Encore d'importantes marges de progression pour la VAE
Par Claire Padych - Le 15 janvier 2014.
La troisième voie de certification professionnelle
a été créée par la loi de modernisation
sociale du 17 janvier 2002. Douze ans après,
elle ne représente toujours que 4 % des diplômes
délivrés, alors que 15 % le sont grâce
à la formation continue et 81 % (650 000) en
formation initiale. Une récente étude du centre
études et prospective du groupe Alpha [ 1 ] “La validation des acquis de l'expérience en France :
portées et limites d'un dispositif légal", déc. 2013. rappelle
que la VAE, dès l'origine, a suscité des rejets de
la part de l'Éducation nationale, et notamment
de fédérations syndicales. D'autres oppositions
se sont fait sentir du côté patronal et du SPE.
Pourtant, les positions ont évolué et l'auteur,
Mathieu Malaquin, note que l'Éducation nationale
“constitue désormais l'un des piliers du
dispositif : elle valide à elle seule plus des deux
tiers des certifications". Syndicats de salariés,
patronaux et service public de l'emploi ont, eux
aussi, changé d'avis. De plus, si la loi de 2002
ne prévoyait pas de budget dédié, des prises en
charge par les Fongecif ou par les Opca, mais
aussi par Pôle emploi et l'État, l'ont ouvert aux
demandeurs d'emploi comme aux salariés. Et la
mise en place du Fonds de sécurisation des parcours
professionnels par la loi de 2009 a introduit
une source de financement supplémentaire,
à travers le dialogue social sectoriel et les Opca.
Démarches concurrentes ?
Restent plusieurs faiblesses inhérentes au
dispositif. Selon l'auteur de l'étude, “l'appareil
de formation continue est hypertrophié :
50 000 prestataires de tous statuts, de toutes
tailles et de tous secteurs vivent de l'obligation
légale de financement de la formation
qui représente plusieurs milliards d'euros de
dépenses garanties chaque année. Ce système
laisse peu de place au développement
d'une démarche concurrente telle que la
VAE qui permet de certifier des compétences
autrement et surtout pour un coût moindre".
Il insiste sur le fait que la VAE constitue une
remise en cause de la certification telle que
la pratique la formation. Il suggère donc “une
meilleure articulation entre les deux dispositifs",
validation et formation.
Autre source de difficultés récurrentes : la question
de la constitution des jurys. “Leur tenue
suppose de disposer d'un réservoir suffisant
de professionnels formés et disponibles", ce
qui n'est pas le cas en raison de deux causes
majeures : la rémunération est insuffisante et
varie selon le niveau de certification visé, et par
ailleurs, les membres du jury ne sont souvent
eux-mêmes pas assez formés au type particulier
d'évaluation que constitue la VAE. Résultat :
faute d'un nombre suffisant de salariés pour
constituer les jurys, les délais s'allongent et
découragent certains candidats à la VAE.
Enfin, l'auteur déplore que la négociation sur
la réforme du système de formation professionnelle
“s'est focalisée sur la création d'un
compte personnel de formation sans jamais
poser la question de son articulation avec le
dispositif de la VAE".
Notes
1. | ↑ | “La validation des acquis de l'expérience en France : portées et limites d'un dispositif légal", déc. 2013. |