CIDJ : le directeur général veut tracer de nouvelles perspectives
Par Benjamin d'Alguerre - Le 01 octobre 2013.
2013 : annus horribilis pour le CIDJ. Budget en crise, annonce d'un plan social, pétitions,
banderoles… De sérieux ébranlements au quai Branly. L'arrivée cet été d'une nouvelle équipe
dirigeante semble promettre des jours meilleurs, mais aussi un nouveau souffle pour cette vieille
maison dédiée à la jeunesse.
Le 5 août dernier, après plusieurs
mois marqués par une crise de
gouvernance, Philippe Salles
prenait place dans le fauteuil
directorial du Centre d'information
et de documentation jeunesse. Pas
une première, pour cet ancien
délégué général de la Fondation
du sport, qui avait déjà
piloté l'institution parisienne
du 101, quai Branly, de 1993
à 1996.
“Évidemment, le CIDJ a
changé, depuis. L'irruption du
numérique dans la société a
radicalement modifié les modalités
d'accès à l'information des
jeunes, quitte parfois à les noyer
sous la quantité", expliquait
ainsi celui qui s'est donné un
an pour “faire évoluer le modèle
économique et la stratégie du
Centre, en redéfinissant la nature
de ce que doit être l'information
jeunesse".
Baisse de la commande publiquel
La nomination d'un nouveau directeur
s'est-elle accompagnée d'un état
de grâce ? “Nous verrons…", confiait
Philippe Salles, qui a d'ores et déjà rencontré
les IRP de l'entreprise. Dehors,
sur les vitres donnant sur les quais de
Seine, les panneaux “CIDJ en danger"
n'ont pas pour autant été retirés par
les salariés. “En rencontrant les représentants
du personnel, j'ai constaté de
l'inquiétude. Et même de la souffrance,
c'est vrai", avouait celui qui assure cependant
“n'être ni un cost-killer ni un
manager de passage, et encore moins un
faiseur de plans sociaux !"
Cette institution née en 1969 doit
franchir un cap dans son évolution.
Parallèlement, Philippe Salles ne le nie
pas : la diminution de la commande
publique, pour les produits estampillés
CIDJ, a contribué à la crise qui
s'est soldée par la démission du président
Patrick Colasse (auquel a succédé
Bernard Ophèle, ancien trésorier
du CIDJ) et de la directrice générale
Catherine de Labarre. La vente des
classeurs thématiques “Actuel CIDJ",
qui, en 2013, représentait 2,9 millions
de recettes sur les 7 millions de
budget annuel du Centre, connaît une
baisse continue depuis cinq ans. Et la
subvention publique de 2,7 millions
n'a pas été réévaluée durant ce laps de
temps pour la compenser...
Redéfinir l'information jeunesse
“Je ne suis pas là pour juger le bilan de
mes prédécesseurs, a prévenu Philippe
Salles, la crise et les réductions budgétaires
touchent tous les acteurs publics
et l'activité du CIDJ se retrouve impactée
par l'émergence du numérique
comme vecteur d'information grand
public, l'accentuation de la décentralisation
– avec l'acte III qui se profile à
l'horizon et la création de services publics
régionaux de l'orientation – qui
nous amènent à nous interroger sur une
nouvelle définition de ce que doit être
l'information jeunesse en 2013."
Aujourd'hui, le CIDJ reçoit annuellement
près de 150 000 jeunes demandeurs
d'information sur leur orientation.
“Lors de mon précédent mandat,
ils étaient en moyenne 600 000 à se
présenter au guichet… et force
est de constater que ce ne sont
plus les mêmes publics. Ceux
que nous recevons aujourd'hui
sont généralement davantage
en situation de souffrance sociale
que ne l'étaient leurs prédécesseurs
des années 1990."
Un changement de paradigme
qui a conduit cet
ancien inspecteur de la jeunesse
et des sports à imaginer
des scénarios quant au
renforcement de l'accompagnement
des jeunes reçus
par le Centre, mais aussi
au développement de partenariats
transversaux avec
d'autres acteurs de l'orientation,
de l'insertion, de l'emploi et de la
formation (Onisep, Centre Inffo,
Conseils régionaux, etc.), mais aussi
avec certains secteurs et branches
professionnelles relevant soit de l'économie
sociale et solidaire (ESS), soit
du secteur marchand. “Dans les temps
à venir, j'envisage ainsi de rencontrer
Florence Poivey, la nouvelle dirigeante
de la commission éducation-formation
du Medef, pour envisager des pistes
de réflexion communes", a indiqué
Philippe Salles. Une initiative destinée,
notamment, à faciliter l'accompagnement
des jeunes vers l'entreprise,
que le CIDJ avait déjà commencé à
développer en mettant en oeuvre des
actions de job-datings, via l'organisation
de salons de l'insertion ou encore
de parcours d'information spécifiques
à destination de lycéens ou d'apprentis
de CFA.
Une feuille de route stratégique
détaillée d'ici fin octobre
C'est nanti d'un contrat de travail d'un
an – renouvelable – que Philippe Salles
s'est installé à la tête de l'institution. Et
en accordant son agrément à sa candidature,
Valérie Fourneyron, sa ministre
de tutelle, lui a garanti l'assistance de
son ministère pour l'aider à mener à
bien sa volonté de redéfinition de l'activité
du CIDJ.
Pour l'heure, cependant, les moyens
accordés au nouveau directeur n'ont
pas été définis dans sa lettre de cadrage,
mais pourraient se traduire par une
facilitation de l'interconnexion entre
les différents ministères et collectivités
territoriales concernés par l'action du
Centre ou par l'assistance d'un cabinet
de conduite du changement, destiné à
mener les nouvelles orientations stratégiques.
Un premier rendez-vous avec le ministère
de la Jeunesse et des Sports a d'ores
et déjà été programmé à la fin du mois
d'octobre. À cette date, Philippe Salles
devra présenter une feuille de route
détaillée quant aux nouveaux axes stratégiques
qu'il compte mettre en place
pour l'année 2014.