Jean-Luc Vergne, président de l'Afpa : {“Nous devons réfléchir à notre implantation et à l'évolution de notre réseau" }

Par - Le 16 février 2012.

Que retenir du conseil d'orientation du 24 janvier dernier ?

Rappelons d'abord que le Conseil d'orientation est issu de la nouvelle gouvernance mise en place en juillet 2011. Il a vocation à définir des orientations politique et un plan stratégique. Pour la première fois, les régions y sont représentées au même titre que l'Etat, que les organisations syndicales et les employeurs.

Par ailleurs, ce séminaire du 24 janvier a eu lieu quelques jours après le sommet social du 18 juin qui a affirmé la nécessité d'un effort particulier pour la formation des demandeurs d'emploi. Ce qui nous a particulièrement satisfait puisque l'engagement de l'Afpa, qui depuis 60 ans s'est spécialisée sur la formation des « basses qualifications », a été ainsi réaffirmé. Nous avons publié ce communiqué commun, illustrant un consensus de tous les acteurs sur la place de l'association dans cette mission.

Depuis trois ans, sans subvention de l'Etat, et soumis à la règle de la concurrence, notre souci est de pérenniser l'Afpa en assurant l'équilibre des comptes. Nous devons continuer sur la voie de la formation des demandeurs d'emploi et prendre part au développement de cette politique, avec les autres acteurs du service public de l'emploi.

L'Afpa ne devra-t-elle pas par conséquent se rapprocher plus nettement de Pôle emploi ?

L'idée d'une fusion… n'a pas été retenue. A noter que Pôle Emploi « alimente » actuellement très peu l'Afpa. Les stagiaires nous sont surtout envoyés par les Régions. J'ai demandé un audit à ce sujet, qui est en cours de réalisation. Il s'agit de déterminer ce qui coince dans les process entre l'Afpa et Pôle emploi ainsi que les autres intervenants, et déterminer les grains de sable qui nous empêchent, aussi bien chez l'opérateur qu'à l'Afpa, de bien travailler. Si nous voulons intensifier la formation des demandeurs d'emploi, il faut le moins de freins possible. Cet audit me sera rendu fin mars.

Quels vont être les autres axes stratégiques de développement ?

L'Afpa ne répond pas à tous les besoins des demandeurs d'emploi. Nous avons réalisé un bilan sur nos points forts et nos faiblesses sur le marché. Notre point fort est la formation des bas niveaux de qualifications, notre faiblesse, celle des niveaux supérieurs. Nous devons nous poser la question d'un positionnement sur ces niveaux de qualification. De même par rapport aux situations de rupture et de reconversion dans les entreprises. L'Afpa a des atouts pour se positionner sur ces dispositifs. Notre savoir-faire et notre couverture nationale peuvent-ils servir pour les reconversions ? Il faut réfléchir à tout cela, qui n'a rien à voir avec la formation « classique », pour laquelle nous ne sommes pas équipés. C'est un élément important pour le personnel de l'Afpa, car cela ouvre des perspectives.

Le service d'intérêt général est-il également une carte à jouer pour l'Afpa ?

Le SIEG est déjà mis en place dans trois régions (Poitou-Charentes, Picardie et Champagne-Ardenne) avec lesquelles l'Afpa travaille. C'est une révolution culturelle très importante pour l'Afpa et je me réjouis de cette nouveauté qui permet la construction d'un service public régional de la formation professionnelle. Nous espérons qu'un cadre juridique sera construit très vite pour que les process soient unifiés dans toutes les Régions et qu'ils soient par conséquent sécurisés.

De vives inquiétudes se sont exprimées par rapport au patrimoine de l'Afpa et des conséquences de fermetures de centres. Où en êtes-vous concernant “l'empreinte au sol" ?

Le dossier concernant le patrimoine de l'Afpa traîne depuis des années ; c'est un vrai problème. Une mission a été mise en place l'année dernière qui a conclu que le patrimoine pourrait être mis à la disposition de l'Afpa en passant des baux emphytéotiques. J'ai demandé au Directeur général de réfléchir sur notre outil : nos 220 centres sont-ils de bons outils ? Correspondent-ils à des besoins ? Car nous ne signeront des baux que si nous sommes sûrs d'utiliser les centres à moyen et long terme.

Par ailleurs, nous devons réfléchir aux coûts et à la bonne utilisation des campus (certains comptent peu de salariés et peu de stagiaires). Autrement dit, nous devons nous assurer que l'outil est bien adapté pour être compétitif dans les années à venir. Notre maillage territorial est un gros atout, mais certains campus créés il y a 30 ans pour certains besoins, ne correspondent plus forcément aux bassins d'emploi d'aujourd'hui.

Autrement dit, l'Afpa doit bien réfléchir à son implantation et à l'évolution de son réseau. Quitte à délivrer des formations dans les locaux gérés par les Régions tels que les lycées professionnels ou les Greta. Mais attention, qui dit évolution du maillage ne veut pas dire forcément fermeture de site. Je rappelle que nous avons ouvert deux campus en 2008 et 2010.

En tout état de cause, les décisions qui seront prises prendront en compte les aspects sociaux. Je peux garantir que nous accompagnerons les salariés éventuellement concernés et que nous ne les laisserons pas seuls face à leurs problèmes d'emploi.