Le plan “formations prioritaires" met en évidence la nécessité d'une articulation branches-territoires
Par Béatrice Delamer - Le 01 octobre 2013.
Appelés par le gouvernement à se mobiliser pour cofinancer le plan “formations
prioritaires", Conseils régionaux et partenaires sociaux ne se sont pas encore tous
engagés. Mais d'ores et déjà, grâce à des réaffectations de crédits, il apparaît que
l'objectif de 30 000 formations sera dépassé.
TP (maçons, plâtriers, menuiserie,
etc.), industrie (chaudronniers,
soudeurs, etc.), transport
et logistique (conducteurs,
etc.), services aux entreprises, services
sociaux et aux personnes (aide à
domicile, assistantes maternelles, etc.),
commerce (vendeurs, etc.), hôtellerie
et métiers de bouche (cuisiniers,
employés d'hôtellerie, etc.). Tels sont,
selon le ministère du Travail, les métiers
et secteurs concernés par le plan
“30 000 formations prioritaires pour
l'emploi".
Michel Sapin présidait le 16 septembre
dernier une réunion de “mobilisation
pour l'emploi" avec les partenaires so-
Le plan “formations prioritaires"
met en évidence la nécessité
d'une articulation branches-territoires
Appelés par le gouvernement à se mobiliser pour cofinancer le plan “formations
prioritaires", Conseils régionaux et partenaires sociaux ne se sont pas encore tous
engagés. Mais d'ores et déjà, grâce à des réaffectations de crédits, il apparaît que
l'objectif de 30 000 formations sera dépassé.
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ciaux et des représentants des Conseils
régionaux, qui a notamment permis
de partager un “bilan d'étape" sur ce
plan annoncé à l'occasion de la conférence
sociale des 20 et 21 juin (L'Inffo
n° 837, p. 2).
Ces “formations prioritaires pour l'emploi"
ont pour objectif de permettre
à des demandeurs d'emploi de suivre
une formation d'ici la fin de l'année,
dans des métiers qui recrutent à court
ou moyen terme mais ne trouvent pas
aujourd'hui assez de candidats formés.
Il est financé par l'État, les partenaires
sociaux, les Conseils régionaux
et l'Agefiph, pour un total d'environ
200 millions d'euros. Cependant, les
Régions devaient se mobiliser cet été
pour définir les enveloppes précises
qu'elles comptaient lui attribuer, ainsi
que les secteurs et métiers prioritaires.
Premiers chiffrages
Un tableau distribué aux participants
récapitule par région les différentes
sommes et les objectifs en termes de
formation pour Pôle emploi, l'Agefiph
et les Conseils régionaux. Ces chiffres
restent indicatifs et ne constituent pas
d'engagements définitifs, d'autant que
certaines masses restent “en cours de
détermination".
Tous les Conseils régionaux n'ont pas
encore fait savoir combien ils comptaient
affecter au plan. Il semblerait
notamment que l'Alsace projette
une enveloppe de 3 millions d'euros,
Rhône-Alpes 4,3 millions d'euros, Paca
4 millions d'euros, la Picardie 6 millions
d'euros, Poitou-Charentes 5,5 millions
d'euros et la Bretagne 3,9 millions
d'euros. On note que conformément à
ce que souligne le ministère, l'objectif
de 30 000 formations supplémentaires
pourrait être dépassé, dans la mesure où
le financement de 32 977 formations
est d'ores et déjà prévu, alors même
que tous les partenaires ne se sont pas
encore déterminés.
En revanche, la ventilation des 50 millions
d'euros attribués à Pôle emploi par
région est détaillée dans son intégralité.
Satisfecit du ministère
“Tous les partenaires ont marqué leur
satisfaction de voir que le plan se déploie
de façon dynamique et que la mobilisation
sur le terrain est d'ores et déjà une
réalité, se félicite le ministère. Au sein
de chaque territoire régional, l'État, Pôle
emploi, le Conseil régional et les partenaires
sociaux ont déterminé de manière
coordonnée un diagnostic partagé des
besoins en formations prioritaires pour
l'emploi ; ils ont commencé à fixer des
objectifs prévisionnels de places en formation
qui laissent penser que l'objectif de
30 000 sera atteint d'ici la fin de l'année,
voire dépassé", poursuit-il. Ainsi, dans
plusieurs territoires, des formations ont
déjà débuté.
