Entretien avec Jean-Pierre Therry, chargé de mission FPC-GPEC à la CFTC
Par David Garcia - Le 01 février 2011.
“Il faut montrer que nous sommes en capacité d'investir dans la formation avec les moyens qui sont les nôtres"
Vous exprimez une certaine inquiétude quant à une nouvelle “ponction" du FPSPP cette année...
En effet, même si les ministres Xavier Bertrand et Nadine Morano, présents lors de la signature de l'annexe financière, nous ont fait comprendre qu'il pourrait ne pas y avoir de ponction en 2011, je reste dubitatif, conscient du pouvoir du ministère du Budget sur les autres ministères. Je remarque que les deux rapporteurs de la loi du 24 novembre 2009, le député Gérard Cherpion et le sénateur Jean-Claude Carle, ont fait leur travail en s'opposant à cette ponction, mais n'ont pas été écoutés par le gouvernement.
Le prélèvement a été décidé lors de la deuxième année d'existence du FPSPP, alors que l'Ani prévoyait que le Fonds finance la formation des 500 000 salariés les plus éloignés de la formation et celle de 200 000 chômeurs ; alors même que l'État nous avait poussés à créer le FPSPP et à insérer un chapitre dans l'Ani sur les qualifications et requalifications. Trois mois après, ce même gouvernement exerçait cette ponction de 300 millions, cela nous reste “en travers de la gorge".
Envisagez-vous de baisser l'effort de mutualisation ?
Pas question pour nous de retenir cette option. La CFTC souhaite maintenir à 10 % au moins le taux de contribution des entreprises au FPSPP via la collecte des Opca : si nous baissons la mutualisation, nous ne remplirons pas nos obligations. Et puis, il faut insister sur les éléments positifs de l'annexe financière 2011, en particulier l'acte fort que représentent les 42 millions qui seront investis cette année en faveur des publics en situation d'illettrisme.
Quelle va donc être votre attitude ?
J'exclus la politique de la chaise vide face au gouvernement. Il faut montrer que nous sommes en capacité d'investir dans la formation avec les moyens qui sont les nôtres. Nous avons réussi en six mois à lancer tous les appels à projets et à démontrer que nous étions en capacité de faire ce qui avait été décidé dans ces appels à projets.
Il faut insister sur la nécessité de réfléchir rapidement entre partenaires sociaux pour qu'en septembre 2011 nous fixions le taux de contribution au FPSPP en fonction des objectifs de l'annexe financière, sans hypothéquer l'avenir des salariés les plus en difficulté.