Questions à Jean-François Pilliard, délégué général de l'Union des industries et métiers de la métallurgie, vice-président du Medef
Par David Garcia - Le 16 octobre 2013.
“L'UIMM est le premier formateur industriel de France"
Qu'est-ce qui fait la force de l'UIMM ?
Son réseau et la qualité de son expertise
dans le domaine du social, de l'emploi, de la
compétence et de la formation. Avec celle
du bâtiment, la branche de la métallurgie
est celle qui dispose du plus large réseau
territorial. L'UIMM s'appuie sur 78 chambres
syndicales, 42 centres de formation
continue, et 46 centres de formation
d'apprentis.
L'UIMM a toujours eu dans le champ de
la formation professionnelle une organisation
de grande qualité, qui en fait le
premier formateur industriel de France,
avec des résultats très performants, par
exemple dans le domaine de l'apprentissage.
Aujourd'hui, 85 % de nos apprentis
accèdent à un diplôme. Et six mois après
leur formation, 85 % d'entre eux trouvent un
emploi.
L'Opcaim a bénéficié à lui seul de 83 %
des financements Fup puis FPSPP au
titre du chômage partiel en 2009 et 2010.
Était-ce justifié ?
Oui, les chiffres le démontrent, les filières
de la métallurgie et de l'industrie sont
depuis mi-2008 globalement les secteurs
les plus affectés par les baisses de volumes
d'activité et par la diminution des marges.
De la mi-2008 jusqu'en 2013, la métallurgie
a ainsi enregistré une baisse du volume
d'activité de 12 % et les marges ont atteint
un niveau historiquement bas. Dans ces
conditions, il est normal que la métallurgie
ait eu recours au chômage partiel plus que
d'autres.
Certaines organisations syndicales
affirment que l'UIMM a pesé de tout son
poids pour obtenir ces financements.
Le Fonds paritaire de sécurisation des
parcours professionnels a décidé de financer
ces actions lors de conseils d'administration
au cours desquels l'ensemble des partenaires
sociaux étaient présents. Il s'agissait
de favoriser la sauvegarde des compétences,
particulièrement celles de l'industrie,
dans une conjoncture économique
particulièrement difficile pour elle.
En tout état de cause, il convient de relativiser
le poids de la métallurgie dans les
bénéficiaires du FPSPP. L'Opca de la métallurgie
qui est un important contributeur de
ce fonds ne bénéficie pas, par exemple, de
la péréquation.
Qui a bénéficié de ces actions
de formation ?
Nous avons fait un bilan au niveau de la
CPNE (commission paritaire nationale pour
l'emploi) de la branche. Une grosse partie
des efforts se sont portés vers les PME, car
les salariés de ces entreprises accèdent
moins facilement à la formation que ceux
des grosses structures.
Certaines organisations syndicales
reprochent à l'UIMM de privilégier
les formations courtes au détriment
des formations longues, plus
qualifiantes selon eux...
Il n'y a pas de démonstration selon laquelle
les formations longues sont toujours plus
efficaces que des formations plus courtes.
Les formations longues peuvent être plus
adaptées quand elles s'adressent à des
salariés dont le socle de compétences
est faible. Mais pour ceux qui sont mieux
formés à la base, les formations courtes
permettent d'aller plus vite. Il ne faut pas
opposer ces deux approches. La branche
de la métallurgie propose de nombreux
parcours de formation à la carte, en fonction
de l'évaluation préalable du stagiaire et des
compétences nécessaires pour accéder à
l'emploi.
L'UIMM a-t-elle regagné le terrain perdu
en 2007 ?
Oui, l'UIMM a aujourd'hui une efficacité
reconnue par l'ensemble des acteurs
concernés. Son offre vis-à-vis des entreprises
adhérentes s'est renforcée. Sa
gouvernance et ses modes de gestion sont
lisibles et opérationnels. L'UIMM a, par
ailleurs, mis en place pour ses adhérents un
certain nombre de programmes transverses
(le fonds de dotation pour l'insertion1 ; la
recherche et l'innovation ; des prêts participatifs
pour le développement des PME-TPE ;
des programmes de communication destinés
à renforcer la créativité du secteur).
Aujourd'hui, l'UIMM exerce-t-elle un
leadership dans le camp patronal?
L'UIMM est l'un des contributeurs
importants compte tenu de son expertise et
de son expérience dans le champ du social.
Elle exerce cette contribution dans un esprit
adapté à l'environnement actuel et futur.
On dit de vous que vous êtes le deuxième
fort du Medef, après le président Pierre
Gattaz lui-même issu de la métallurgie.
Je suis l'un des quatre vice-présidents au
côté de Pierre Gattaz. Je me considère
comme un équipier et suis uniquement
motivé par notre efficacité collective au
service des entreprises.
Propos recueillis par David Garcia