Philippe Meirieu, vice-président de la Région Rhône-Alpes : “Notre CPRDFP reprend notre volonté d'équilibre dans la formation"
Par Agathe Descamps - Le 16 juillet 2011.
La Région Rhône- Alpes a adopté le 1er juillet son contrat de plan régional de développement des formations professionnelles (CPRDFP), signé par le préfet le 13 juillet.
Comment avez-vous élaboré votre CPRDFP ?
La négociation est une tradition en Rhône-Alpes. Notre service public régional de la formation avait déjà fait l'objet de négociations avec les partenaires sociaux et l'État. Notre CPRDFP consiste à mettre en place une concertation à l'intérieur de groupes réunissant l'État, les partenaires sociaux et la Région. Ces groupes viendront régulièrement alimenter les commissions qui élaborent les avenants au CPRDFP, comme, par exemple, l'articulation du service public de l'orientation. Les partenaires sociaux ne souhaitaient pas que le document soit établi par des fonctionnaires qui n'auraient pas conscience de la réalité du terrain, ils voulaient une démarche dans laquelle ils puissent être impliqués pour réguler le développement de la formation professionnelle.
Au regard de la nouvelle gouvernance de la formation professionnelle qui a été mise en place par la Région et l'État, les relations sont bonnes ?
Ce sont des relations de travail, avec des tensions. Nous en avons eu, notamment, sur le Com apprentissage. Mais il existe, c'est vrai, une véritable confiance réciproque. Il faut aussi souligner l'importance de l'implication et du soutien des partenaires sociaux, pour qui une bonne entente de la Région et de l'État est importante.
Quels sont les axes définis par votre CPRDFP ?
Nous avons souhaité mettre en avant notre volonté qu'équilibre entre plusieurs éléments. Tout d'abord, entre la formation et l'emploi, car le CPRDFP est une émanation du Comité de coordination régional de l'emploi et de la formation professionnelle (CCREFP), qui recherche la mise en en œuvre d'une relation dialectique entre la formation et l'emploi. S'il ne faut pas que les formations soient organisées uniquement en fonction des besoins des entreprises, il ne faut pas non plus qu'elles soient totalement déconnectées de la réalité économique. C'est pourquoi nous parions sur le dynamisme du système économique, mais aussi sur celui du système de formation. Dans certains domaines, comme par exemple dans le bâtiment, c'est par la formation que l'emploi est généré. Par ailleurs, nous souhaitons aussi qu'existe un équilibre entre l'échelon régional et l'échelon territorial. La formation doit être structurée et pensée au niveau régional, mais c'est du niveau du territoire que les besoins doivent remonter, et cet échelon doit être autonome. Cela nous permettra d'être réactifs sur les bassins d'emploi et les territoires.
Quels sont les autres équilibres essentiels, selon vous ?
L'équilibre entre la formation initiale et la formation continue. Les deux doivent s'articuler avec une mutualisation des plateformes et des moyens. Un autre équilibre fondamental doit être trouvé entre les trois voies possibles d'alternance : scolaire, contrat de professionnalisation et contrat d'apprentissage. Ce sont trois propositions différentes et il ne faut pas développer l'alternance au détriment de la voie scolaire. Le but n'est pas de voir l'apprentissage venir débaucher les bons éléments de la voie scolaire, pour avoir des résultats d'excellence. Attention, je ne dis pas qu'un très bon élève qui veut aller en apprentissage n'ira pas, s'il le souhaite, tout sera fait pour qu'il y aille. Toutefois, il ne faut pas qu'il y ait une sélection par le haut dans l'apprentissage.