L'innovation en formation est possible, démonstration avec Norsys

Par - Le 01 mai 2012.

Qu'est-ce qui caractérise les jeunes dirigeants ? Le goût de l'innovation, si l'on en croit le CJD (Centre des jeunes dirigeants). Nombreux sont ses adhérents qui font preuve de créativité dans tous les domaines, y compris en matière RH. Sylvain Breuzard, ancien président du CJD et PDG de Norsys, est de ceux qui ont mis l'innovation au cœur de leur politique de formation.

Avec 70 % de salariés formés par an, 100 % en deux ans, Norsys a, depuis dix-huit ans, montré sa capacité à être différente. Première entreprise à avoir mis en place les 35 heures en 1999, pionnière du CV anonyme dès 2006, Norsys revendique son statut d'entreprise “où il fait bon vivre", statut confirmé par l'Institut GPTW (Great place to work) en 2010. “J'ai eu la chance d'impulser un nouveau concept lorsque j'étais président du CJD, celui de « performance globale », autrement dit une façon d'assurer trois responsabilités : économique, sociale et sociétale, explique Sylvain Breuzard. Ce qui me guide, c'est la volonté de démontrer qu'une entreprise qui développe cette vision peut être meilleure que les autres sur le terrain économique." Et Norsys affiche une “volonté farouche" de mettre en place une politique de formation qui se démarque du système classique.

Aux yeux de Sylvain Breuzard, “la France est engluée dans un système de formation qui ne va pas dans le sens de la créativité. Pour mettre en place des formations sur le thème des préjugés, par exemple, il a fallu que je me batte contre notre Opca !" Le PDG n'ayant pas une vision très positive du système, il a décidé de s'en affranchir, tout en restant “dans les clous" en termes de financement. “Nous avons choisi de mettre en place des dispositifs qui ne soient pas élitistes. Nous voulons même tendre vers l'opposé !"

Trois piliers soutiennent cette politique. L'Université d'entreprise est née de l'idée qu'il existe différentes manières d'apprendre : par l'analyse des pratiques, la construction collective de solutions, le partage d'expériences, la recherche, le débat, la réflexion. Cette Université est composée d'écoles dans lesquelles les salariés suivent un cursus de deux ou trois ans. La première d'entre elles est Easymaker. “Pour qui veut être meilleur que les autres, l'idée n'est pas nécessairement de cumuler des compétences techniques, que les autres pourront également obtenir. Il s'agit pour nous de former à l'acquisition de compétences en relations humaines, concept à aborder en tant que prestataires de services en relation avec une clientèle", précise Sylvain Breuzard. Le cursus propose des modules portant sur l'adaptabilité, le “travailler ensemble", ou “lever ses freins à la créativité". Selon le PDG de Norsys, “c'est aussi une façon de transmettre".

Logique de transmission

Autres écoles créées dans le cadre de l'Université, la Technomaker, destinée à renforcer les compétences techniques, et, tout récemment, l'École du management. “L'entreprise grandit, il faut faire en sorte de la renforcer, d'où l'idée de travailler avec les managers pour définir notre culture, nos engagements vis-à-vis des salariés et des clients. C'est un travail de formulation de nos actes, en quelque sorte", explique Sylvain Breuzard. Les managers bénéficient de cinq à six jours de formation au cours desquels un travail collectif est réalisé autour de notions telles que la discrimination, l'égalité professionnelle, “le tout dans une logique de transmission", l'école étant “le support de la conduite du changement".

Norsys compte un deuxième pilier, “plus classique", fondé sur des formations qualifiantes, délivrées par formateurs en interne ou externe (et toujours réalisées sans l'aide de l'Opca), ainsi qu'un troisième, basé sur ses filières de formation permanente par métier. “Ces formations viennent en complément des autres bien sûr, mais leur particularité est que les salariés sont regroupés par métier, quelle que soit leur ancienneté", indique Sylvain Breuzard, qui estime qu'il s'agit là “du meilleur moyen de faire de la transmission". Tous les mois, pendant deux heures, le personnel concerné crée une communauté physique capable de travailler sur des études de cas et de “contribuer ainsi au changement".

C'est avec passion que Sylvain Breuzard détaille cette politique de formation innovante, balayant rapidement les questions financières, puisque 100 % du budget formation est utilisé. “Ce qui coûte le plus cher dans cette politique, c'est le manque à gagner du fait de l'absence des salariés. Mais seul compte le retour sur investissement. La formation ne doit pas être perçue comme un coût. Trop d'entreprises en France la considèrent comme telle, c'est une erreur."

[(NORSYS

Créée en 1994, Norsys est une SSII spécialisée dans le conseil et l'assistance en maîtrise d'ouvrage, le pilotage et l'ingénierie de projets informatiques utilisant les technologies émergentes. Norsys emploie 260 personnes réparties sur cinq sites : Ennevelin (Nord), Paris, Lyon, Valbonne (Alpes-Maritimes) et, à l'étranger, Marrakech (Maroc). Norsys affiche en 2012 un chiffre d'affaires de 22 millions d'euros résultant d'une croissance de 10 % en 2011.
)] [(LE CJD

Le Centre des jeunes dirigeants rassemble plus de 3 500 chefs d'entreprise et cadres dirigeants engagés pour “mettre en œuvre un libéralisme responsable". Son ambition est notamment de “promouvoir des idées nouvelles pour rendre l'entreprise à la fois plus compétitive et plus humaine". )]