En Languedoc-Roussillon, un schéma “formation" dédié aux actifs du tourisme

Par - Le 15 avril 2014.

Le Languedoc-Roussillon, comme toutes les régions touristiques, est marqué par un taux d'emplois
saisonniers important, et la formation permet à la fois de les “fidéliser" et de sécuriser leurs parcours.
Des objectifs pris en compte par le nouveau “schéma régional emploi-formation en tourisme".

Le tourisme est aujourd'hui un secteur
qui recrute et constitue un
enjeu majeur pour l'économie du
Languedoc-Roussillon. Renforcer
l'attractivité du territoire, développer
les compétences des professionnels et
favoriser l'innovation dans les prestations
touristiques sont des enjeux sur lesquels j'ai
souhaité que la Région soit mobilisée." Ce
sont les mots du président du Conseil
régional, Christian Bourquin, qui présentait
le “schéma régional emploi-formation
en tourisme", le 24 janvier dernier
à Thuir (Pyrénées-Orientales), lors des
7es Assises régionales du tourisme. “Pour
favoriser et valoriser ce secteur, il est indispensable
de solidifier son socle, ses employeurs
et ses salariés, par la formation",
avait-il ajouté.

Priorités : revaloriser l'image des
métiers, accompagner les entreprises
dans un environnement en mutation,
sécuriser les parcours professionnels
des actifs et adapter l'outil de
formation aux nouvelles exigences.

“Compte tenu des enjeux du secteur
du tourisme dans une région comme le
Languedoc-Roussillon, il est essentiel de
faire le lien entre nos dispositifs de formation
et les entreprises", commente
Béatrice Négrier, vice-présidente de
la Région déléguée à la formation
professionnelle et à l'apprentissage.

“Si nous parlons de qualité de service
pour les touristes, d'offre de service touristique,
d'accueil, de loisirs, de valorisation
de notre patrimoine ou encore de
notre capacité à vendre nos produits régionaux
regroupés sous le label « Sud de
France Languedoc-Roussillon », nous
devons forcément nous préoccuper des
compétences et, donc, de la formation
professionnelle."

Plusieurs Opca ont collaboré à
son élaboration


Le schéma adopté est applicable pendant
les trois années 2014-2016. Il
sera réajusté, si nécessaire, au cours de
cette période, en concertation avec les
services de l'État et les professionnels.

“C'est un document unique et utile à tous
les partenaires sociaux qui œuvrent dans
le champ du tourisme, indique Philippe
Mazza, directeur régional d'Agefos-
PME Languedoc-Roussillon. Il a vocation
à être prospectif. Plusieurs Opca ont
collaboré à son élaboration, en communiquant
le nombre de stagiaires formés,
de contrats de professionnalisation, les
besoins en compétences au niveau des
branches et des entreprises…" Au total,
ajoute-t-il, “50 branches professionnelles
(hôtellerie de plein-air, office de tourisme,
remontée mécanique, ports, industrie
nautique, pêche, etc.) ont désigné notre
organisme partenaire emploi-formation.
Dans ce domaine, les politiques de
branche sont décidées au plan national et
sur le terrain. Nous essayons de les articuler
avec celles de la Région, qui investit
énormément dans le tourisme au plan
local".

GPEC collective

Avec 7 milliards d'euros générés
par an, soit 15 % du PIB, et près de
60 000 emplois directs, le tourisme est
en effet un puissant moteur de l'économie
régionale. L'objectif est donc
d'utiliser au mieux le financement des
branches. Ainsi, dans le cadre d'un
partenariat, Pôle emploi, Agefos-PME
Languedoc-Roussillon et le Conseil
régional financent des POE (préparation
opérationnelle à l'emploi) collectives
dans les secteurs de l'hôtellerie
de plein air, de l'industrie nautique et
des ports. “Sur le plan de l'articulation
des politiques territoriales et de branche,
nous intervenons en matière de gestion
prévisionnelle des emplois et des compétences
individuelle (pour une entreprise)
ou collective (pour une branche, comme
celle de l'office de tourisme), souligne
Philippe Mazza. En mai-juin prochain,
nous allons mettre en oeuvre une GPEC
collective pour l'Union des villes portuaires
(UVPLR). Toujours par rapport
au schéma et la mise en place sur le territoire
d'actions collectives de formation,
nous travaillons dans les domaines de
l'accueil (dans les offices de tourisme, les
agences immobilières, etc.), de la maîtrise
des langues étrangères, de la transi
tion numérique (comment faire en sorte
que les sites internet des professionnels
du tourisme soient efficaces)."

Un “CDI emploi-formation"

Former les saisonniers... Philippe
Mazza reconnaît que ce n'est pas
simple car il faut trouver le bon tempo.
Avec le Fongecif, Pôle emploi et
le Conseil régional, Agefos-PME va
expérimenter un “CDI emploi-formation"
dans la branche de l'hôtellerie de
plein air − un dispositif qui existe déjà
en Bretagne. Les saisonniers exercent
un emploi pendant une partie de l'année,
suite à un recrutement en CDD.

