Les réformes instaurées avant la crise ont permis à certains pays de mieux gérer son impact social

Par - Le 17 juin 2012.

Le Conseil d'orientation pour l'emploi (COE) vient d'adopter le rapport “L'emploi et les politiques de l'emploi depuis la crise : une approche internationale", consacré aux évolutions dans ces domaines en Europe et dans quelques pays industrialisés.

Le document a pour objet de “fournir aux pouvoirs publics, aux partenaires sociaux et plus largement aux acteurs du marché du travail le diagnostic, les données et les comparaisons utiles à leurs décisions". Il décrit et analyse les évolutions constatées pendant la “crise la plus profonde que le monde a connue depuis celle des années 1930", souligne Marie-Claire Carrère-Gée, présidente du Conseil.

La crise a provoqué “des ajustements très violents de l'emploi qui ont amené les États à réagir tant sur le plan macroéconomique que dans le champ plus ciblé des politiques de l'emploi, avec des succès divers", résume le COE. Distinguant plusieurs profils en fonction de l'évolution des taux de chômage entre 2008 et 2012. Tout d'abord, les pays dont le niveau de chômage est resté inférieur à la moyenne de l'OCDE, à savoir l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, la Finlande et la Norvège, et, hors d'Europe, l'Australie, le Canada et le Japon. Viennent ensuite ceux dont le niveau de chômage est supérieur à cette moyenne, essentiellement l'Espagne, l'Estonie, la Grèce et l'Irlande, et, dans une moindre mesure, le Portugal, la Slovaquie, la Slovénie, sans oublier, last, but not least, les États-Unis. Le Conseil distingue également plusieurs pays dont le taux de chômage a moins augmenté que la moyenne mais dont le niveau est néanmoins supérieur à la moyenne globale : la France, la Pologne et la Turquie. Enfin, les analyses permettent de distinguer les pays dont le niveau de chômage restait inférieur début 2012 à la moyenne de l'OCDE alors que l'augmentation du chômage pendant la crise a été plus forte que la moyenne, à savoir le Danemark, l'Islande, les Pays-Bas et la République tchèque.
Ces disparités s'expliquent, en partie, selon les constatations du COE, par des baisses de PIB et des évolutions de la population active  différentes selon les pays. Sont évoquées également les différentes modalités d'ajustement de l'emploi : “Selon que les entreprises se sont ajustées à la chute de l'activité par la baisse du volume d'emplois (flexibilité externe), ou par la baisse des heures travaillées et/ou des salaires (flexibilité interne), l'évolution de l'emploi global n'est évidemment pas la même." Cependant, “la résistance plus ou moins forte des marchés du travail durant la crise ne peut se comprendre en dehors des évolutions structurelles et du contexte économique d'avant-crise". En effet, indique Marie-Claire Carrère-Gée, “la plu-part des analyses se limitent aux réactions des politiques publiques pendant la crise", alors que le rapport montre que “dans bien des pays, l'essentiel s'est joué avant la crise". Les réformes menées dans certains pays dans ces années précédant la crise ont permis de renforcer la résistance du marché du travail et l'efficacité des politiques de l'emploi.

Selon Marie-Claire Carrère-Gée, “non seulement, les ajustements de l'emploi ne sont pas nécessairement achevés dans tous les pays, mais surtout, les perspectives de croissance peu favorables auront encore des conséquences en termes d'emploi".