Le réseau des CIBC, prêt à peser dans la future réforme de la formation

Par - Le 01 juillet 2013.

La nouvelle équipe dirigeante du réseau – formée d'anciens et de nouveaux éléments – doit, à peine arrivée, faire valoir les positions des CIBC à l'aune d'une très prochaine réforme. Dans ce contexte, son conseil d'administration s'apprête à adopter une série de nouvelles orientations, visant à sa redynamisation. En voici les grands principes.

Nous devons activer nos relations avec les différents partenaires,
tels que l'ARF (Association des Régions de France), les ministères, les centrales des syndicats, les principaux groupes avec lesquels nous
avons passé des conventions sur des marchés. Il faut que nous nous fassions connaître. C'est un travail de lobbying", explique Christian Blanckaert, tout nouveau président du réseau, à L'Inffo. La présidence a ainsi rencontré presque toutes les centrales syndicales, à l'exception du Medef et de la CGPME. Une rencontre devrait également avoir lieu prochainement avec le ministre du Travail, Michel Sapin.

“Le gouvernement et les partenaires sociaux veulent aller plus loin en ce qui concerne la sécurisation des parcours. Nous avons beaucoup de choses à dire, et jusqu'à présent, notre expertise n'a pas assez servi", renchérit le vice-président, Serge Rochet.

Régionaliser les CIBC

Deuxième axe d'évolution du réseau : “La mise en place d'outils de process, permettant une connaissance partagée des habitudes de travail et de fonctionnement de chaque CIBC, indique Christian Blanckaert. Tous n'ont pas les mêmes spécialités : certains font
davantage de VAE, d'autre de bilans de compétences. Certains proposent de la formation, d'autre non…" Il s'agirait, pour les centres, d'être en capacité d'échanger des bonnes pratiques,
mais aussi de mettre en œuvre des “règles de vie" entre eux. Le nouveau président se fixe également des objectifs en termes de labellisation des centres : “30 % des CIBC sont aujourd'hui
labellisés. Mon mandat dure trois ans et il faudrait que d'ici la fin, 100 % des centres le soient", dit-il.

Il indique ainsi que certains centres freinent encore, “car cela demande un investissement", mais que cette orientation a été adoptée à l'unanimité par le conseil d'administration.
Serge Rochet, de son côté, insiste sur la dimension européenne du réseau. “Nous avons créé un référentiel européen en 2000. Il rassemble des organismes qui proposent des bilans de compétences et veulent être associés à notre démarche qualité. Il n'est pas nécessaire d'être labellisé pour adhérer, mais ça l'est pour avoir un rôle délibératif ", explique-t-il. Une quatrième orientation est de “dynamiser les réseaux régionaux". En effet, selon Christian Blanckaert, “les régions doivent travailler ensemble, échanger entre elles". Plus largement, il s'agit de les structurer en région, afin d'induire plus d'efficacité de gestion, par la mise en commun, par exemple, de certaines fonctions support. “Il ne faut rien imposer.

Chaque région doit faire ce qui lui convient le mieux", tempère Christian Blanckaert. À partir de cette régionalisation, c'est un véritable projet fédéral que le nouveau bureau souhaite construire. “Ce sera le projet pour cette mandature", annonce-t-il, tenant, à cet égard, à saluer le travail mené par l'équipe dirigeante précédente.

Réforme en vue

“Nous vivons une période-clé. Nous avons complètement bousculé notre calendrier pour ne pas laisser partir le train", explique Serge Rochet, faisant référence à la réforme de la formation annoncée par le président de la République pour la fin de l'année. “Au départ, nous nous étions donné six mois de plus pour travailler sur les nouvelles orientations du réseau", poursuit-t-il. Christian Blanckaert ne dit pas autre chose : “Les CIBC peuvent être des acteurs incontournables dans le cadre du conseil en évolution professionnelle prévu par la loi de sécurisation de l'emploi !"

La Bourgogne, par exemple, a anticipé en lançant ce conseil en évolution professionnelle au cours du premier semestre 2013, et pour ce faire, s'est beaucoup appuyé sur les CIBC. “J'en suis très heureux, car je suis le directeur de ce centre", se réjouit Serge Rochet.

Aurélie Gerlach

ENTRETIEN AVEC JEAN-PIERRE VACHER, PRÉSIDENT SORTANT DU RÉSEAU DES CIBC
_ “Le réseau des CIBC doit être l'acteur autour duquel se construisent l'ensemble des parcours"

Quand et pourquoi le réseau des CIBC a-t-il été créé ?

