Réduction des effectifs chez Carrefour : la GPEC au secours des salariés concernés ?

Après Doux, Fralib, Petroplus ou PSA, c'est au tour de Carrefour d'annoncer que le groupe prévoit de supprimer de 500 à 600 postes au sein de ses sièges. Le nouveau PDG, Georges Plassat, arrivé à la tête du groupe en juin dernier, avait donné le ton lors de son discours aux actionnaires : “Il y a trop de frais généraux."

Par - Le 16 septembre 2012.

Carrefour, ce n'est pas de la finance, mais du commerce !", avait alors martelé la CGT, qui demandait, après la démission de l'ancien PDG, Lars Olofsson, que soit revue l'intégralité de la stratégie sociale et économique du groupe. Il n'a pas fallu longtemps pour que la nouvelle direction annonce une coupe dans les effectifs. Le 29 août, “après la fermeture de la bourse", remarque Claudette Montoya, de la CGT, le plan a été présenté aux partenaires sociaux à l'occasion de la réunion du comité de groupe extraordinaire. Ce plan, qui laisse sceptiques certains syndicats, “se veut surtout rassurant pour les actionnaires", selon elle.

Le 30 août, la direction confirmait “un plan de départ volontaires regroupant 500 à 600 postes administratifs dans les deux sièges en France", ce “sans licenciement contraint". Le PDG a alors expliqué qu'il “s'inscrivait dans la dynamique nouvelle de recentrage de l'entreprise autour de son métier de commerçants et des magasins au service du client". Centralisation et coûts administratifs excessifs : le PDG a annoncé que le redressement devrait prendre trois ans pour pallier ces deux handicaps. Mais à quelles conditions ? Ce plan sera-t-il le seul ? “Nous n'avons pour l'instant aucun chiffre, nous ne savons pas quels sites vont être touchés", précise André-Denis Terzo, représentant de Force ouvrière chez Carrefour. De même, aucune précision n'a encore été apportée sur les postes concernés. Les emplois aux sièges sont extrêmement divers : secrétariat, achats, etc., rien n'a été dit sur les métiers impactés.

Si la direction de communication de Carrefour nous signale en effet qu'il s'agit d'un projet et qu'il “est prématuré d'en dire plus", quatre sites devraient être concernés, selon les syndicats : Évry, Boulogne, Massy, mais aussi Mondeville, en Normandie. C'est au cours de ce mois de septembre que la direction et les syndicats doivent se retrouver dans les différents sites pour mettre en route les différentes étapes du projet, mais aucun calendrier n'a pour autant été fixé. Ces départs ne seront d'ailleurs pas les premiers, remarque Claudette Lontoya : “Depuis trois ans, près de 20 000 postes ont été supprimés !"

Si la CGT réclame une rencontre avec le gouvernement, FO de son côté demande que l'accord GPEC soit bien mis en œuvre. Tout le travail des partenaires sociaux va en effet consister désormais à appliquer cet accord, ainsi que l'accord de méthode qui l'accompagne, qui ont été signés fin 2011 pour trois ans (seule la CGT a refusé d'y apposer sa signature).

Nécessaire GPEC

“Il s'agit d'accompagner les salariés dans un contexte économique difficile, comme l'explique André-Denis Terzo. Négliger le prévisionnel implique de tomber directement dans le plan social sans se soucier de l'avenir des salariés en interne ou en externe. Nous allons donc nous servir un maximum de la GPEC pour gérer ce plan de réduction des effectifs." Il risque cependant d'être compliqué de trouver beaucoup de volontaires au départ : “Le contexte économique n'est pas favorable aux projets personnels !" Par contre, selon les métiers, “certains salariés pourront très probablement intégrer d'autres entités." En tout cas, “nous n'avons pas le droit de laisser les gens sur le carreau, les projets seront soutenus par un accompagnement".
Selon Claudette Montoya, la direction ne présentera pas de plan de reclassement. “Quand la précédente vague de 20 000 suppression d'emplois a eu lieu, elle n'a pas donné lieu à des reclassements, en application de l'accord de méthode sur l'accompagnement des restructurations et de GPEC. Tous les départs ont été plus ou moins négociés." Avant de conclure : “D'ailleurs, un plan de départs volontaires, c'est quoi ? Pour nous, il n'y a pas de départs volontaires, c'est en réalité un plan social déguisé et l'accord GPEC donne un chèque en blanc à la direction pour le réaliser..."

L'accord de méthode, qui régit donc les procédures à suivre en cas de restructurations, “s'appliquera dès lors que nous n'aurons pas trouvé de volontaires au départ. Dès lors, un PSE sera élaboré, précise André-Denis Terzo. Il se peut en effet que sur certains métiers, il soit impossible de reclasser les salariés. Mais notre objectif est clair : nous ferons tout notre possible pour rechercher des solutions en interne ou aider les projets de reconversion ou de création d'entreprise", insiste-t-il.

Pour l'heure, les organisations syndicales sont dans l'attente du prochain CCE, qui devrait avoir lieu d'ici la fin septembre. Alors seulement, la direction de Carrefour donnera des précisions sur les sièges et les métiers concernés.