Pascale Gérard, une battante au PS
Par Philippe Grandin - Le 16 septembre 2013.
Trois lieux de vie : Menton, Marseille (siège
du Conseil régional), Paris (rue de Solferino).
Une passion : la formation. La politique ? “Ce
n'est pas un métier, mais un mandat confié
par le peuple et qui requiert beaucoup de
travail..." À 54 ans, Pascale Gérard est une
femme pressée, toujours dans le train entre
Paris et Marseille. Elle arrive à notre rendezvous
son téléphone à la main, sa valise dans
l'autre. Mais détendue, pourtant.
Ambitieuse ? Elle “accepte les défis". Quand
Michel Vauzelle, président socialiste du
Conseil régional de Provence-Alpes-Côte
d'Azur (Paca), lui confie, en 1998, le volet
formation professionnelle et apprentissage,
elle n'avait “jamais entendu parler de
formation auparavant et j'ai donc beaucoup
travaillé pour posséder la technicité
nécessaire et faire des choix politiques",
confie Pascale Gérard. Elle s'est d'ailleurs
vite imposée, “en instaurant un rapport de
force avec les techniciens, car l'élue n'est pas
une potiche !" Une vraie culture de combat,
acquise auprès de parents militants. “J'ai
commencé en politique à l'âge de 16 ans à
l'extrême gauche, par opposition à mon père
qui était au PS... Mon adhésion au PS date
de la campagne présidentielle de 1981", se
souvient-elle.
Pas de stratégie politiquesans maîtrise technique
Pierre Ferracci, PDG du groupe Alpha,
apprécie sa “maîtrise technique et politique.
Elle a compris que pour avoir une stratégie
politique avisée, il est nécessaire de maîtriser
la technique des dossiers", souligne-t-il.
À l'appel de Michel Vauzelle, pour maîtriser
son sujet, elle dévore à l'époque un
abécédaire de la formation ! “Le bouquin ne
m'a pas quittée pendant des mois et j'ai très
rapidement été passionnée par ce secteur."
Autre appel fin 2008, et non des moindres,
celui de Martine Aubry, élue première
secrétaire du PS, qui “me demande de
rejoindre son équipe, sachant que je
suis proche de Bertrand Delanoë". Dans
la foulée, Pascale Gérard est désignée
secrétaire nationale du PS
chargée de la formation
professionnelle. Une fierté
pour son département
(Alpes-Maritimes,
06) et sa fédération.
Une reconnaissance
du travail accompli ?
“Sans doute ! Cela fait
maintenant quinze ans
que je m'occupe de
formation professionnelle
et à la Région, nous
expérimentons des
politiques publiques
permettant de répondre au
mieux aux besoins de nos
concitoyens en matière
de formation permanente,
dans le cadre d'un grand
service public régional." Elle est ainsi
partagée entre ses responsabilités nationale
et régionale.
Avait-elle également été pressentie pour
occuper le poste de ministre déléguée à la
Formation professionnelle ? Réponse sans
sourciller : “Non. Je suis au service de
Michel Sapin et cela me convient très bien !"
La “parole magique" d'Yvette Roudy
Ambitieuse, donc, sur le plan de ses
positions politiques qu'elle défend
avec ferveur. La parité homme-femme,
autre passion, “m'intéresse dans tous
ses aspects". Elle plaide d'ailleurs pour
“un même nombre d'appentis filles et garçons
au sein des grands comptes où l'État est
actionnaire". Et de revendiquer une “parole
magique" d'Yvette Roudy, ministre des Droits
de la femme (1981-1986) : “La parité sera
réellement atteinte quand en politique, il y
aura autant d'incompétentes qu'il y a d'élus
incompétents."
“Elle a l'ambition de ses convictions",
confirme Stéphane Lardy, secrétaire
confédéral FO. Des convictions “qu'elle porte
haut et fort. Et si elle peut obtenir un poste
ministériel pour défendre des questions qui
touchent à l'humain, alors c'est une bonne
ambition pour elle". Le syndicaliste loue en
Pascale Gérard son “ouverture d'esprit" et
“son écoute, même si nous ne sommes pas
toujours d'accord".
Pour Pierre Ferracci, “Pascale est un
mélange de fermeté dans ses convictions et
d'ouverture. Dans un monde politique fait de
clivages, elle défend ses convictions tout en
étant soucieuse du compromis. Elle a le sens
des équilibres", fait-il observer. Cette élue
est “une femme de dialogue constructif",
juge Stéphane Lardy, et qui, sur les questions
de formation, “cherche toujours à améliorer
la qualification des citoyens : jeunes,
demandeurs d'emploi, salariés. Elle peut être
amenée à bousculer les choses, et ce n'est
pas plus mal !"
“Dans ma région, il y a un prix de
l'apprentissage au féminin, fait valoir
Pascale Gérard. Les jeunes femmes
expliquent ainsi quel a été leur cheminement,
et comment elles se sont opposées à leurs
parents, aux préjugés, à la pression sociale,
aux représentations sur les métiers."
La lutte continue...