Sur 300 000 contrats d'apprentissage signés chaque année, 75 000 ne seront pas menés à terme

Par - Le 16 janvier 2011.

Chaque année, un quart des contrats d'apprentissage sont rompus, soit à l'initiative du jeune qui en bénéficie, soit à celle de l'entreprise accueillante. Seuls épargnés, les CFA, dont 5 à 10 % des contrats ne sont pas menés à terme. Une étude publiée par l'Assemblée des Chambres françaises de commerce et d'industrie (ACFCI) tente d'expliquer les raisons de ces désaffections, entre erreurs d'orientation, problèmes relationnels en entreprise et non-respect de la réglementation.

Les TPE de moins de 9 salariés représentent, à elles seules, près de 60 % des ruptures contractuelles - là où les PME de 20 collaborateurs et plus ne connaissent que 6 % de départs avant terme. Quant aux jeunes, la fin précoce de leur temps d'apprentissage semble surtout dépendre de leur degré d'études. Ainsi, les diplômés à bac + 3 et plus ne sont que 9 % à y mettre fin avant terme, alors que les titulaires d'un diplôme de niveau V (CAP-BEP) sont 53 % à le faire.
En ce qui concerne la cartographie des secteurs touchés, l'hôtellerie-restauration demeure le premier secteur “en rupture" avec 37 % des contrats d'apprentissage signés non effectués jusqu'au bout, suivi par le commerce (23 %) et l'industrie (10 %). A contrario, les transports (5 %), l'automobile (5 %) ou le bâtiment (8 %) demeurent moins touchés par ces départs avant terme. Selon l'enquête, 80 % des jeunes ayant été amenés à mettre fin à leur apprentissage dans le domaine de l'hôtellerie-restauration incriminent les horaires élargis. Ils sont 65 % dans le secteur du commerce à pointer du doigt les mêmes raisons.

71 % des jeunes mal informés

Du côté des entreprises, 89 % des maîtres d'apprentissage eux-mêmes reconnaissent qu'ils n'ont pas nécessairement acquis la bonne formation pour être tuteurs d'un apprenti. Les volontaires ne manquent pas pour assurer le tutorat de ces jeunes, mais les entreprises reconnaissent cependant ne pas disposer de collaborateurs suffisamment formés pour assurer le suivi des jeunes lors de leur parcours de formation. Autre piste expliquant l'échec de l'intégration des apprentis : la question du choix. Dans 45 % des cas, les entreprises recherchant un apprenti n'ont été confrontées qu'à un seul candidat et n'ont donc pu établir de sélection dans les CV.
Côté jeunes, 71 % confessent ne pas avoir été suffisamment informés sur les conditions d'apprentissage. Pour la plupart d'entre eux, la première source d'information demeure le cercle familial et amical. Peu consultent des professionnels de la formation lorsqu'ils recherchent un apprentissage.

16 % des ruptures ont lieu durant la période d'essai du contrat d'apprentissage et 79 % relèvent d'un commun accord entre l'entreprise et l'apprenti. Toutefois, à 62 %, c'est le jeune qui est à l'origine de son départ, sans qu'aucune médiation n'ait été entamée entre lui et son entreprise d'accueil. Lorsque médiation il y a, elle est principalement le fait des CFA, mais n'est sollicitée que dans moins de 20 % des cas.

EXPLICATIONS

Une fois la rupture consommée, 45 % des entreprises avouent que le départ du jeune est la conséquence d'une erreur d'orientation. Pour leur part, les apprentis ne sont que 24 % à incriminer cette cause. En revanche, ils sont 37 % à estimer que des problèmes relationnels ou d'adaptation constituent les raisons de leur départ, là où seulement 11 % des entreprises prennent en compte ces difficultés. 10 % des jeunes confessent avoir abandonné leur formation pour problèmes personnels, mais côté entreprises, elles sont 20 % à incriminer ce type de problèmes. L'absence de médiateur entre l'apprenti et l'entreprise constitue également une raison du départ définitif.

Ces ruptures de contrats ont des conséquences à long terme : 62 % des entreprises confrontées à de tels départs renoncent par la suite au recours à l'apprentissage, dont 23 % définitivement. Quant aux jeunes, 65 % consacrent leur période post-abandon à la recherche d'une nouvelle entreprise d'accueil. Parmi ceux-ci, un sur deux y parvient dans le mois qui s'ensuit.

L'IMPLICATION DES CCI

Les Chambres de commerce et d'industrie ont choisi d'accompagner le plan d'urgence pour les jeunes mis en place par Nicolas Sarkozy. À ce titre, l'un des instruments développés par les CCI depuis 2006 demeurent les Nuits de l'orientation, dont la cinquième édition se tiendra du 14 janvier au 25 mars 2011. 44 événements seront organisés, en partenariat avec l'Onisep, la fondation JAE, le groupe NRJ, l'Etudiant, L'explorateur de Métiers, l'Afij et Studyrama.