L'emploi des jeunes au cœur de la stratégie “Europe 2020"

À l'occasion des Rencontres interrégionales (voir dossier ), le 22 septembre à Rouen, Christiane Westphal, de la Direction générale emploi, affaires sociales et inclusion de la Commission européenne, a analysé la situation de la France concernant les problématiques de l'emploi des jeunes.

Par - Le 01 octobre 2011.

Dans le cadre de sa stratégie “Europe 2020" concernant les politiques d'emploi et de formation, l'Union européenne a fixé cinq objectifs principaux aux États membres : un taux d'emploi de 75 % de la population âgée de 20 à 64 ans, un décrochage scolaire ramené en deçà de 10 %, un objectif de 40 % de la population âgée de 30 à 64 ans détentrice d'un diplôme du supérieur d'ici 2020, et, enfin, une convergence des politiques afin de sortir 20 millions de personnes du risque de pauvreté.

Avec des taux qui apparaissent plutôt bons au regard des moyennes européennes, l'Hexagone est cependant en dessous sur l'emploi des jeunes de 15 à 24 ans, la part de ces jeunes dans la population active étant en moyenne en l'UE de 35,2 %, alors qu'en France elle est de 31,4 %.

Plus préoccupant, la situation des “Neet" (Not in education, employment or training, ni étudiant, ni employé, ni stagiaire), en forte augmentation depuis trois ans, notamment dans sept pays de l'Union qui ont connu des hausses de 20 % du nombre de ces jeunes. En France, le taux de jeunes hors emploi est de 16,2 %. Chiffre quasiment identique à celui de l'UE, qui est de 16,5 %. Aux Pays-Bas, ce taux n'est que de 5,9 %. C'est la Belgique qui est en fin de classement, avec 27,8 %.

Alors que la France a remis son programme national au Conseil européen pour atteindre les objectifs de la stratégie 2020, ce dernier a émis plusieurs recommandations.

Il met tout d'abord l'accent sur “les transitions", notamment à la sortie de l'enseignement général, la problématique incluant les relations entre la formation professionnelle et les besoins des entreprises.

Deuxième priorité, “l'amélioration du fonctionnement du marché du travail" par la réduction de la “segmentation" (c'est-à-dire, en réalité, le rapprochement du CDI et du CDD) et la promotion d'une mobilité de qualité. L'année prochaine sera lancée l'action préparatoire “Ton premier emploi Eures", visant à pourvoir les postes vacants avec de jeunes demandeurs d'emploi à l'échelle européenne.

Le Conseil européen a mis en avant comme troisième priorité “la coopération". Tout d'abord entre partenaires sociaux, services de l'emploi et organismes de formation. Un “Skills panorama", panorama des compétences, doit permettre de répertorier tous les acteurs européens travaillant à “l'anticipation des besoins en compétences".

L'amélioration de l'orientation des jeunes dans le cadre scolaire (et des relations entre enseignement professionnel et monde du travail) entre dans ce même cadre. Enfin, l'année prochaine, un travail sur la reconnaissance des apprentissages “formels" (formation initiale) et “non formels" (formation continue) sera réalisé par Bruxelles.

Si la question d'une grande banque de données des bonnes pratiques est souvent posée, Christiane Westphal a répondu qu'un tel projet n'était pas envisageable, en raison des disparités entre les pays, certains ayant une politique de formation nationale, d'autres régionale, ou encore communale. Toutefois, des études sur des thèmes spécifiques seront réalisées.

Au programme pour 2012 : une étude sur la “Garantie jeunesse", qui consiste à aider les jeunes possédant peu de qualifications, une autre sur la qualité des stages (un panorama des règles juridiques de chaque État membre, afin de faciliter la mobilité européenne). Le Skills panorama et une étude sur les différents contrats et la segmentation sont au départ.