L'impact des politiques publiques sur l'emploi des jeunes
Par Marine Miller - Le 01 février 2012.
“Dans l'Union européenne, l'emploi des jeunes a reculé davantage que l'emploi total et l'activité économique entre 2007 et 2010", souligne une étude de l'Ires (Institut de recherches économiques et sociales) intitulée “Les jeunes dans la crise" et présentée le 16 janvier.
Selon l'Ires, la “Grande récession" débutée en 2008 semble avoir “des effets d'autant plus profonds et durables que ceux des précédents creux conjoncturels qu'elle est désormais relayée par des politiques d'austérité généralisées". Elle pénalise particulièrement les jeunes et “laissera probablement des traces sur leurs trajectoires futures".
L'Ires conseille de recourir à des mesures dites “contracycliques" (augmentant pendant les récessions et baissant pendant les expansions), de type emplois aidés dans le secteur non marchand et revenus de remplacement. Mais les gouvernements optent le plus souvent pour des mesures “procycliques" (accompagnant la production, le revenu et l'emploi dans le cycle conjoncturel) : en clair, ils incitent à l'emploi dans le secteur marchand. Or, “du fait d'effets bien connus de sélectivité" ces mesures bénéficient avant tout aux jeunes les plus proches de l'emploi. L'Institut insiste : ces mesures procycliques apparaissent “contreproductives en période de ralentissement". Et même quand les politiques d'emploi sont maintenues, “on peut craindre que leurs effets à court et moyen terme soient neutralisés par les effets massifs des plans d'austérité qui se mettent en place".
[(Surreprésentés dans les emplois temporaires de la construction et de l'industrie, les jeunes hommes peu qualifiés était jusqu'ici les plus durement touchés, mais avec les restrictions budgétaires qui impactent l'emploi public, ce sont les jeunes femmes qui sont dorénavant les plus en difficulté, observent les chercheurs. Quant au diplôme, il ne suffit plus à protéger les jeunes du chômage, et semble même “s'être traduit dans certains pays par un processus encore plus sélectif et excluant", au vu du taux de chômage des diplômés du supérieur. Par ailleurs, cette situation prolonge des tendances propres à chaque pays, souligne l'Ires, qui “retrouve notamment le contraste entre un modèle méditerranéen d'emploi des jeunes et un modèle nordique". )]