Syndicats : un an de crise... et maintenant ?
Par Benjamin d'Alguerre - Le 01 octobre 2013.
Une direction apostrophée, des portes de
CE qui claquent, une situation qui pourrit, un
dialogue social qui vire au dialogue de sourds
et, in fine, l'arrivée d'un nouveau dirigeant
porteur d'un projet de refondation… la
situation vécue par le CIDJ durant près d'un
an n'est pas sans rappeler celle connue par
l'Afpa entre 2010 et 2012.
“Une année fortement marquée par les
troubles psychosociaux constatés tant par le
CHSCT que la médecine du travail", témoigne
Antoine Cancellieri, administrateur représentant
du personnel au sein du Centre. “Le pire,
c'est que le ministère de la Jeunesse et des
Sports, notre autorité de tutelle, demandait
une réflexion de fond sur le CIDJ et un projet
pour adapter l'information jeunesse aux
enjeux d'aujourd'hui… certainement pas un
plan social comme la direction nous l'annonça
lors d'une séance de comité d'entreprise en
début d'année !", affirme l'administrateur.
Obtenir de nouvelles “perspectives à long terme"
“Durant cette année, toute tentative de
dialogue se traduisait par le sentiment de
parler à un mur", assure, pour sa part, Anne
Sémécurbe, déléguée syndicale Sep-Unsa [ 1 ]Syndicat de l'éducation populaire
du CIDJ. Une attitude qu'aujourd'hui encore
elle ne s'explique pas. Un an de conflit, donc,
de pétitions – 1 000 signatures à ce jour –,
de lobbying (plusieurs élus municipaux de
Paris ont soutenu le Centre, ainsi que des
parlementaires, comme les députés MRC et
PS Jean-Luc Laurent et Patrick Bloche), la
mise en ligne du blog “CIDJ en danger",
parfois, le sentiment que l'agenda budgétaire
du Centre – l'ancienne direction ayant
annoncé que l'association se verrait en cessation
de paiements à la fin décembre 2014 –
butait contre l'agenda politique de certaines
instances. “À cause du troisième acte de la
décentralisation qui se fait attendre, le Conseil
régional d'Île-de-France, partenaire du CIDJ,
est resté dans le cadre de la convention qui
portait sur une subvention de 272 000 euros,
sans tenir compte de la situation d'urgence !",
dénonce Antoine Cancellieri.
Un attentisme d'autant plus fâcheux, selon
lui, qu'au travers de son réseau information
jeunesse, le Centre est un associé de
longue date de la Région, dans le cadre
d'actions communes en direction des
jeunes. “La nouvelle direction souhaite
reprendre contact au plus tôt avec les instances
régionales. C'est une bonne chose,
il faut passer la surmultipliée, désormais."
La nouvelle direction, justement. L'arrivée de
Philippe Salles – ancien de la maison – avec,
dans sa besace, la volonté de mener cette réflexion
sur les nouvelles orientations du CIDJ,
a tendance à rassurer. “Tout le monde s'accorde
à penser que le modèle du CIDJ, tel qu'il
a été fondé, n'entre plus en résonance avec
les évolutions sociétales et technologiques",
analyse Anne Sémécurbe. En somme, il faut
“réinsuffler du sens dans l'information jeunesse",
au lieu de tenter d'“ajuster la masse
salariale aux contraintes budgétaires".
Aussi, pour les représentants du personnel,
l'annonce, par Philippe Salles, de son ambition
de voir le Centre accroître ses partenariats
avec d'autres acteurs de l'orientation,
de l'emploi, de la formation ou des questions
relatives à la jeunesse, va dans le bon sens.
“Nous avons particulièrement apprécié l'implication
bienveillante de Benoît Hamon dans
ce dossier, reconnaît Antoine Cancellieri.
À l'avenir, il pourrait être souhaitable de
créer des passerelles entre l'information
jeunesse et le champ de l'économie sociale et
solidaire."
Car, bien que les calculs de la direction sortante,
qui concluaient donc à la cessation de
paiements fin 2014, aient été révisés de façon
plus rassurante, les problèmes de trésorerie
demeurent. Une situation budgétaire qui, aux
yeux des élus Sep-Unsa, ne pourra que reposer
sur la construction d'un nouveau modèle
économique, assorti d'une vision de l'avenir
portant sur les dix ou quinze prochaines
années. Les IRP sont unanimes : “Ce n'est
pas d'un replâtrage dont le CIDJ de demain
a besoin, mais de perspectives à long terme."
UNE OFFRE DE FORMATION DOUBLEE EN 2014
Avant même que l'actualité du CIDJ ne soit marquée par
l'arrivée d'une nouvelle équipe dirigeante et la perspective
d'un nouveau modèle de développement, la crise du Centre a
entraîné la mise en chantier de nouvelles prestations destinées
à diversifier son activité économique. Et c'est en puisant dans
son expérience formatrice – le CIDJ est OF certifié – et sa
capacité à inventer des modules “sur mesure" adaptés aux
besoins de ses clients que l'association s'est, dès 2012,
penchée sur la conception d'une nouvelle offre de formation
étendue au-delà de ses clients traditionnels qu'étaient les
acteurs de l'accueil et de l'information jeunesse, et a donc
conçu, en 2012-2013, six modules de formation, auxquels
s'ajouteront six autres d'ici à 2014. “Il existe une forte demande
de formations « intra », ouverte à des professionnels de
l'accompagnement, de l'orientation ou de l'éducation", indique
Fatima N'Diaye, responsable formation au sein du CIDJ.
“Cette situation nous a permis de concevoir une offre nouvelle,
permettant à ces publics de se former sur des thématiques
comme les secteurs qui recrutent, la mobilité européenne,
l'insertion et l'entreprise ou encore l'accompagnement
à l'acquisition de la maîtrise des outils de recherche d'emploi
et de documentation."
Autant de modules qui, au cours de l'année ont su séduire
des publics aussi divers que l'Université d'Évry, le réseau des
Missions locales de Bretagne, la BPI de Beaubourg ou encore
le collège La Source de Meudon. En 2014, le CIDJ compte bien
monter en puissance sur la conception de formation sur mesure
et le développement de ce marché. “Nous sommes connus
au sein de notre réseau, mais pas encore assez à l'extérieur,
précise Fatima N'Diaye, l'une des pistes à explorer pour l'avenir
pourrait reposer sur la constitution de nouveaux partenariats
avec d'autres acteurs, ce qui nous permettrait d'étendre nos
prestations… À voir si cette stratégie peut s'inscrire dans l'axe
global du CIDJ que prépare Philippe Salles."
Notes
1. | ↑ | Syndicat de l'éducation populaire |