L'idée est de leur faire signer un CDI
avec l'entreprise (ici, un camping) de
manière à ce qu'en fin de saison, ils
partent en formation pour préparer
un certificat de qualification professionnelle
(CQP) ou un CAP (maintenance
en bâtiment, par exemple). La
branche professionnelle financera à la
fois le coût pédagogique et la rémunération
du stagiaire, dans une perspective
de fidélisation et de sécurisation
de son emploi. Cet engagement financier
de la branche portera sur cinq ans,
soit un total de 1 000 heures de formation
(200 heures de formation par
an).

Par ailleurs, dans le cadre d'une
convention régionale avec Pôle emploi
déclinée dans d'autres régions, les
conseillers Agefos-PME Languedoc-
Roussillon visitent 2 000 entreprises
par an et remplissent le “Repère flash
emploi" (RFE) [ 1 ]Voir aussi dans ce numéro, p. 20. à partir de questions
relatives à l'économie, aux besoins en
formation, aux recrutements envisagés.
“L'ensemble des documents est centralisé
dans une seule agence Pôle emploi
LR, qui prend contact avec les entreprises
dans les 48 heures pour valider les
besoins d'emploi. L'idée est d'être très réactifs.
Si une entreprise souhaite recruter
une personne à l'accueil, par exemple,
Pôle emploi peut préconiser, en fonction
du RFE, une formation via une POE
individuelle ou collective, ou repérer les
futurs collaborateurs. Ce dispositif repose
sur un cofinancement Agefos et Pôle emploi",
fait valoir Philippe Mazza.

ENTRETIEN AVEC BÉATRICE NÉGRIER, VICE-PRÉSIDENTE DE LA RÉGION LANGUEDOC-ROUSSILLON, DÉLÉGUÉE À LA FORMATION PROFESSIONNELLE ET À L'APPRENTISSAGE

“C'est un enjeu social, mais aussi économique"

De quelle manière avez-vous élaboré vos
actions ?


La Région conduit sa politique en lien étroit
avec les partenaires économiques et sociaux.
Nous déclinons nos plans d'action toujours
selon cette méthode : un temps pour stabiliser
le diagnostic de la situation, un temps pour
définir en commun les enjeux, puis vient celui
de l'action. Pour davantage de cohérence, sont
définies des fiches actions et un “chef de file"
est désigné pour assurer la mise en oeuvre.
Il faut aussi veiller au suivi de nos résultats,
évaluer en temps réel. Les fiches actions
serviront de repères et au fur et à mesure de
l'avancement de ce schéma du tourisme. Sur
ses 10 fiches actions, trois sont pilotées par la
Région, une par le Comité régional du tourisme,
une par les Opca, deux par les CCI, une par Pôle
emploi, deux par les branches professionnelles.

Quels dispositifs avez-vous mobilisés pour
le développement des compétences ?


Cela pose la question de la formation des
salariés en activité, qui doivent adapter leurs
compétences à la demande de la clientèle,
mais aussi celle de la formation initiale
des jeunes en parcours scolaire, ou des
demandeurs d'emploi. J'attire particulièrement
l'attention sur un dispositif que nous mettons
en place depuis 2011, le “Pass LR pro", qui
permet d'accompagner les salariés pour les
aider à définir leurs besoins de formation
et les aider tout au long de leur démarche.
La loi vient de créer le conseil en évolution
professionnelle et je suis heureuse de vous
annoncer que cela s'est mis en place en
Languedoc-Roussillon, à notre initiative avec
les principales branches professionnelles, dont
le tourisme.

En quoi consiste le dispositif “parcours
métiers" ?


Ce dispositif est une déclinaison du schéma
qui est mis en oeuvre par Pôle emploi en lien
avec plusieurs branches, telles que l'hôtellerierestauration,
l'hôtellerie de plein air, les offices
de tourisme, les activités de pleine nature,
l'Opca Fafih et le Fongecif. Il s'agit d'anticiper
la fin de saison en proposant aux travailleurs
saisonniers des formations linguistiques, de
spécialité, ou des activités complémentaires.
La Région organise chaque année des salons
emploi-formation, les “TAF" (Travail, avenir,
formation), et, dans chaque département,
ils proposent des milliers d'emplois (plus
de 10 000 chaque année) et accueillent des
dizaines de milliers de visiteurs (plus de 60 000).
Nous avons cette année informé les employeurs
de saisonniers qu'en fin de saison, les équipes
de Pôle emploi allaient revenir vers eux pour
accompagner les personnels en fin de contrat.
C'est un enjeu social mais aussi économique,
car les entreprises gagneront en qualité avec
des salariés mieux formés.

Propos recueillis par Philippe Grandin

Notes   [ + ]

1. Voir aussi dans ce numéro, p. 20.