Entretien avec André Escure, formateur-consultant
Par Benjamin d'Alguerre - Le 01 février 2011.
“La formation est encore considérée comme une obligation de dépense et non comme un investissement"
André Escure, directeur du cabinet André Escure Consultant, situé à Teteghem, dans le Nord-Pas-de-Calais, et créateur du service André Escure Remédiation, a participé au groupe présidé par Charlotte Duda lors de la dernière réforme de la formation. Il relativise les chiffres issus de l'enquête de Demos Outsourcing et EOA.
Une enquête récente laisse entendre que l'effort de formation réalisé par les entreprises est conséquent. Quelle est votre analyse ?
Pour avoir une lecture précise de l'effort de formation réel, il ne faut prendre en compte que les dépenses effectives et non pas le poste “dépense, plus frais annexes", ce que la loi autorise, certes.
Ce que je constate, c'est que la partie salaire vient largement combler le poste global “formation", faussant ainsi l'effort réel
des entreprises dans ce domaine. Il ne faut pas se leurrer ! La formation, dans les entreprises, est encore considérée comme une obligation de dépense et non comme un investissement. Beaucoup d'entreprises se targuent de leurs efforts effectués en matière de formation professionnelle, mais, en réalité, lorsque l'on retire les frais annexes des dépenses, on s'aperçoit que la plupart d'entre elles se contentent du 0,9 % inscrit dans les textes.
Vous mettez également l'accent sur la formation de certains publics...
En effet, les efforts en direction des seniors, notamment, sont souvent très en dessous des ambitions affichées : lorsqu'existent des actions destinées à mettre les seniors à niveau, les maintenir dans l'emploi ou les laisser transmettre leurs savoir-faire, il est encore nécessaire de leur donner les moyens de suivre leurs formations dans les meilleures conditions. Or, très souvent,
la stratégie des entreprises consacrée à la formation des seniors est en réalité inexistante !
Mais faut-il généraliser ?
Cette situation n'a rien d'exceptionnel :
à l'exception de grands groupes où cette affaire est structurée, les entreprises en France n'ont pas la culture formation. Les entreprises préfèrent utiliser la compétence immédiate, interne ou externe, sans se soucier soit de sa mise à niveau, soit de son évolution. Les dirigeants tablent pour cela sur une ressource disponible sur le marché de l'emploi ou sortant des écoles. Hélas, nous en sommes là !