Négociation formation : une séance bloquée

Par - Le 16 novembre 2013.

“Du surplace !" C'est ainsi que Stéphane Lardy, secrétaire confédéral FO chargé de l'emploi et de la
formation professionnelle, résume la dernière séance de négociation sur la formation professionnelle,
qui s'est tenue le 5 novembre. Et il n'est pas le seul à le penser.

Dans leur grande majorité,
les organisations de salariés
affirment ne pouvoir négocier
dans de bonnes conditions
face à un patronat divisé, à une
définition du CPF (compte personnel
de formation) qui reste floue et
envisagée “a minima" par le Medef… “Je
ne pense pas que l'on aura fini de négocier
le 12 décembre prochain, comme cela est
prévu", indique de son côté Jean-Pierre
Therry (secrétaire confédéral CFTC
en charge de la formation), exprimant
également un sentiment partagé.
La rencontre a d'ailleurs fait l'objet
d'une interruption de séance, que les
syndicats attribuent à une nécessité,
pour le patronat, de resserrer ses rangs.
En définitive, seule la CFDT présente
un discours positif, considérant que
même si dans le contenu, le texte du
Medef contient de nombreux points
qui ne lui conviennent pas, “sa structure
est intéressante".

Méthodologie remise
en question


“Tout le monde n'est pas d'accord sur la
méthodologie. Le Medef souhaite que
l'on déroule son texte, mais tout le monde
n'est pas d'accord", explique Dominique
Jeuffrault, déléguée nationale
CFE-CGC à la formation professionnelle.
C'est pourquoi la CGT a
proposé de s'éloigner de cette méthode
par la mise en place de groupes de
travail thématiques (financement,
gouvernance, FPSPP, etc.), formés
selon les centres d'intérêt de chacun.
“Les organisations syndicales et patronales
pourraient travailler ensemble, et
présenter des parties de texte sur les
points coeur de la négociation lors de la
prochaine séance", déclare Catherine
Perret, secrétaire confédérale CGT. “Les
seules propositions qui intéressent le Medef
pour le moment, c'est l'externalisation du
compte personnel de formation, la fin
“Du surplace !" C'est ainsi que Stéphane Lardy, secrétaire confédéral FO chargé de l'emploi et de la
formation professionnelle, résume la dernière séance de négociation sur la formation professionnelle,
qui s'est tenue le 5 novembre. Et il n'est pas le seul à le penser.
de l'obligation légale, et la gouvernance
régionale", ajoute-t-elle.
Si la CFE-CGC, la CFTC et la CFDT
semblent favorables à la démarche, Force
ouvrière ne compte pas y participer.
“Nous allons de nouveau présenter notre
propre texte", indique Stéphane Lardy.
D'ici la prochaine négociation, le
21 novembre, des bilatérales doivent
être organisées entre les organisations
syndicales et patronales. “La prochaine
séance va être importante. C'est là que
nous verrons si la négociation bascule ou
non. Le Medef ne peut plus rester sur ses
positions, arriver avec son propre texte en
poussant les autres", poursuit le représentant
FO.

Un patronat toujours divisé

De manière générale, les partenaires
sociaux déplorent le manque de
cohésion patronale sur ce dossier. La
CGPME s'était illustrée lors de la
précédente séance de négociation en
présentant un texte alternatif à celui du
Medef, car elle juge que ce dernier lèse
les petites entreprises en mettant à mal
le principe de mutualisation sur le plan
de formation (voir L'Inffo n° 843, p. 2).
L'organisation avait ensuite annoncé
vouloir rencontrer toutes les autres, une
à une. “Ces bilatérales n'ont pas encore
toutes eu lieu, mais le temps passe et nous
sommes toujours dans les starting blocks.
Or, la date limite de la négociation reste
la même… Il est difficile de négocier sur
un texte qui n'émane que d'une seule organisation
patronale, il faut que les trois
puissent se fédérer pour qu'il soit possible
d'avancer", indique Jean-Pierre Therry.
Pour les partenaires sociaux, l'une des
questions à résoudre en premier lieu est
celle du contour du CPF. “La présidente
de la commission formation du Medef a
été claire : elle a dit que le CPF n'était pas
un dispositif, mais un droit. Il n'a donc
pas de financement dédié. Pour nous, c'est
un vrai problème", déclare Jean-Philippe
Maréchal (CGT).

La plupart des organisations ont mis
en avant l'importance d'éclaircir la
question de l'abondement du CPF,
notamment par l'employeur. Question
qui devrait être au coeur de la prochaine
séance de négociation. “Nous voulons
des financements limpides et fléchés
qui répondent à l'objectif politique de
manière claire, ainsi qu'au besoin de mutualisation",
indique le secrétaire général
adjoint de la CFDT, Marcel Grignard.

AU PROGRAMME DU 21 NOVEMBRE

Ce quatrième rendez-vous de négociation a été marqué par une longue interruption,
au bout de laquelle le Medef et la CGPME sont revenus sans avoir convenu d'une
position commune. Florence Poivey, négociatrice pour le Medef, a assuré qu'elle
continuerait à travailler “pour convaincre et essayer d'aboutir à un texte commun
pour la prochaine séance". Point de divergence avec la Confédération des PME, la
question du maintien d'un socle légal de financement de la formation professionnelle
n'est pas encore arrêtée dans sa propre organisation. Florence Poivey compte garder
la même architecture du texte, car elle estime qu'il y a “une cohérence dont nous
sommes extrêmement convaincus les uns et les autres. Si nous arrivons à maintenir
cette cohérence, cela créera véritablement une dynamique vertueuse". Au programme
de la prochaine séance du 21 novembre, les questions de financement, à peine abordé,
et de la mutualisation. La chef de file de la délégation patronale se dit “sereine" sur
l'issue de la négociation d'ici à la fin de l'année, conformément au calendrier fixé par
le gouvernement. Même si elle reconnaît que les négociateurs sont encore “loin d'être
arrivés au bout des sujets" à traiter.