En Europe, ces pays “poly-formateurs", “mono-formateurs" ou... peu formateurs
Par Benjamin d'Alguerre - Le 16 septembre 2013.
Former en multipliant les expériences de formation sur le lieu de travail, ou par le biais de stages ?
La réponse des pays membres de l'UE n'est pas univoque. Le Céreq s'est penché sur la question,
avec, à l'appui, la dernière enquête CVTS (Continuing vocational training survey) d'Eurostat.
En 2010, 38 % des entreprises
des 28 pays de l'Union européenne
(les 27 adhérents, ainsi
que la Croatie qui n'est entrée
dans l'Union qu'en 2013) déclaraient
avoir formé 38 % de leurs
salariés, à raison de vingt-six heures en
moyenne par employé. C'est l'état des
lieux qui ressort de la dernière enquête
CVTS sur la formation professionnelle
en Europe, réalisée par Eurostat et décryptée
par le Céreq, dans Bref n° 312 [ 1 ]Par Jean-François Mignot, chargé d'études au
département formation et certification (DFC)..
Formations “multimodales" ou “magistrales"
L'étude permet de distinguer trois
“groupes" de pays et de rapports à
la formation. Ainsi, l'Allemagne, le
Royaume-Uni, la Suède, la République
tchèque et la Slovénie entrent dans la
catégorie des “poly-formateurs", dans
lesquels les habitudes culturelles des
entreprises incitent à développer des
formations “multimodales", certes
centrées autour de stages et de cours,
mais intégrant également d'autres
moyens d'apprentissage, notamment
en multipliant les expériences de
formation sur le lieu de travail.
À l'inverse, la Belgique, le Luxem
bourg, l'Espagne, la Slovaquie, le Portugal,
Chypre, Malte, la France, les
Pays-Bas, l'Estonie, la Finlande, l'Italie
et l'Autriche ont tendance à privilégier
la “formation magistrale" ou par le
biais de stages, à l'exception de toute
autre voie d'apprentissage. Parmi ces
pays “mono-formateurs", la France fait
figure de leader, tant le système de formation
continue qui y est privilégié
s'est construit sur un modèle scolaire.
Par ailleurs, note le Céreq, “l'obligation
légale de financement par les entreprises
les conduit à privilégier cette modalité".
Demeurent les lanternes rouges du
classement, qualifiées par Eurostat de
“pays peu formateurs", que sont la Lituanie,
la Lettonie, la Hongrie, la Bulgarie,
la Croatie, la Pologne et la Roumanie.
Avec, en moyenne, sept heures de
formation annuelles.
Une tendance à l'homogénéisation
Cependant, une comparaison de cette
étude avec celles réalisées en 1999 et
2005 montre qu'une certaine homogénéité
européenne progresse. En effet,
note le Céreq, “entre 1999 et 2010, les
écarts entre pays se resserrent, tant sur
la part des entreprises formatrices que
sur le taux d'accès des salariés". Un rapprochement
que Bref attribue en partie
au crédit des politiques publiques
encouragées par l'UE. Certains pays,
toutefois, se distinguent positivement :
c'est le cas de la Belgique, du Portugal,
du Luxembourg et de la Roumanie,
dont l'évolution des textes législatifs
en matière de formation continue
rend les entreprises davantage proactives.
Paradoxalement, si la Suède et le
Royaume-Uni demeurent encore dans
le club des plus vertueux, l'enquête
constate une nette diminution des
efforts de formation des entreprises, ce
que le Céreq explique par la substitution
de formations longues (via cours
et stages) par des apprentissages courts
assurés au travers d'autres modalités.
À tel point que le Bref peut affirmer
que “les pays les moins formateurs rattrapent
les pays les plus formateurs".
Notes
1. | ↑ | Par Jean-François Mignot, chargé d'études au département formation et certification (DFC). |