Suzanne Côté-Peover, directrice des ressources humaines du Ritz : {“Nous incitons les salariés à se former ou à travailler ailleurs" }
Par Marine Miller - Le 16 avril 2012.
Le Ritz ferme ses portes pour travaux pendant vingt-sept mois (voir notre article). Quel est le sort de ses 500 salariés ?
Nous avons négocié pendant plusieurs mois un PSE (plan de sauvegarde de l'emploi). Les salariés qui le souhaitent ont obtenu une garantie de réembauche à l'issue des travaux. Plusieurs types de rupture sont prévus : le départ volontaire, le congé lié au aux travaux de réhabilitation du Ritz-Paris avec suspension du contrat de travail, le congé de formation longue durée pour les salariés en situation de handicap ou de plus de 50 ans, et le licenciement économique. Le Ritz encouragera les salariés qui souhaitent se former en leur accordant une “enveloppe" de quelques milliers d'euros. Il faut souligner que les salariés qui choisiront la suspension pour formation longue durée auront des conditions intéressantes avec le Fongecif pour se préparer à une reconversion avec des dispositifs tels que la VAE (validation des acquis de l'expérience). Cette réorganisation se fera de façon tripartite entre le Ritz, le Fafih, notre Opca de branche, et le Fongecif. L'objectif de ces formations, pour nos salariés, c'est leur employabilité. Nous les incitons à se former ou à travailler ailleurs. Nous ne voulons certainement pas qu'ils soient au chômage pendant vingt-sept mois.
Comment se sont déroulées les discussions préalables au PSE voté le 19 mars dernier par l'ensemble des membres du comité d'entreprise ?
Au départ le premier PSE que nous avions soumis à discussion a été durement accueilli par la Direccte Île-de-France (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi). L'administration ne souhaitait pas que les salariés du Ritz pèsent sur la collectivité. Ils ont trouvé le premier PSE trop incitatif au départ des salariés. Se sont engagées ensuite d'autres discussions, parfois très houleuses, notamment avec la CFDT, qui voulait conserver tous les salariés en chômage partiel. Le 19 mars, nous avons eu notre dernier CE. Le PSE a recueilli six voix favorables, de trois syndicats différents. Puis le procès verbal a été approuvé, et désormais nous travaillons à l'envoie des courriers aux salariés. La Direccte est très satisfaite. Certains dossiers sont déjà prêts pour le Fongecif. Mais impossible de dire pour l'instant combien de salariés vont choisir de se former.
Quelles sont les sommes en jeu ?
Nous pourrions faire des estimations, mais nous préférons pour l'instant dire que nous allons correctement accompagner nos salariés.
Comment le Ritz va-t-il se restructurer ?
Nous avons travaillé en amont à la réorganisation du Ritz. Par exemple, certains métiers historiques sont amenés à disparaître. Comme celui de “caissier" [chargé d'encaisser les clients], par exemple : les anciens salariés qui exerçaient ce métier et qui reviendront pourront choisir d'intégrer une équipe de comptables ou une équipe de l'accueil. Par ailleurs, une trentaine de personnes conservent leur poste pendant la fermeture, pour préparer la réouverture. Vingt-sept mois, c'est à la fois long et très court.
Certains palaces parisiens tels que le Crillon, le Plaza Athénée ou le Lutecia vont également fermer pour travaux. Le Ritz étant le premier à avoir mené des grandes discussions sur l'avenir des salariés. Que pensez-vous de la comparaison avec ces autres hôtels ?
D'ores et déjà, notre situation est comparée à celle du Crillon, alors que chez eux rien n'est fait pour l'instant, aucune réunion du comité d'entreprise n'a eu lieu. Nous avons lu dans la presse que “le Crillon accompagne ses salariés, alors que le Ritz licencie tout le monde". C'est faux. Au contraire, nous constituons un véritable benchmark pour les autres grands palaces, et nous sommes très fiers de notre PSE.