Historiquement, le réseau des CIBC l'a été voici plus de dix ans. Il existait alors, sauf exceptions, un CIBC par département. Les missions des centres étaient alors claires : il n'existait qu'un bilan de compétences généraliste pour toutes les catégories de personnes. C'était simple à gérer. Les CIBC n'avaient alors de relations que via un rassemblement technique des directeurs, qui était avant tout un lieu d'échange d'expérimentations et de pratiques.

En 2001, ce système a éclaté avec l'ouverture du bilan de compétences à d'autres financeurs, notamment le service public de l'emploi. Le bilan de compétences pour demandeurs d'emploi a été créé. Les CIBC ont dû s'approprier la culture de la concurrence et se structurer en réseau. Ce réseau devait permettre une représentation
technique et politique nationale de notre activité. En outre, cela était une exigence du ministère. En effet, a été institué à l'époque un comité de suivi du transfert des bilans de compétences au service public de l'emploi. Celui-ci devant rassembler l'État, la direction générale de l'ANPE (Agence nationale pour l'emploi, qui à fusionné en 2008 avec le réseau des Assedic pour former Pôle emploi), et la fédération des CIBC. Or, cette dernière n'existait pas ! Nous avons donc dû la créer…

Comment est organisé le réseau ?

Il est structuré autour des binômes président - vice-président et des directeurs de centre. Ainsi, le CA comprend deux tiers d'administrateurs élus, et un tiers de directeurs. Dans les mêmes proportions, ceux-ci élisent le bureau. Quand j'ai été élu président du réseau, j'étais alors président du centre de l'Allier, qui avait beaucoup
œuvré pour une régionalisation. Au soir même de la création de la fédération, 80 % des CIBC avaient déjà adhéré ! En deux ou trois exercices, nous sommes parvenus à les réunir. Cela nous a permis d'être représentatifs dès le début. Nous avons bénéficié du soutien
des partenaires sociaux dès le départ.
À cet égard, nous avons toujours eu une structure d'échanges avec eux, qui s'appelle aujourd'hui le “comité d'orientation". Si ce sont nos élus qui prennent les décisions, nous discutons toujours en amont avec ce comité.

En dix ans, quelles ont été les évolutions majeures ?

Les centres se sont développés en termes de nombre et de couverture. Aujourd'hui, nous couvrons 98 % des départements avec
250 antennes sur le territoire. Par ailleurs beaucoup de CIBC se sont regroupés. Certains sont devenus régionaux, d'autres départementaux. Si le territoire est aussi bien couvert, c'est grâce à une démarche de labellisation, depuis 2004-2005, qui permet
notamment à des structures d'acquérir le statut de CIBC.

Cette labellisation est le fruit d'un travail entre la fédération et la DGEFP (Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle), et vise à assurer la qualité des services offerts par les centres. Nous avons créé un conseil national de labellisation, réunissant des partenaires sociaux chargés d'examiner les demandes des candidats.

Vos missions ont-elles changé ?

Elles ont énormément évolué. Au début, nous ne proposions qu'un seul produit. Aujourd'hui, nous faisons du bilan dans le cadre du Cif (congé individuel de formation), dans le cadre du plan de formation, et de plus en plus dans le cadre du Dif. Bilans pour les jeunes avec les Conseils régionaux, bilans dans le cadre de l'aide individuelle à la formation avec Pôle emploi… La création de la VAE (validation des acquis de l'expérience) en 2004 a également été un “gros morceau" : tous les CIBC sont devenus des points conseil. Nous avons été
soutenus par les Régions, et aujourd'hui, sommes le premier réseau de conseil en VAE. Nous comptons 200 conseillers !

Quel avenir pour le réseau ?

Au cours de mes deux derniers mandats, des prestations ont été développées autour de la sécurisation des parcours professionnels, dans quelques régions pilotes… Alors qu'une nouvelle réforme
se profile, ainsi que la mise en place du compte personnel de formation, je pense que le réseau doit être l'acteur autour duquel
se construisent l'ensemble des parcours, car nous avons l'habitude de parler à tous les interlocuteurs qui s'occupent des personnes… Tout ne va pas être simple, mais les CIBC ont des ressources !

Propos recueillis par Aurélie Gerlach