Les {active labour market policies } contre la progression du chômage de longue durée
Par François Picard - Le 01 novembre 2011.
Le 18 octobre, le Conseil d'orientation pour l'emploi (COE) a consacré une séance plénière au chômage de longue durée. A cette occasion, l'instance a auditionné John Martin, directeur de l'emploi, du travail et des affaires sociales à l'OCDE, le DGEFP Bertrand Martinot et le directeur général de Pôle emploi, Christian Charpy.
John Martin a expliqué que dans la plupart des pays, le repli de l'emploi a pris la forme d'une hausse du chômage plutôt que d'une baisse des taux d'activité. Dès fin 2008 cette hausse du chômage a été suivie par une hausse du chômage de longue durée qui n'avait jamais atteint une telle ampleur lors des récessions précédente. C'est particulièrement le cas aux États-Unis et en Espagne.
Nouveauté : en 2010, les jeunes étaient désormais plus souvent au chômage de longue durée que les seniors eux-mêmes. En France, le risque de chômage de longue durée s'est également accru pour les travailleurs peu ou pas qualifiés. D'après lui, cette hausse prendra du temps à se résorber vu l'inertie de cet indicateur. Pour John Martin, “les chômeurs de longue durée sont plutôt bien couverts par les prestations chômage en France" et, d'une manière générale, de nombreuses études “économétriques" mettent en avant un lien à long terme entre chômage longue durée et générosité de l'indemnisation. En revanche, le directeur de l'emploi à l'OCDE a souligné que la hausse du chômage longue durée avait été plus importante dans les pays où les “politiques actives du marché du travail" - active labour market policies - (associant formation, placement, aide à l'embauche ou à la création d'entreprise, etc.) étaient faibles. Il a souligné l'importance (en particulier dans les pays où l'indemnisation est généreuse) de maintenir ce type de politiques, notamment la formation, les aides ciblées à l'embauche et à la recherche d'emploi en direction des jeunes et des moins qualifiés.
“Aller plus loin"
Pour la France, Bertrand Martinot, délégué général à l'emploi et à la formation professionnelle, a annoncé une hausse des contrats d'accompagnement dans l'emploi en 2011 (54 000 en octobre) après une baisse en 2010 (53 000) et des chiffres stables de 2006 à 2009 (autour de 76 000). Le succès n'est cependant pas garanti : le taux d'insertion en emploi six mois après la sortie est de 40 % pour les CAE et de 64 % pour les contrats initiative emploi. Des chiffres encore inférieurs pour les demandeurs d'emploi de plus de deux ans.
Bertrand Martinot a souligné que les exigences relatives aux mesures d'accompagnement et de formation avaient été renforcées avec le contrat unique d'insertion, mais a préconisé d'aller encore plus loin : “20 % seulement des salariés en contrats aidés auraient été reçus en entretiens par Pôle emploi avant la fin du contrat", a-t-il avancé. Un tiers seulement des salariés en CAE profitent d'une formation et, dans la moitié des cas, il s'agit de mesures d'adaptation au poste.
Le délégué général a également fait le bilan du plan de mobilisation pour les demandeurs d'emploi de longue durée de Pôle emploi, une opération déployée entre mars et juillet 2011 : 88 % des 670 000 personnes concernées ont été reçues. En termes de formation, 140 000 actions Pôle emploi sont prévues en 2011, contre 120 000 en 2010.
Hartz IV
Christian Charpy, directeur général de Pôle emploi, a de son côté évoqué le programme Hartz IV, en Allemagne, qui a diminué de moitié le nombre de chômeurs longue durée entre 2006 et 2011 (malgré un noyaux dur persistant), en faisant basculer les chômeurs dans un système d'assistance sociale après douze mois d'indemnisation. Ce dispositif instaurait une allocation d'assistance d'un montant réduit et obligeait les chômeurs concernés à accepter tous types d'emploi y compris les “mini-jobs".
Il s'est félicité que le plan de mobilisation français ait dépassé ses objectifs en accompagnant 96 600 demandeurs d'emploi longue durée et en faisant bénéficier d'un accompagnement renforcé 63 440 demandeurs d'emploi en risque de chômage de longue durée.
[(Les “politiques actives du marché du travail", “politiques d'activation" ou “programmes actifs du marché du travail" associent la mise en place de services publiques de l'emploi tels que les “Job centers" britanniques, qui non seulement établissent des listes d'offres d'emploi disponibles et les rendent consultables, mais encore mettent fortement l'accent sur le suivi personnalisé. Ces programmes recourent aux formations pour augmenter l'employabilité des demandeurs d'emploi.)]