CIDJ : le “nouveau cap" est fixé

Par - Le 15 janvier 2014.

Confirmation de la redynamisation du dialogue social et affirmation de grandes orientations qui restent à concrétiser, tel est le bilan provisoire du très stratégique conseil d'administration du Centre d'information et de documentation jeunesse (CIDJ) qui s'est tenu le 19 décembre dernier. État des lieux avec le directeur général, Philippe Salles.

“Ma première priorité à mon arrivée [le 5 août 2013] était de
conforter l'interne", rappelle
Philippe Salles. Objectif :
inscrire l'organisme dans un
projet collectif, étape indispensable alors
que la mise en œuvre du nouveau projet
est appelée à “bousculer un certain
nombre de choses". Répétant à l'envi sa
satisfaction d'avoir obtenu, le 19 décembre,
un vote conjoint de la direction,
des syndicats et des partenaires
sociaux, le directeur général n'en est pas
dupe pour autant : “Ils sont d'accord sur
le cap, après, on verra bien…"
Une prudence qui va de pair avec la
réalité du déficit structurel que subit
le CIDJ. “Les fondamentaux ne sont pas
mauvais, nous n'avons ni dette ni emprunt,
mais nous produisons du déficit à hauteur
de 300 à 400 000 euros par an, ce qui
n'est pas supportable", explique-t-il. “Il
faut donc toucher au modèle économique,
trouver de nouvelles recettes et contenir les
charges." Se refusant pour l'heure à évoquer
des licenciements, le directeur général
espère visiblement préserver autant
que possible la paix sociale : “La tendance
n'est pas bonne, mais nous ne sommes pas
dans une situation extrêmement critique,
cela ne sert à rien de casser la boutique par
des mesures trop radicales." Reste qu'il en
convient lui-même, agir sur les curseurs
du tendanciel s'annonce délicat : “Il va
falloir négocier en interne : à quoi touchet-
on, à quel niveau, à quelle hauteur ?"

Quatre axes stratégiques

Pour l'heure, seule une feuille de route
approuvée par l'ensemble du conseil
d'administration indique les axes stratégiques
à traduire dans le plan d'action
2014-2016, qui reste à bâtir d'ici au
printemps prochain.

Le premier axe touchait à la survie même
du CIDJ en tant que structure unique.
Au vu des récentes rumeurs de partition
entre une structure CRIJ Île-de-France
calquée sur le modèle régional et une
structure de production nationale pour
le réseau, “ce n'était pas évident", rappelle
Philippe Salles : “Nous avons démontré
par A+B que cette partition n'était pas
viable dans la mesure où on allait, d'une
part, créer une structure pour laquelle ni la
Ville de Paris ni la Région n'étaient prêtes
à s'engager et, d'autre part, laisser flotter
une structure de production sur le marché
concurrentiel sans viabilité économique
puisqu'on allait perdre en masse critique et
en synergies."

De la structure unique dépend le deuxième
axe, dédié au renforcement et au
développement de l'offre de services.
Assumant l'ambition de “proposer des services
packagés, avec aussi bien de l'édition,
du print, du numérique que de l'événementiel",
le CIDJ intégré entend décupler
son offre aux collectivités, entreprises et
branches professionnelles. Consciente
de se trouver là sur un marché concurrentiel,
la structure s'est efforcée de travailler
son positionnement à travers une
réflexion sur son identité : “Qu'est-ce
qui nous différencie d'une Mission locale,
d'un CIO ou de Pôle emploi ?" Pour le
CIDJ, la réponse passe notamment par
des logiques de parcours accompagnés
qui s'intéresseront aux niches “peu ou pas
couvertes" par les partenaires naturels de
la structure. Ainsi de l'accès aux droits
sociaux [ 1 ]La question a fait l'objet d'un rapport du Conseil
économique, social et environnemental en juin 2012.
, d'un pôle Initiatives consacré à
l'entrepreneuriat des jeunes et à la création
d'activités et d'un service de conseil
à la mobilité internationale européenne.

Si le public principal reste les jeunes, le
directeur général souligne une évolution
de l'approche : “Nous ne partirons
plus forcément des jeunes mais davantage
de l'offre de services." Conséquence :
“Compte tenu de la situation économique,
nous serons forcément amenés à accueillir
de plus en plus de jeunes adultes en
recherche d'emploi, en reconversion, etc.
Mais si nos services d'accompagnement
collectifs et individuels n'auront pas forcément
de publics cibles sous forme de jeunes
de tel à tel âge, nous allons toutefois rester
sur cette problématique de premier rendezvous
créé sur des problématiques de parcours
de vie", prévient-il.

Au-delà de ces deux axes majeurs,
Philippe Salles évoque aussi un “chantier
de remise à plat des relations avec les
bailleurs territoriaux". Si les négociations
avec la Ville sont aujourd'hui en veille en
raison du calendrier politique, les pourparlers
avec la Région pourraient eux
reprendre d'autant plus rapidement que
la situation francilienne détonne : “En
province, le Conseil régional fournit 30 à
40 % du budget d'un Crij moyen, contre
à peine 5 % en Île-de-France", assure-t-il.
À noter, enfin, un quatrième axe “plutôt
dormant aujourd'hui" et qui concerne des
relations à activer avec la demi-douzaine
de partenaires ministériels, limitées dans
certains cas à la présence d'un représentant
au conseil d'administration.

Dès à présent et sans attendre le plan
d'action 2014-2016 prévu pour avril
prochain, Philippe Salles se donne pour
mission “d'aller confronter le projet et de
le partager avec des organismes comme
Centre Inffo, l'Onisep, la Direction de l'information
légale et administrative (Dila),
les ministères, les branches professionnelles
et les entreprises". Objectif : “Voir qui peut
concourir à notre développement dans le
court et le moyen termes"…

Le CIDJ dispose d'environ 7 millions
d'euros de budget annuel, pour
79 salariés.

AU CONSEIL
D'ADMINISTRATION


 Sept ministères (Sports, Jeunesse,
Éducation populaire et Vie associative,
Éducation nationale, Défense, Travail,
Justice, Santé, Outre-Mer) ;

 des associations de jeunesse
représentées par le Comité pour les
relations nationales et internationales
des associations de jeunesse et
d'éducation populaire (Cnajep) ;

 la Ville de Paris ;

 la Région Île-de-France ;

 deux représentants des CIJ de province ;

 quatre personnalités qualifiées
nommées par le ministère de l'Éducation
nationale, de la Jeunesse et des Sports ;

 deux représentants du personnel

MARIE RICHARD
NOUVEllE PRÉSIDENTE


Le nom de la présidente du CIDJ a été
dévoilé lors d'un conseil d'administration
exceptionnel, le 15 janvier. Personnalité
qualifiée désignée par Valérie Fourneyron,
ministre de tutelle, il s'agit de Marie
Richard. Inspectrice générale de la
Jeunesse et des sports, Marie Richard
est conseillère régionale PS depuis
1998. Elle a été conseillère au cabinet
de Roger Bambuck, alors secrétaire
d'État aux Sports, et directrice de cabinet
de Kofi Yamgnane, secrétaire d'État à
l'Intégration. Un choix qui satisfait
le directeur général Philippe Salles, avec
qui elle forme désormais le duo tant
réclamé par l'administrateur représentant
du personnel, Antoine Cancellieri.

Notes   [ + ]

1. La question a fait l'objet d'un rapport du Conseil
économique, social et environnemental en juin 2012.