Afpa - Un retour progressif à l'équilibre financier

Par - Le 01 juin 2014.

L'Association pour la formation
professionnelle des adultes serait-elle
en train de sortir la tête de
l'eau ? C'est ce qui semble ressortir
de ses résultats trimestriels,
qui indiquent un retour progressif
à l'équilibre financier avec, notamment,
une progression de 3,2 % de
son chiffre d'affaires pour le premier
trimestre 2014, passant d'un résultat
de 196 millions d'euros voici un an à
202 millions fin mars dernier.

Fortes réduction
d'effectifs


Quant à l'excédent brut d'exploitation,
s'il était dans le rouge l'an
passé (- 8,7 millions d'euros), il repasse
désormais en positif à 3,8 millions.
Une conséquence du “plan
de refondation" initié en 2013 par
Yves Barou, peu de temps après sa
nomination à la tête de l'opérateur ?
En partie, puisque la réduction des
effectifs, bien qu'entamée dès 2009
par l'équipe précédente et fondée
sur le non-remplacement des départs
à la retraite, a fait passer l'effectif
de 11 000 salariés à près de 8 500
aujourd'hui. Cette réduction s'est
accompagnée d'un gel des salaires
et d'une rationalisation des centres
de formation de l'Afpa, afin de rassembler
les structures éparses sur
les territoires et de doter les entités
nouvelles ainsi créées d'équipes de
direction locales pour éviter l'isolement
des sites.

Le marché des “100 000
formations prioritaires"


“Ce retournement résulte des importants
efforts consentis par tous les
salariés de l'Afpa qui ont pu maintenir
une qualité élevée de formation avec
des moyens contraints", reconnaît-on
à la direction. Toutefois, la restructuration
interne n'explique pas, à elle
seule, les bons résultats retrouvés,
qui doivent beaucoup au positionnement
de l'Afpa sur le marché des
“100 000 formations prioritaires"
(30 000 demandeurs d'emploi sont
déjà entrés en formation en 2013 ;
70 000 nouveaux chômeurs devraient
leur succéder tout au long de 2014)
ainsi que son implication dans la
reconversion des salariés touchés par
les divers PSE ayant émaillé l'actualité
sociale, de Michelin à Peugeot, en
passant par Mory-Ducros.

Les syndicats, entre
scepticisme...


Pour autant, si l'Afpa a pu bénéficier
de ces situations exceptionnelles, certaines
organisations syndicales continuent
à tirer la sonnette d'alarme sur
la dégradation de la commande au
quotidien. “Au plan territorial, 2014
est marqué par un recul de près de
30 % des commandes en provenance
des Régions", avertit Dominique
Saint-Araille, secrétaire général Force
ouvrière des personnels de l'Afpa.
“À l'exception de quelques Conseils
régionaux, comme ceux de Provence-
Alpes-Côte d'Azur ou du Nord-Pas-de-
Calais, qui maintiennent un niveau de
commande sensiblement équivalent
à celui de l'année passée, la décroissance
est globale."

Dès 2012 et la présentation du
plan de refondation par la nouvelle
direction de l'opérateur, FO avait
déjà signifié son scepticisme quant
aux nouvelles orientations et à ses
conséquences sur l'activité de l'Afpa.
“Malheureusement, le temps nous a
donné raison… en dépit des chiffres
avancés par la direction, l'activité de
formation de l'Afpa reste inférieure
de 6 à 7 % à ce qui était prévisionné,
au point que certains salariés s'interrogent
sur la pérennité de l'opérateur",
souligne le syndicaliste Force
ouvrière.

... et soulagement

Plus optimiste, son homologue de
la CFDT, Alain Guillemot, voit dans
ces résultats économiques un “signe
encourageant" qui pourrait marquer,
pour les salariés, la fin de l'époque
des vaches maigres. “Puisque l'exercice
est reparti à la hausse, alors il
est normal que les salariés puissent
bénéficier de la croissance retrouvée.
À l'occasion des prochaines
négociations annuelles obligatoires,
la CFDT demandera l'arrêt du gel des
salaires et leur réévaluation à la mesure
des chiffres de l'excédent brut
d'exploitation."

Le constat de
la “sous-activité"


Si la CFDT conserve un optimisme à
toute épreuve, la situation de l'opérateur
demeure précaire. Le 10 avril
dernier, lors du comité central d'entreprise
de l'Afpa, Yves Barou annonçait
une situation de “sous-activité"
au sein des sessions de formation.
“40 000 stagiaires pour une capacité
d'accueil de 60 000… c'est un gâchis
social et un scandale public", avaitil
affirmé. Une situation à laquelle
la direction de l'Afpa compte bien
remédier grâce à sa nouvelle offre de
formation, axée davantage en direction
du marché privé par le biais du
compte personnel de formation et à la
mise en place, dès 2015, de sa nouvelle
plateforme numérique.

Garder sa “spécificité
sociale"


“Avec le CPF, nous passons d'un marché
exclusivement B to B [ 1 ]Business to business, inter entreprises. à un marché
qui deviendra, en partie, B to C [ 2 ]De l'entreprise au consommateur, puisque ce sont les salariés qui viendront
à nous directement", estime
Hervé Étampes, directeur général
de l'opérateur. Un discours teinté de
culture d'entreprise pour une association
qui ambitionne de “conforter
son rôle de leader sur le marché de
la formation" tout en affirmant souhaiter
conserver sa spécificité sociale
: “Si notre organisation et notre offre
évoluent, notre mission, elle, reste
inchangée : nous formons pour lutter
contre le chômage et pour aider les
entreprises qui peinent à recruter."

Notes   [ + ]

1. Business to business, inter entreprises
2. De l'entreprise au consommateur,