La méthode Iod : un accompagnement approfondi pour l'insertion des plus éloignés de l'emploi
Par Agathe Descamps - Le 01 avril 2011.
La méthode Iod ne se pratique pas au bord de la mer… mais permet l'“insertion par l'offre et la demande", avec l'association bordelaise Transfer. Une approche très différente de ce qui peut être pratiqué habituellement.
“Transfer est une initiative qui s'est développée dans les années 1980 pour mettre en place un transfert d'insertion pour les jeunes Bordelais âgés de 16 à 21 ans qui faisaient l'objet d'un suivi judiciaire en raison d'actes délictueux ou d'une situation familiale compliquée", explique l'un des dix fondateurs, Jean-Marc Lafitte, psychosociologue. “L'idée était de leur permettre, pendant cette période souvent caractérisée pour eux par un « vide administratif », de leur permettre d'acquérir un premier bagage, plutôt issu de l'expérience professionnelle que de la formation, celle-ci étant peu prisée par les jeunes."
La méthode Iod a été formalisée dans ce contexte, avec un ensemble de procédés permettant de mutualiser les pratiques et de donner un cadre organisationnel et partenarial. “Elle combine une action qui permet à une personne de retrouver une situation professionnelle rapidement tout en offrant à une entreprise un accompagnement poussé", confirme Jean-Marc Lafitte.
Avec une trentaine de collectivités territoriales...
Dès 1987, la méthode faisant ses preuves, l'association Transfer a été sollicitée par des associations et des Conseils généraux pour l'adapter à d'autres contextes, à l'attention de bénéficiaires du RMI (puis du RSA), par exemple, pour les demandes émanant d'un Conseil général. “Nous n'avons pas un mode d'essaimage basé sur le développement de notre association, nous partageons notre savoir-faire." C'est ainsi que le réseau Transfer compte une trentaine de collectivités territoriales qui appliquent la méthode Iod, parfois sur plusieurs sites. Pour la transmettre, former et accompagner les organisations, Transfer perçoit de chaque institution 30 000 euros annuels. “Notre cœur de métier est de réaliser la formation et l'accompagnement des acteurs de terrains sur l'ensemble des sites", précise Jean-Marc Lafitte. Ainsi, les nouveaux sites sont souvent accompagnés pendant les trois premières années de mise en place.
... et 6 000 entreprises
“Nous souhaitons offrir aux personnes les plus éloignées de l'emploi une insertion durable, et non des emplois aidés, dans le secteur marchand", poursuit-il. Transfer travaille avec 6 000 entreprises et compte 18 permanents à Bordeaux. Pour la totalité du réseau, on dénombre 200 personnes qui travaillent à temps complet.
En 2010, via les 69 sites qui existent dans une douzaine de régions, la méthode Iod a permis de placer 3 000 personnes en CDI. “Le taux de réussite est d'environ 45 %. Parmi ceux que nous parvenons à insérer, un tiers ont un emploi au bout de trois mois, un tiers entre trois mois et six mois, et un tiers au-delà de six mois. Une équipe en bonne forme a environ 20 % des personnes suivies qui ne vont pas au terme de leur contrat", détaille Olivier Foschia, responsable pédagogique au sein de l'association (voir aussi notre interview).
Pendant l'accompagnement du demandeur d'emploi, celui-ci peut essayer plusieurs postes. D'autres partent en formation ou en contrats aidés, mais Transfer ne les retient pas dans ses résultats positifs, car le but premier de l'association et de leur trouver un emploi durable.
“En France, il existe une tendance à surestimer la valeur du recrutement. Or, c'est le processus d'intégration du salarié qui est primordial dans la réussite." L'accompagnement dans la méthode Iod est tel qu'une fois le salarié embauché, l'interlocuteur de Transfer va la suivre assidûment pendant les deux mois suivant sa prise de poste, puis se poursuit régulièrement jusqu'au sixième mois. “L'intervention de la personne Transfer en entreprise est estimée à un tiers de son intervention globale", selon Olivier Foschia.
Accompagnement, mais aussi évaluation. “Nous nous assurons que la méthode Iod bénéficie bien aux publics cible. Car les financements dépendant souvent des résultats, il pourrait y avoir un « écrémage » involontaire des publics pour lesquels nous pressentons qu'ils seront plus à même d'occuper tel ou tel poste, ou il pourrait y avoir un soutien plus efficace des personnes qui auraient des atouts professionnels. Nous vérifions donc le niveau de qualification des personnes suivies, leur ancienneté de chômage et leur situation sociale", conclut Jean-Marc Lafitte.