Entretien avec Jean-Luc Vergne, président de l'Afpa

“L'Afpa doit réfléchir à son implantation
et à l'évolution de son réseau"

Par - Le 16 février 2012.

Que retenir du conseil d'orientation du 24 janvier dernier ?
Rappelons d'abord qu'il est issu de la nouvelle gouvernance décidée en juin 2011. Il doit bâtir les orientations futures de l'Afpa et son plan stratégique. Pour la première fois, les Régions y sont représentées. Il était en effet incohérent qu'elles n'y participent pas, alors qu'elles financent la formation.

Par ailleurs, ce séminaire a eu lieu quelques jours après le sommet social du 18 juin qui a affirmé la nécessité d'un effort particulier pour
la formation des demandeurs d'emploi. Ce qui nous a particulièrement satisfaits, puisque l'engagement de l'Afpa, qui depuis trente ans s'est spécialisée sur la formation des “basses qualifications", a été ainsi réaffirmé. Nous avons donc décidé de travailler sur ce thème des demandeurs d'emploi et nous avons publié un communiqué commun, illustrant pour la première fois un consensus de tous les acteurs de l'Afpa sur la place de l'association dans cette mission.
Depuis trois ans, sans subvention, notre souci est d'aboutir à l'équilibre. Nous devons continuer sur la voie de la formation des demandeurs d'emploi et prendre part au développement de cette politique, avec les autres acteurs du service public de l'emploi.

L'Afpa ne devra-t-elle pas par conséquent se rapprocher plus nettement de Pôle emploi ?

Pôle emploi “alimente" actuellement très peu l'Afpa. Nous travaillons beaucoup plus avec les Régions. J'ai demandé un audit à ce sujet, qui est en cours de réalisation. Il s'agit de déterminer les process à mettre en place avec Pôle emploi, mais surtout à déterminer les grains de sable qui empêchent, aussi bien chez l'opérateur qu'à l'Afpa, de bien travailler.

Si nous voulons intensifier la formation des demandeurs d'emploi, il faut le moins de freins possible. Cet audit me sera rendu fin mars.

Quels vont être les autres axes stratégiques de développement ?

L'Afpa ne répond pas à tous les besoins des demandeurs d'emploi. Nous avons réalisé un bilan sur nos points forts et nos faiblesses sur le marché. Notre point fort est la formation des bas niveaux de qualification, notre faiblesse, celle des niveaux supérieurs. Nous devons nous poser la question d'un positionnement sur ces niveaux de qualification. De même par rapport aux situations de rupture et de reconversion. L'Afpa a des atouts pour se positionner sur ces dispositifs. Notre savoir-faire et notre couverture nationale peuvent-ils servir pour les reconversions ? Il faut réfléchir à tout cela, aller au-delà de la formation “classique". C'est un élément important pour le personnel de l'Afpa, car cela ouvre des perspectives.

Le service d'intérêt général est-il également une carte à jouer pour l'Afpa ?

Le SIEG est déjà mis en place dans trois régions (Poitou-Charentes, Picardie et Champagne-Ardenne) avec lesquelles l'Afpa travaille. C'est une révolution culturelle très importante pour l'Afpa et je me réjouis de cette nouveauté offerte par la Commission européenne qui permet la construction d'un service public de la formation professionnelle.

Nous espérons qu'un cadre juridique sera construit très vite pour que les process soient unifiés dans toutes les régions et qu'ils soient par conséquent sécurisés.

De vives inquiétudes se sont exprimées par rapport au patrimoine de l'Afpa et des conséquences de fermetures de centres.
Où en êtes-vous concernant “l'empreinte au sol" ?


Le dossier concernant le patrimoine de l'Afpa traîne depuis des années ; c'est un vrai problème.

Une mission a été mise en place l'année dernière pour déterminer quel patrimoine pourrait être mis à la disposition de l'Afpa avec des baux emphytéotiques. J'ai demandé au directeur général de réfléchir sur notre outil : nos 220 centres sont-ils de bons outils ? Correspondent-ils à des besoins ? Car nous ne signeront des baux que si nous sommes sûrs d'utiliser les centres.

Par ailleurs, nous devons réfléchir aux coûts et à
la bonne utilisation des campus (certains comptent peu de salariés et peu de stagiaires). Autrement dit, nous devons nous assurer que l'outil est bien adapté pour être compétitif dans les années à venir. Notre maillage territorial est un gros atout, mais certains campus créés voici trente ans ne correspondent plus nécessairement aux bassins d'emploi d'aujourd'hui.

Autrement dit, l'Afpa doit bien réfléchir à son implantation et à l'évolution de son réseau. Quitte à délivrer des formations dans les locaux d'autres organismes, comme les Gréta. Mais attention, qui dit évolution du maillage ne veut pas dire forcément fermeture de site ! Je rappelle que nous avons ouvert deux campus en 2008 et 2010.