Travailsansfrontière.eu : l'aboutissement d'un travail commun entre les agences pour l'emploi de Rhône-Alpes et du Piémont

Certes, les trois régions sont séparées par les Alpes, mais les agences pour l'emploi de Rhône-Alpes, Piémont et Val d'Aoste ont franchi les montagnes pour “créer une habitude de recherche d'emploi élargie à la zone et non cantonnée à la France", explique Jean-Maurice Mouette, chef de service Europe et International pour Pôle emploi Rhône-Alpes.

C'est ainsi que de 2004 à 2007, calendrier calqué sur les appels d'offres européens, les trois régions ont travaillé ensemble pour former des équipes de part et d'autre de la frontière capables de gérer l'employabilité en France et en Italie, notamment pour les emplois saisonniers dans le secteur de l'hôtellerie-restauration, et du BTP. “Le chantier du tunnel du Fréjus concerne les deux versants des Alpes et nous avons tout intérêt à faire participer la main-d'œuvre locale", estime Jean-Maurice Mouette.

Quatre personnes travaillent en France, et quatre en Italie. “C'est une équipe dirigée par deux régions ! Devant le succès de ce projet, nous avons déposé un nouveau dossier qui nous permet de mettre en place de nouvelles choses jusqu'au 31 décembre 2012", poursuit-il.
Le nouvel appel d'offres a déjà permis d'élargir un site internet expérimenté pendant la première phase du projet, qui s'appelle désormais travailsansfrontière.eu. “C'est même bien plus qu'un site, c'est une plateforme collaborative à disposition des professionnels comme du grand public. Avec des données brutes sur l'offre d'emploi, des données sur le marché du travail, mais aussi des conseils juridiques, car la loi n'est pas la même d'un pays à l'autre", rappelle Sophie Prina, responsable du pôle mobilité européenne et internationale à Pôle emploi Rhône-Alpes, en charge du projet. Lors de l'expérimentation, 6 000 emplois avaient été ainsi proposés pour les Jeux olympiques de Turin, qui se sont déroulés en 2006. “Cela a permis de tester notre collaboration", poursuit Sophie Prina.

Le projet européen a également favorisé le développement d'outils comme Letics, qui permet d'évaluer les compétences des demandeurs d'emploi et de cibler les compétences demandées pour les emplois à pourvoir. Pour l'instant, ce logiciel réuni les données du Piémont et de Rhône-Alpes, et d'ici peu, celle du Val d'Aoste y seront intégrées également. Des salons de l'emploi transfrontaliers sont organisés dans le Piémont au printemps et en hiver. Côté français, l'emploi transfrontalier avait son “corner" au Salon de l'emploi, il aura son propre salon dès avril 2011.

L'année dernière, 1 200 offres d'emploi “nourris, logés" ont été ainsi proposées côté français. Les critères de sélection sont bien évidemment le bilinguisme, voire le trilinguisme (anglais), en raison de la présence de plus en plus importantes de touristes russes dans les Alpes. Les demandeurs d'emploi doivent avoir cinq ans d'expérience, “car les touristes sont de plus en plus exigeants", souligne Jean-Maurice Mouette. Certains recrutements se font par simulation.
D'ici 2012, l'objectif du projet est de créer une agence Pôle emploi spécialisée dans l'emploi transfrontalier, et deux dans le Piémont. Le projet, dont le montant s'élève à 1,6 million d'euros, est financé à 60 % par le Feder, et à 40% par la Direccte Rhône-Alpes et le Conseil régional.