Mérabet, comme la création d'un livret de compétences qui accompagne le jeune tout au long de son parcours.

Nouvelle convention de partenariat

Les Assises régionales ont été clôturées par la signature d'une convention de partenariat pour le développement régional d'actions en faveur des décrocheurs et des jeunes sortant sans diplôme du système scolaire. “C'est une grande première, car nous avons réuni les deux Conseils généraux, la Région, l'État et le Rectorat. Les actions du Conseil régional ne peuvent pas être efficaces sans un accompagnement des familles par les Conseils généraux. Avec les dix plateformes sur le décrochage scolaire qui existent en Alsace, nous pouvons identifier les jeunes au niveau local, les Départements prennent le relais, puis la Région peut quant à elle acheter les formations nécessaires. Tout le monde doit être responsable", conclut Lilla Mérabet.