Étude du Forthac : le rôle de l'Opca pour accompagner les mobilités

Par - Le 01 janvier 2012.

“Anticipation renforcée, évaluation, ingénierie d'accompagnement, conseil de proximité : autant d'objectifs amenant à passer de la simple gestion de la formation à une gestion globale. Un véritable changement de culture", a estimé Christophe Rohart, président (FO) du Forthac, à l'occasion de la présentation d'une étude sur le thème de “L'accompagnement des mobilités professionnelles dans le secteur du textile-habillement-cuir", le 8 décembre dernier.

[(“ENGAGEMENTS FORTS" ET “OUTILS SIMPLES"

L'Opca de la filière, qui a cofinancé cette étude avec la DGEFP, souhaitait faire le point sur les pratiques des TPE-PME pour dégager des actions à mettre en œuvre. Ainsi, il préconise de renforcer à la fois les travaux d'anticipation et la sensibilisation des employeurs et des salariés aux enjeux de la mobilité, de mieux accompagner les acteurs chargés de “piloter les parcours", ou encore d'élaborer des outils “simples et opérationnels" dans le champ de l'analyse de l'emploi et des compétences. Le succès d'une démarche d'anticipation passe notamment par trois conditions clés, rappelle l'étude : “Un engagement fort de la direction, un management de proximité sensibilisé aux questions RH, et la mise en œuvre d'un pilotage efficace." L'accompagnement particulier des salariés qui doivent changer de poste, voire de métier, passe aussi par “la recherche d'un consensus social interne fort, associé à une communication ciblée". Enfin, concernant les mobilités externes, la réussite des transitions professionnelles repose sur un certains nombre de conditions : “Une véritable anticipation, un accompagnement des individus en plusieurs phases d'information orientation, formation éventuelle insertion et une meilleure articulation des acteurs territoriaux.")]

“Pour des raisons liées à des restructurations économiques, la branche du textile qui a connu la mondialisation avant d'autres secteurs, a dû exercer de manière empirique tout le registre de la mobilité", a constaté Philippe Dole, inspecteur de l'Igas invité à titre d'expert. Il a rappelé que la place de l'Opca était d'être “un délégataire d'intérêt général". Les partenaires sociaux des branches sont “les plus à même pour exprimer les enjeux majeurs de leur secteur, mais la coopération est nécessaire entre les différents acteurs : entreprises, salariés, pouvoirs publics et Opca pour anticiper les besoins en emploi sur les territoires". Pour Philippe Dole, toute la problématique de la mobilité réside dans ces questions : “Comment s'adapter à des événements que nul ne peut prévoir ? Qui recrute ? Quelles compétences ?" C'est alors que le rôle de l'Opca est central : il s'agit de donner un premier conseil aux entreprises et aux salariés.

De son côté, Vincent Merle (Cnam) s'est interrogé sur le sens du mot reconversion : “Ne faudrait-il pas plutôt parler de conversion ?" La mobilité ne consiste pas à passer “de case en case". Le père de la validation des acquis de l'expérience a assuré que ceux qui avaient suivi une VAE développaient davantage d'appétence par la suite pour se former. Or, l'appétence est le levier de la mobilité. “La visibilité technique ne suffit pas, il faut qu'elle amène à une vision !"

Brigitte Prévost (CFDT) a confirmé que le manque d'appétence n'était pas une fatalité : “Il existe encore des outils de la réforme de 2004 qui sont sous exploités par les entreprises : passeport formation, entretien individuel, Dif." La GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences) a toute sa place, mais “doit être dissociée des outils de licenciements". Pour la secrétaire nationale, les mobilités internes et externes concernent avant tout les personnes sans qualification, et le rôle des partenaires sociaux est de fixer dans les accords de branche ou d'entreprise des objectifs qualitatifs et quantitatifs. Ainsi, “la formation professionnelle doit redevenir une école de la deuxième chance".