Formés en interne pour créer... leur propre entreprise

Par - Le 01 août 2014.

Qu'est-ce que l'“intrapreneuriat"
? À l'origine, un concept – un
peu abscons – théorisé aux États-
Unis à partir des années 1960 par
Gifford Pinchot et expérimenté
pour la première fois par le groupe
suédois Foresight en 1979. Le
but ? Permettre à un ou plusieurs
collaborateurs de l'entreprise de
mettre en place un nouveau projet
afin de développer l'activité
et de créer de la valeur ajoutée.
Dans les années 1990 et 2000,
cela s'est parfois traduit par la
création de véritables start-ups internes
(voire externes) au sein des
groupes où le chef de projet devenait
un quasi chef d'entreprise
autonome n'ayant qu'un minimum
de comptes à rendre à l'autorité
centrale. IBM aura ainsi réalisé sa
mutation en dix ans, en adaptant
ce principe pour se réorganiser.

Un cadre sur deux
n'en a jamais entendu
parler


La notion, cependant, reste méconnue.
Une étude menée par
les étudiants du CFA de l'IGS et
publiée le 18 juin dernier à l'occasion
de la première journée de
l'entrepreneuriat et de l'intrapreneuriat
révélait que sur un panel
de 103 personnes interrogées
(dont une majorité de cadres
moyens et supérieurs de grandes
entreprises), 48 % seulement
en avaient déjà entendu
parler. Des hommes, dans
leur majorité (59 %) parmi
lesquels seulement 52 %
se sentaient “incités" par
leur employeur (dont 28 %
seulement “un peu") à
développer de tels projets.
Ceci étant, parmi les sondés
ayant participé à ce
genre d'expérience, 87 %
en retiraient un bénéfice
positif en termes d'évolution
de carrière ou de
tremplin vers la création
d'entreprise.

Un débouché pour les
salariés qui se sentent
“végéter"


L'intrapreneuriat, sas d'accès
vers l'entrepreneuriat ? 66 %
l'affirment, car l'expérience est
souvent perçue comme une formation
de qualité vers la création
d'entreprise.

“L'intrapreneuriat peut constituer
un débouché pour un salarié
qui se sent végéter dans une
entreprise parfois sclérosée",
expliquait Jean-Philippe Leroy,
secrétaire général francilien du
groupe IGS. Ou une façon d'envisager
de fonder sa propre boîte
en bénéficiant d'un filet de sécurité
assuré par son entreprise
avant le saut dans le vide de la
création d'entreprise.

“C'est un peu ce que je reproche
aux récents discours de Najat
Vallaud-Belkacem sur le développement
de l'entrepreneuriat.
Ne le considérer que sous
l'angle de la lutte contre le chômage,
comme Raymond Barre
ou Jean-Pierre Raffarin avant
elle, alors qu'il s'agit avant tout
de porter un projet de long terme
qui contribuera à la cohésion
sociale générale", indiquait pour
sa part Yonel Choufane, directeur
général de l'institut Esam
(European School of Advanced
Management), co-organisateur
de cette journée thématique.

Passerelles entre
grands groupes et
start-ups


Le concept, en tout cas, séduit
la CGPME, qui y voit un moyen
d'attirer des profils très diplômés
vers des petites et moyennes
entreprises et qui parraine des
initiatives permettant de créer
des passerelles entre grands
groupes et petites start-ups, à
l'image du programme A, B, C,
Up à destination des étudiants
d'écoles de commerce destinés
à intégrer des grands comptes à
leur sortie d'études… et, pourquoi
pas, à devenir eux-mêmes
créateurs d'entreprise quelques
années plus tard.

Former ceux qui
se lancent dans la
création d'entreprise


“L'intérêt bien compris de la
CGPME, c'est l'accompagnement
de ceux qui se lancent dans
la création d'entreprise, qu'il
s'agisse d'étudiants, de salariés
en reconversion ou de demandeurs
d'emploi tentés par l'aventure",
soulignait Julien Dauzats,
chargé de mission emploi-formation-
entrepreneuriat au sein de
la CGPME Île-de-France. “C'est
cette valeur ajoutée qui nous différencie
vraiment du Medef sur
le fond. Nous n'oublions pas que
100 % de nos adhérents sont des
dirigeants qui ont engagé leur patrimoine
dans leur entreprise. Ils
n'auront pas de parachutes dorés
s'ils échouent. D'où l'importance
de savoir les accompagner."
Pour l'heure, il n'existe cependant
pas de réels cycles de formation
à l'intrapreneuriat hors
de programmes spéciaux proposés
par certains établissements
d'études supérieures. Mais après
le développement des pépinières
d'entreprises et autres business
angels, ce pourrait bien être une
prochaine étape.