Trois questions à Jean-Pierre Brard, député de Seine-Saint-Denis, membre de la Miviludes

Par - Le 16 octobre 2013.

“Grâce aux formations, une secte peut accéder
à des personnes qui occupent des postes sensibles…"

Pourquoi le monde de la formation professionnelle
semble-t-il attirer les sectes ?


Les groupes sectaires ont une ambition financière, c'est
l'une de leurs particularités, et la formation professionnelle
ne manque pas d'argent. Sa vulnérabilité réside dans le
fait qu'elle draine des sommes considérables et qu'il y a
très peu de contrôles sur ce qui est mis derrière l'appellation
“formation". De plus, les employeurs s'acquittent sans
trop de difficultés du paiement des sommes demandées.
Enfin, les formations permettent d'avoir accès à tous les
salariés d'une entreprise, ou presque. Par la création d'une
ambiance d'empathie, ces groupes sectaires recueillent
des informations qu'elles n'auraient jamais pu obtenir
dans d'autres circonstances. Grâce aux formations, une
secte peut accéder à des personnes qui occupent des
postes sensibles. Elles peuvent ainsi élargir leur cible de
recrutement. Ces personnes ciblées peuvent travailler sur
des projets confidentiels ou dans des services informatiques,
par exemple. Spontanément, elles n'auraient jamais
franchi les portes d'une secte mais peuvent se retrouver
piégées.

Comment procèdent ces groupes sectaires pour
attirer leurs “cibles" ?


Ils évoluent en permanence, avancent souvent masqués,
avec des thèmes qui séduisent. Parfois, ils infiltrent des
domaines techniques et l'approche se fait de manière
différente. Dans ces cas plus rares, l'intitulé de la formation
ne permet pas de détecter le danger qui existe pourtant dans
les relations qui se nouent : ces professionnels repèrent les
fragilités des individus et peuvent engager une démarche
“fusionnelle". On peut aussi parfois détecter un risque avec
ce qui tourne autour du développement de l'individu, ce qui
est en rapport avec les expressions de “bien-être" ou de la
santé …

Quelles solutions peuvent être mises en place pour
lutter contre les sectes ?


Les plus vulnérables sont les services des ressources
humaines qui n'y connaissent pas toujours grand-chose en
matière de formation professionnelle et peuvent être attirés
par des descriptifs alléchants. Pour éviter de piéger les
salariés, ils peuvent interroger la mission interministérielle qui
leur donnera des conseils avisés. Ils doivent aussi garder leur
esprit critique et ne pas se laisser influencer par des discours
qui ont été bien préparés. Ils doivent toujours demander des
références aux formateurs, surtout quand il est question de
“développement personnel". Et je leur suggérerais de prendre
le temps d'assister à une séance pour se faire une opinion de
la formation qui sera dispensée !