Moteurs Baudoin lance un plan de formation de 22 000 heures
Par Sandrine Guédon - Le 01 janvier 2013.
L'entreprise a signé fin novembre une convention avec l'UIMM (Union des industries et des métiers de la métallurgie) et l'État, lui permettant de financer ce plan de formation, pour un coût de près de 1 million d'euros.
Ce fabricant de moteurs pour la marine installé à Cassis (13) a ainsi monté un plan global destiné à former ses 186 salariés, dans le cadre de sa transformation. Racheté en 2009 par Weichai [ 1 ]Weichai Power (WP) est une société chinoise spécialisée dans l'industrie automobile. , qui emploie 40 000 personnes, il doit devenir le fer de lance dans sa spécialité pour permettre au groupe chinois d'être présent en Europe et en Afrique. Une ambition qui demande un effort d'adaptation conséquent, puisque la direction de Weichai table sur la fabrication de 800 moteurs par an en 2016, contre 60 actuellement.
Des objectifs multipliés par 13
“Un tel objectif nous demande un effort de réinvestissement important en termes d'outils et d'hommes, explique à L'Inffo Emmanuel Tellier, DRH des Moteurs Baudoin. Tout changement entraîne un temps d'adaptation, durant lequel nous avons dû définir une stratégie claire. Deux possibilités s'offraient à nous : adapter les salariés, ou s'en séparer pour recruter d'autres personnels qualifiés ! Nous avons choisi de les former et de sécuriser les parcours." Cette stratégie a été mise en place avec l'aide de l'UIMM, que l'entreprise a sollicité pour ce faire. “Nous avons pu ainsi réaliser en 2012 un diagnostic des compétences à l'horizon 2015 et mettre en place les méthodes et les outils nécessaires pour accompagner les changements. Avec une connaissance de l'ensemble des besoins, nous avons pu identifier un effort d'investissement d'un million d'euros, pour 22 heures de formation pour l'ensemble de nos 186 salariés."
Ce plan global de formation et d'adaptation comporte trois axes : l'adaptation des connaissances techniques des salariés (en électronique par exemple), des méthodes de travail (avec une formation à des outils de gestion de leur métier), et des formations plus globales en management, encadrement, “efficacité professionnelle ou personnelle" et en anglais. “Nous avons soumis ce plan à la Direccte, à l'UIMM et au Conseil régional en début d'année", précise Emmanuel Tellier, qui insiste sur l'importance du partenariat noué avec l'UIMM et l'Opcaim, Opca de la branche. “Nous avons expliqué et justifié les besoins et nous avons préparé ensemble notre plan. Aujourd'hui, un comité de pilotage paritaire suit l'avancement de ce projet."
L'Opcaim participe au projet à hauteur de 350 000 euros, l'État (via le Fonds national de l'emploi) à hauteur de 268 000 euros, et le Conseil régional, à travers le fonds de formation Iris (intervention régionale pour l'investissement social) alloue 160 000 euros à ce plan. L'entreprise investit de son côté 200 000 euros.
“Ce projet est une belle illustration de notre dispositif de résistance à la crise"
Pourquoi la Région s'est-elle investie dans ce plan de formation ?
Nous avons-là une entreprise de réputation internationale qui a près d'un siècle, mais qui est en perte de compétitivité faute d'investissements pendant trop longtemps. Les nouveaux actionnaires ont choisi de procéder à des investissements lourds, tant en équipement que dans la formation de l'ensemble des salariés. Nous choisissons donc d'être aux côtés de cette entreprise sur le volet formation. Le projet économique de l'entreprise est intéressant : il s'agit de maintenir dans la région le dernier fabricant français de moteurs marins, tout en lui donnant une dimension commerciale et de production de portée internationale. Ce projet est une belle illustration de notre dispositif de résistance à la crise “Iris - Former plutôt que chômer", dans le cadre duquel la situation économique conjoncturelle difficile d'une entreprise est mise à profit pour former ses salariés.
La compétence de la Région est notamment celle de la formation professionnelle en direction des demandeurs d'emploi. Mais la crise a exigé de nous une autre réponse. Nous ne pouvons plus continuer à appréhender la formation en “tuyaux d'orgue", avec pour chaque partenaire concerné ses compétences et ses publics. Il nous faut conjuguer nos efforts et mutualiser nos moyens, soit pour soutenir des entreprises en difficulté en formant leurs salariés (dispositif Iris), soit en travaillant conjointement avec les partenaires sociaux pour sécuriser au mieux les parcours des personnes les plus fragiles (temps partiel subi, saisonniers, etc.). Et au-delà, avoir une vision à moyen terme en mettant en place de véritables “gestion territoriales d'emploi et de compétences" pour envisager sereinement les qualifications de demain, ainsi qu'accompagner et préparer les mobilités des salariés.
Nous disposons d'autres modalités d'aide aux entreprises, que nous avons d'ailleurs adapté au contexte de la crise pour être aux côtés des entrepreneurs dans un souci de solidarité et de sauvegarde de l'emploi. Nous avons mis en place des dispositifs d'ingénierie financière, avec un fonds de garantie et un fonds de co-investissement, et des prêts à taux zéro qui accompagnent tous les stades de la vie des sociétés.
Propos recueillis par S. G.
Notes
1. | ↑ | Weichai Power (WP) est une société chinoise spécialisée dans l'industrie automobile. |