Le Conseil général du Loiret met en place un accompagnement renforcé pour le retour à l'emploi des bénéficiaires du RSA

Par - Le 16 février 2011.

L'argent est quasiment toujours le nerf de la guerre. C'est le cas pour l'action du Conseil général du Loiret qui a décidé de mettre en place un accompagnement accru des bénéficiaires du RSA vers le retour à l'emploi.

“Nous comptons 15 000 foyers payables au titre du RSA dans notre département. Le versement de cette allocation nous a coûté en 2010 55 millions d'euros, sur un budget total pour l'insertion de 80 millions d'euros", expliquent Bruno Morin, directeur de l'insertion au Conseil général du Loiret, et Valérie Laurent, responsable de l'unité Insertion par l'emploi. “Le choix du Département est donc de tout tenter pour favoriser le retour à l'emploi de ces personnes pour diminuer le coût du RSA." La démarche n'est pas nouvelle pour la collectivité, qui travaille sur l'accompagnement des bénéficiaires du RMI depuis 2005.

Le Conseil général a ainsi lancé un appel d'offres pour deux catégories de bénéficiaires : les personnes proches de l'emploi, qui sont accompagnées par l'Afpa Transitions[Cabinet conseil de l'[Afpa spécialisé dans l'accompagnement des transitions professionnelles. [/footnote], et les publics plus éloignés de l'emploi suivis par Fap (Formation, accueil, promotion), un organisme de formation situé à Montargis qui utilise la méthode “Iod" (Intervention sur l'offre et la demande) agréée par l'association bordelaise Transfer.

Le Conseil général est exigeant. L'Afpa Transitions devra ainsi s'occuper pendant trois ans de 1 110 bénéficiaires du RSA, une prestation payée 1,6 million d'euros par le Département. Sur ces personnes, 75 % devront avoir trouvé un emploi, soit 834 personnes, dont 50 % devront être en emploi durable (CDI, contrat de travail temporaire, CDD de plus de six mois, intégration dans une formation qualifiante ou création d'entreprise). “Nous avons des conseillers spécialisés dans l'accompagnement individuel. Ils reprennent avec le bénéficiaire un projet professionnel, examinent leurs compétences et travaillent beaucoup sur la confiance en soi et les freins à l'emploi", affirme Fadyla Lorho, pilote du projet “RSA 45" à l'Afpa Transitions.

Évaluations en milieu de travail

Les quatre conseillères actuelles, qui seront sept d'ici juin, travaillent beaucoup sur les offres d'emploi cachées, car seules “25% des offres réelles d'emploi paraissent sur Pôle emploi, donc nous démarchons beaucoup, et nous sommes aussi en relation constante avec les campus de l'Afpa qui eux-mêmes travaillent avec des entreprises. Nous utilisons toutes les ressources de l'Afpa et son réseau en est une", poursuit Fadyla Lorho.

L'Afpa Transitions négocie aussi des évaluations en milieu de travail (EMT) avec les entreprises pour donner plus de chances aux candidats qui n'ont pas nécessairement les titres ou expériences requises au préalable, mais qui peuvent se révéler très efficaces sur le terrain. “Le taux de placement du Conseil général est très ambitieux, nous espérons pouvoir le tenir, car si ce n'était pas le cas, le marché, signé originellement pour trois ans, peut être interrompu", souligne Fadyla Lorho.

Autre spécificité de l'Afpa Transitions, le suivi de la personne en emploi. “Souvent, l'appréhension est telle que les personnes recherchent toutes les excuses pour ne pas poursuivre, car il faut aussi reconnaître que certaines d'entre elles ont leurs habitudes depuis plusieurs années et qu'il n'est pas évident de se remettre à travailler du jour au lendemain", poursuit la pilote du projet. Au total, le suivi dure six mois, renouvelables.

La méthode “Iod"

Pour les publics plus éloignés de l'emploi, c'est l'organisme de formation Fap qui va œuvrer. Pour les trois ans et l'accompagnement de 2 040 bénéficiaires du RSA, la prestation coûte 2,9 millions d'euros au Conseil général. La méthode “Iod" consiste à travailler sur les “marges", tant au niveau du salarié qu'au niveau des entreprises. L'organisme de formation présente un seul candidat qu'il a sélectionné à l'entreprise. Mais l'organisme travaille aussi avec les entreprises sur les descriptions d'offres d'emploi, pour qu'elles soient aussi davantage adaptées aux compétences disponibles sur le marché.

“Nous sommes moins exigeants sur le taux d'insertion en raison du public, mais nous demandons malgré tout 37,5 % de taux de placements dans l'emploi durable", expliquent Bruno Morin et Valérie Laurent, qui concluent sur l'aide du Conseil général aux associations qui œuvrent pour la réinsertion, soit 2,8 millions d'euros. “Nous dépassons largement nos compétences, puisque la loi sur le RSA confie l'accompagnement des bénéficiaires du RSA à Pôle emploi."