Sséminaire sur le CSP - Personnalisation et territorialisation, clés de la réussite
Par Sandrine Guédon - Le 01 novembre 2012.
La DGEFP (Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle) a organisé le 16 octobre un séminaire sur le contrat de sécurisation professionnelle dont le thème était “Connaissance du marché local de l'emploi et accompagnement".
La nouvelle déléguée générale, Emmanuelle Wargon, a évoqué “l'exemplarité" du CSP, qui a fait l'objet d'une “construction collective des acteurs, qui ont su mettre en place un encadrement solidaire du bénéficiaire et trouver des marges de manœuvre locales". Néanmoins, il s'agit de faire état de “ce qui a marché et ce qui n'a pas marché. C'est un défi important pour que le dispositif soit complètement opérationnel. Surtout, cette démarche nous permet de nous interroger plus globalement sur le service public de l'emploi". Il apparaît nécessaire de “tirer plusieurs enseignements qui touchent à la sécurisation des parcours, notamment l'idée de différenciation".
Cette notion de différenciation a été reprise par Florence Dumontier, directrice générale adjointe de Pôle emploi. Le SPE “a tissé des liens forts avec le CSP, a-t-elle expliqué. Le plan Pôle emploi 2015 le confirme, puisqu'il met en avant deux axes qui sont liés à la pratique du CSP : la personnalisation et la territorialisation". Deux pratiques qui “ont montré leur efficacité à travers le CSP". Plusieurs intervenants ont confirmé que la personnalisation du projet était au cœur de sa réussite. “L'orientation est simple à dire, mais elle est compliquée pour celui qui la vit, a ainsi souligné Dominique Crochu, directeur du Fongecif Bretagne. Nos publics viennent nous voir en se demandant s'il y aura un emploi... pour eux, dans leur bassin d'emploi. Il ne s'agit pas de répondre oui ou non à cette question : il faut rendre les individus auteurs et acteurs de leur projet. Les accompagnants doivent leur faire prendre conscience de leurs acquis, du fait que leurs projets se construisent tous les jours et qu'il doivent donc être attentifs à ajuster en permanence leur projet", a-t-il exposé. Surtout, selon Dominique Crochu, “il faut éviter les démarches prescriptives".
La construction du parcours doit être individualisée et les bénéficiaires être confrontés à la réalité de l'exercice des métiers. Au risque d'échouer, comme l'a démontré Xavier-Louis Régent, de l'Adefim Centre. En effet, “nous avons fait l'erreur de laisser un tiers décider. La prescription nous a menés à l'échec, malgré une forte mobilisation des acteurs sur un bassin d'emploi de la filière aéronautique. Il s'agissait d'anticiper les départs à la retraite. Mais l'essentiel des individus qui sont entrés dans le cursus mis en place dans le cadre du CSP en sont rapidement sortis, a-t-il témoigné. Le processus a été escamoté du simple fait que nous n'avions pas tenu compte des projets individuels et qu'aucun des participants n'avait rencontré l'employeur..."
“Face à une situation dégradée, marquée par le chômage, beaucoup pensent qu'il n'est pas temps d'innover. Ce n'est pas l'avis du gouvernement. Selon lui, le contexte exige le changement" : à l'occasion du séminaire DGEFP sur le CSP, Thierry Repentin, ministre délégué chargé de la Formation professionnelle et de l'Apprentissage, s'est voulu volontariste. “Nous assistons à l'émergence d'un dialogue social à la française", et la mise en place du CSP l'illustre bien : “Il est la preuve que le dialogue social peut être source de droits nouveaux, d'innovation et de modernité." Le ministre voit donc dans le CSP “une voie à suivre", mais il a également expliqué qu'il ne fallait “pas avoir peur des changements" à mettre en place à partir de l'évaluation du dispositif. Des changements qui concernent en réalité l'ensemble du service public de l'emploi. Il a en effet évoqué trois axes de travail, qui concernent la diffusion des informations, les modes de construction des parcours et la relation tripartite demandeur d'emploi, employeur, accompagnant.
“Nous constatons que les données que nous possédons ont des limites, certaines sources sont même sous-utilisées ou inadaptées, donc non utilisées. Il faut un premier changement qui touche à la nature des informations et à leur mode de traitement", a exposé le ministre. Il a ajouté que “cette réflexion rejoint la volonté du gouvernement de travailler sur l'accessibilité des informations au sein du service public de l'orientation", évoquant la prochaine remise du rapport commandé à l'Igas et à l'Inspection générale de l'Éducation nationale.
Au-delà, il faut, selon Thierry Repentin, “changer la nature de l'accompagnement. Nous avons la conviction qu'il n'existe pas de réponse univoque. Les cas sont divers, il faut mettre en place une palette d'outils la plus large possible" au service de l'accompagnant.
Enfin, le dernier changement évoqué par le ministre touche à la relation tripartite entre le demandeur d'emploi, l'entreprise et le conseiller de Pôle emploi. “Les offres sont souvent trop floues, identifient peu les besoins. Le demandeur d'emploi n'est pas acteur de son projet. Il est donc nécessaire de promouvoir un système où l'actif participe à des actions de recherche d'emploi, élabore son projet, et où l'employeur s'implique à travers des méthodes de simulation, de visite de l'entreprise. Et il faut également réfléchir à une véritable personnalisation de l'offre de services de Pôle emploi." Autant de “défis à relever" par le gouvernement et les partenaires sociaux, afin de “donner un cadre plus favorable à la sécurisation des parcours et à un meilleur accès à la formation".
Il a d'ailleurs rappelé que des négociations étaient en cours avec les organisations patronales et syndicales sur ces thèmes. À partir de l'expérience du CSP, “que nous allons chercher à améliorer (...), plusieurs pistes de travail vont pouvoir être dégagées, a-t-il précisé. L'idée est de faire bénéficier un plus grand nombre des méthodes développées dans le cadre du CSP : étendre l'expérience au-delà des 32 bassins d'emploi actuellement concernés par le dispositif, mieux diffuser les pratiques dans le cadre plus global du service public de l'emploi, développer le pilotage multi-acteurs".
Selon Thierry Repentin, “nous sommes à un moment charnière, dont nous devons prendre la mesure pour poursuivre l'effort vers la sécurisation des parcours et de l'emploi. Une ambition forte que nous devons atteindre avec tous les acteurs", a-t-il conclu.