Pierre de Saintignon, vice-président du Conseil régional de Nord-pas-de-Calais chargé du Schéma régional de développement économique et de la formation permanente : “Notre CPRDF comprendra 70 contrats d'objectifs, signés avec chaque branche"
Par Agathe Descamps - Le 16 avril 2011.
Comment préparez-vous votre contrat de plan régional de développement des formations ?
La Région étant pilote du CPRDF, j'avais deux choix possibles : soit le réaliser avec l'État et Pôle emploi sous un format classique, consistant à décrire le paysage de la formation et à bâtir une stratégie de formation, et ensuite à impliquer les partenaires sociaux. Ou bien je pouvais remettre tout à plat avec les deux sphères publiques et privées (Opca et branches professionnelles). C'est cette seconde option que j'ai choisie, et nous avons regardé quelles visions nous partagions. À partir de là, nous construisons notre CPRDF.
Dans un premier temps, nous avons examiné tous les métiers dans les moindres détails pendant un an. À raison d'une cinquantaine de métiers par branche en moyenne, nous avons pu examiner 3 500 métiers. Dans un deuxième temps, j'ai auditionné les 70 branches professionnelles (patrons et organisations syndicales) de la région en évoquant les bilans et les prospectives économiques, lors d'entretiens qui ont duré trois heures en moyenne. Compte tenu des objectifs des branches, nous avons défini des objectifs qui nous sont communs et nous avons signé, dans un troisième temps, 70 contrats d'objectifs avec les branches et l'État.
Et vous intégrerez ces contrats d'objectifs au sein de votre CPRDF ?
Nous allons produire un document auquel seront ajoutés en annexe les 70 contrats d'objectifs. Avec cette méthode, chacun reste “maître chez lui". Nous allons également faire converger nos financements. Je souhaite ensuite intégrer le CPRDF dans le Schéma régional de développement économique (SRDE), qui regroupe les 1 400 acteurs décideurs du Nord-Pas-de-Calais, qui deviendra un “SRDEFP", car les deux secteurs sont extrêmement liés. C'est d'ailleurs pour cela qu'en tant que vice-président en charge de l'économie au sein de la Région, j'ai demandé, lors des dernières élections régionales, de pouvoir également m'occuper de la formation professionnelle. L'idée est d'avoir une formation et des qualifications qui anticipent les mutations économiques.
Nous n'allons pas dépenser plus, mais nous allons dépenser mieux : auparavant, personne ne regardait dans la même direction, et je ne blâme personne, la Région étant aussi en cause. Pour l'économie, nous avions des sommes astronomiques dépensées de manière dispersée. Avec le dernier mandant, nous avons levé 900 millions d'euros et lancé beaucoup de projets qui ont pu aboutir. Je souhaite qu'il en soit de même pour la formation professionnelle.
Les demandeurs d'emploi sont nombreux dans votre région, qu'en est-il de la mise en place de votre Service public régional de la formation ?
Le SPRF a été voté en décembre 2009. Nous étudions actuellement les meilleures options pour le mettre en place, afin de contrer les appels d'offres, qui ressemblent à de la marchandisation de la formation professionnelle, ce dont nous ne voulons pas. L'idéal serait de le lancer au début du deuxième semestre 2011, afin d'être prêts pour la série d'appels d'offres de début 2012.