Des recruteurs de plus en plus méfiants vis-à-vis de l'apprentissage

Par - Le 01 avril 2014.

“Environ 9 % de la population
active travaille dans l'automobile
ou un secteur proche et il
n'y a aujourd'hui aucun salon
spécifique dédié à l'emploi",
assure Bertrand Ricq, directeur
d'Autorecrute.com, filiale
emploi du groupe Argus. D'où
sa satisfaction d'être l'organisateur
de la première édition
du Salon de l'emploi automobile,
qui se tenait le 11 mars à
Paris, au siège du spécialiste
de la transaction de véhicules
d'occasion.

S'appuyant sur les statistiques
d'Autorecrute.com, Bertrand
Ricq veut croire en une embellie
de la tendance. Preuve
selon lui d'un marché de plus
en plus dynamique, les quelque
1 400 offres proposées aujourd'hui
par son site trouvent
preneurs en environ deux semaines,
quand les 1 000 offres
proposées début 2013 étaient
difficilement satisfaites en un
à deux mois. Aujourd'hui, pour
répondre à l'éternel problème
des “recruteurs qui ont du mal à
recruter" face à des “CV de très
bonne qualité qui ne trouvent
pas preneurs", l'événement
a retenu l'option du ciblage :
tous les candidats ont été présélectionnés
par Autorecrute
Conseil, cellule de conseil en
recrutement du groupe. Pour
étudier les 3 800 candidatures
reçues en un temps record,
l'entité a non seulement procédé
à un premier tri sur dossier,
mais également pris le
temps de rappeler individuellement
les candidatures prêtant
à discussion, affirme Bertrand
Ricq. Les critères de choix ?
“À la fois l'expérience dans le
secteur de l'automobile, le cursus
professionnel et le cursus
scolaire, pour avoir uniquement
des gens qui ont soit une
grande expérience dans l'automobile
même s'ils n'ont pas eu
de formation de base, soit des
jeunes titulaires d'une formation
dans l'automobile", nous
explique Bertrand Ricq.

Les offres de Renault
ou de Feu vert


Au total, les élus du 11 mars se
partagent entre 55 % de candidats
destinés à des postes
orientés commerce et 45 % à
des postes relevant du domaine
de la réparation et du service
après-vente. Si seulement 12 %
de femmes sont présentes sur le
salon, le directeur d'Autorecrute
assure pourtant que celles-ci
sont de plus en plus recherchées
sur les postes de commerciales
en concession.

S'agissant du niveau de formation
des candidats, 23 % sont
titulaires d'un BEP, CAP ou CQP
du secteur, 20 % du bac pro
et 35 % d'un bac + 2. Moins
représentés que dans d'autres
secteurs, les bac + 3 sont seulement
8 % et les bac + 4/5 10 %.
À la demande des recruteurs, un
petit nombre de candidats (4 %)
sans expérience dans l'automobile
mais dotés d'une très forte
expérience dans le commerce
ont également été retenus.
Seront proposés à la fois des
postes à des jeunes débutants
et des postes à des personnes
expérimentées dédiées à l'encadrement.
Dans le premier cas, et
à titre d'exemple, Renault Retail
Group rappelle ainsi pour l'occasion
son engagement de recruter
en CDI 100 jeunes âgés de moins
de 26 ans d'ici à la fin de l'année
2014. À l'inverse, le groupe Feu
Vert propose, lui, “25 postes
d'encadrement à pourvoir dès à
présent".

L'alternance ?
“Source de
problèmes"


Alors que les derniers chiffres
de l'apprentissage indiquent un
recul de 19 %, Bertrand Ricq
confirme en indiquant que les
postes proposés au salon le
seront très majoritairement en
CDD. “Le problème de l'alternance,
c'est que beaucoup
d'entreprises rencontrent des
problèmes avec leurs recrues",
affirme-t-il. Évoquant en guise
d'explication un problème
générationnel, le directeur
d'Autorecrute décrit des comportements
“un peu volages",
de jeunes qui auraient du mal
à se fixer et à respecter les
règles de l'entreprise. Sans se
prononcer sur un éventuel effet
“emploi d'avenir", il souligne
toutefois la réalité de cette désaffection
croissante et invite à
repenser les termes mêmes de
l'apprentissage.

Reste qu'au-delà de l'apprentissage,
l'offre de formation lui
paraît “probablement adaptée,
mais mal organisée" du fait de
l'absence totale de coordination
et de coopération entre les différentes
écoles. Au moins celles-ci
ont-elles répondu présentes à
l'invitation d'Autorecrute, qui les
a incitées à venir sur le salon
accompagnées de leurs étudiants
pour aider les candidats
à s'orienter. Dans le même état
d'esprit, un stand Autorecrute
Conseil permet de faire évaluer
son CV, de passer des entretiens
blancs et de bénéficier d'un service
photo gratuit.

Une chose est certaine pour
l'ensemble des candidats :
“L'automobile est un secteur qui
bouge vite et les recruteurs ont
besoin de régénérer les compétences."
Une chance pour
la formation continue ? “Il le
faudrait d'autant plus qu'avec
l'évolution rapide des technologies,
on risque désormais d'être
un peu has been dès la sortie de
l'école", prévient Bertrand Ricq.