Connexions branches-Régions : toujours compliqué
Plusieurs participants ont confirmé à
L'Inffo qu'ils reconnaissaient le travail
effectué pour rassembler les données,
tout en soulignant quelques lacunes :
“Le tableau présenté n'est pas finalisé car
il manque des informations, surtout en
ce qui concerne les branches en régions",
indique l'un d'entre eux. “Les partenaires
sociaux participent via le FPSPP [ 1 ]Fonds paritaire de sécurisation des parcours
professionnels. Cf. L'Inffo n° 839, p. 4.,
qui est très centralisé, et les fonds ne sont
pas encore redescendus en régions." Une
illustration des difficultés, pointée par
les Conseils régionaux, à dialoguer avec
les partenaires sociaux localement : “Ce
problème n'est pas nouveau. Souvent, il
n'y a pas de relais. C'est une question qu'il
faudra traiter, peut-être dans le cadre de
la négociation sur la formation professionnelle,
et pour laquelle il faudra parler
des moyens mis à disposition des organisations."
Plusieurs voix se sont élevées pour réclamer
davantage d'informations sur
les bassins d'emploi, les emplois, les
formations, leur durée et leur contenu,
ainsi que sur la qualification visée et le
suivi pour le retour à l'emploi. “Ils ont
promis de nous éclairer", se félicite l'un
d'eux...
Aurélie Gerlach
PASCALE GÉRARD (ARF) DEMANDE UNE CONFÉRENCE DES FINANCEURS
Interrogée par L'Inffo, Pascale Gérard, viceprésidente
de la Région Paca déléguée à la
formation professionnelle, et représentant
l'Association des Régions de France (ARF), se
félicite de la mobilisation : “Tout le monde s'y
est mis. Du côté de l'État, Pôle emploi a joué
à livre ouvert. Au-delà de ce plan, nous avançons
sur le copilotage État-Régions."
Cependant, à la différence des partenaires
sociaux qui disposent de crédits à travers
les Opca et le FPSPP, “les Régions doivent
chercher des ressources nouvelles. Or, en
septembre, les budgets sont largement entamés
et il faut pousser les murs pour trouver
de nouvelles ressources. Cela veut dire qu'il
faut des décisions modificatives dans chaque
délégation où les fonds sont prélevés, et il
faut que cela soit voté".
Beaucoup de chemin à parcourir
Au-delà, il reste, selon elle, beaucoup de chemin
à parcourir pour une meilleure articulation
: “Les partenaires sociaux ont un fonctionnement
très vertical : branches, Opca, FPSPP.
Si la formation professionnelle doit répondre
aux besoins des territoires, j'appelle de mes
voeux une conférence des financeurs avec des
partenaires sociaux très outillés."
Parallèlement, la mise en place du plan a
montré la position inconfortable des partenaires
sociaux nationaux, dans l'impossibilité
de communiquer les financements disponibles
en régions. Une situation que Pascale Gérard
assimile à la sienne lorsqu'elle parle au nom
de l'ARF : “Ce fonctionnement ne peut perdurer,
et l'articulation branches-territoires, dont
on parle depuis quinze ans, doit être discutée
à l'occasion de la négociation sur la réforme
de la formation professionnelle."
“Être vigilants en termes de suivi"
Pour l'heure, elle demande davantage plus de
précisions à la vue du premier bilan quantitatif.
“J'ai demandé un observatoire en termes
d'unités d'heures de formation et non pas
seulement en actions de formation. Certaines
Régions financent des formations qualifiantes,
d'autres pas. D'autre part, il faudra être vigilants en termes de suivi et être clairs sur les
actions cofinancées : seront-elles comptées
une fois, une demi-fois ?"
Béatrice Delamer
Notes
1. | ↑ | Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels. Cf. L'Inffo n° 839, p. 4. |