Formation et emploi : de nouvelles mesures pour “une politique résolument offensive"

Un demi milliard d'euros dégagés pour l'emploi et la formation, notamment pour créer des contrats aidés supplémentaires, développer l'alternance, augmenter de 30 % le budget formation des demandeurs d'emploi et renforcer la sécurisation des parcours, avec une nouvelle aide de 2 000 euros pour l'embauche en alternance d'un demandeur d'emploi âgé de 45 ans ou plus.

Ce sont les nouvelles mesures annoncées par le président de la République, le 1er mars au Campus des métiers et de l'entreprise de Bobigny.

Par - Le 01 mars 2011.

500 millions d'euros seront dégagés pour mettre en œuvre les mesures annoncées. Et “parce qu'il est hors de question d'augmenter les déficits, nous ferons des économies en parallèle sur le budget de l'État", affirme le président de la République.

Les contrats aidés

La moitié des 500 millions d'euros financera 50 000 contrats aidés supplémentaires, “qui s'ajouteront aux 390 000 déjà programmés pour 2011". Deuxième mesure : 7 000 contrats d'autonomie supplémentaires seront proposés dans les quartiers en 2011 (+ 50 % par rapport à ce qui était prévu). Par ailleurs, le président de la République “en appelle en particulier aux Départements, qui peuvent accompagner et compléter notre action en matière de contrats aidés pour les bénéficiaires de RSA". Il appartient aux préfets de les solliciter et de les convaincre de s'engager aux côtés de l'État. “Au lieu de financer une allocation, ils verseront le montant équivalent pour payer un contrat aidé, et permettre à un demandeur d'emploi de retrouver un travail et un salaire". L'objectif est de doubler en 2011 la proportion des bénéficiaires du RSA titulaires d'un contrat aidé, cofinancé par le Conseil général, avec 60 000 contrats de plus.

L'alternance

Autre point fort des mesures annoncées : l'alternance, avec un objectif de 600 000 à 800 000 contrats d'ici 2015. Pour cela, le seuil d'emplois en alternance dans les entreprises de plus de 250 salariés sera relevé à 4 % (contre 3 % actuellement). En contrepartie, celles qui dépasseront ce quota bénéficieront d'un bonus via une réduction des charges. Par ailleurs, pour rendre le système “plus juste et plus incitatif", la surtaxe sera modulée selon le taux d'emplois en alternance atteint. Les entreprises de moins de 250 salariés pourront bénéficier d'une aide pour toute embauche supplémentaire en alternance. Enfin, une aide de 2 000 euros sera versée par l'État aux entreprises qui recrutent en contrat de professionnalisation des demandeurs d'emploi âgés de 45 ans et plus.

En outre, les capacités de formation et d'hébergement (15 000 places de logement en plus ou rénovées) des apprentis seront renforcées. Le portail de l'alternance (voir encadré) s'adressera aussi aux entreprises pour simplifier les procédures administratives.

La sécurisation des parcours

Le budget formation de Pôle emploi sera augmenté de 30 %. La formation doit être au cœur des efforts, car “elle est la meilleure arme anticrise et le meilleur passeport vers la reconversion professionnelle". Les partenariats entre les services de l'État, les Opca et les organismes de formation sont vivement encouragés. L'objectif est d'augmenter les formations proposées aux demandeurs d'emploi de 30 000 entrées en proposant aux Conseils régionaux d'en financer également 15 000 dans le cadre de conventions d'objectifs.
Pôle emploi recevra dans les trois mois tous les demandeurs d'emploi au chômage depuis plus d'un an pour leur proposer un emploi, une formation ou un accompagnement spécifique. Le programme “Cap vers l'entreprise" organisé par Pôle emploi, qui vise à prévenir le chômage de longue durée, sera mobilisé dès maintenant pour 60 000 demandeurs d'emploi. 40 000 chômeurs de longue durée seront également accompagnés de manière intensive afin qu'ils retrouvent un emploi.
Nicolas Sarkozy souhaite aboutir très rapidement sur deux dossiers avec les partenaires sociaux : il demande à Xavier Bertrand de travailler avec eux “afin d'étendre à tous les chômeurs qui arrivent en fin de droits à l'assurance chômage la rémunération de formation Pôle emploi prévue pour les chômeurs non indemnisés" (voir dans ce numéro, p. 7). L'État propose de prendre en charge la moitié du coût avec les partenaires sociaux pour 30 000 personnes sur l'ensemble de l'année. Second dossier, l'État va proposer aux partenaires sociaux de fusionner en un dispositif unique “plus simple et plus efficace" le contrat de transition professionnelle (CTP) et la convention de reclassement personnalisée (CRP), dans une logique de sécurisation des parcours professionnels.
Le président de la République était accompagné notamment de Xavier Bertrand, ministre du Travail, de l'Emploi et de la Santé, et de Nadine Morano, ministre de l'Apprentissage et de la Formation professionnelle. Le chef de l'État a visité les ateliers du campus et participé à des échanges avec des jeunes apprentis.
Parallèlement, une table ronde conduite par Bertrand Martinot, délégué général à l'emploi et à la formation professionnelle, a réuni en particulier Christian Charpy, directeur général de Pôle emploi, André Marcon, nouveau président de l'Assemblée des Chambres françaises de commerce et d'industrie (voir dans ce numéro, p. 5) et Alain Griset, président de l'Assemblée permanente des Chambres de métiers et de l'artisanat, pour débattre de l'emploi.

“Une formule gagnante pour tout le monde"

“Le plan miracle n'existe pas. En revanche, il y a des solutions qui existent et qui fonctionnent, faisons en sorte de les développer, à l'instar de l'alternance", a affirmé le président de la République, le 1er mars à Bobigny. C'est “une formule gagnante pour tout le monde". Et de préciser : pour les entreprises, l'alternance permet de former directement à leurs métiers, de connaître les jeunes avant de les embaucher en CDI et de les fidéliser ; pour les jeunes, c'est l'assurance d'accéder à une formation débouchant sur un diplôme avec un “vrai métier" à la clé, tout en percevant une rémunération et
en faisant l'acquisition d'une première expérience. Enfin, pour la collectivité publique, c'est “le meilleur des investissements possibles" : un jeune qui se forme par alternance accède deux fois plus vite à un emploi durable qu'un jeune qui a suivi une formation uniquement théorique, et le taux d'insertion dans l'emploi est de plus de 70 %.