Intérim - Une préfiguration du conseil en évolution professionnelle

Par - Le 15 mars 2014.

Alors que la loi sur la formation
professionnelle a été définitivement
adoptée par le Parlement le
27 février, nombre de ses dispositions
sont d'ores et déjà testées
ici et là. C'est notamment le cas
pour le tout nouveau conseil en
évolution professionnelle (CEP),
qui fait l'objet de préfigurations.
Exemple en Île-de-France, avec
une initiative conduite par l'Opca
du travail temporaire (Faf-TT) en
partenariat avec la Région.
Crise de l'automobile oblige,
les bassins d'Aulnay-sous-Bois
et Poissy sont les premiers
bénéficiaires de ce “nouveau type
d'accompagnement des salariés
intérimaires, cofinancé à hauteur
de 70 %" par la Région, explique
Chloé Huet, chargée de mission
nationale Conseils régionaux au
Faf-TT.

Compétences
transférables


Trois axes structurent l'accompagnement.
D'abord, une ingénierie
pédagogique tournée vers
l'identification de compétences
transférables
et l'analyse de la faisabilité
des projets. Ensuite, la
recherche de financements
de formations au-delà
du congé individuel de
formation − alors que
l'esquisse du cahier des charges
du CEP réalisée par l'Igas évoque
de son côté “la recherche des
solutions d'ingénierie financière
pour faciliter la mobilisation du
compte personnel de formation
et l'accès à la formation de façon
générale". Troisième axe : une
collaboration étroite avec les
agences d'emploi pour l'identification
des salariés et le suivi des
actions mises en oeuvre.

Concrètement, le dispositif est
d'abord présenté aux salariés
en fin de mission au cours de
réunions collectives qui ont lieu
dans les agences. En cas d'intérêt,
cinq entretiens individuels
INTÉRIM Une préfiguration du conseil
en évolution professionnelle
peuvent alors être proposés. “Le
premier rendez-vous a pour objet
de faire le point sur le parcours
professionnel du salarié, sur ses
projets d'évolution, ses attentes",
explique, sur le site du Faf-TT,
Lauriane Mignondo, conseillère.
Si nécessaire, quatre autres
entretiens aideront le salarié à
construire un plan d'action pour
la mise en oeuvre de son nouveau
projet professionnel.

“Explorer le champ
des possibles"...


“Cette ingénierie spécifique
permet au salarié d'explorer le
champ des possibles en analysant
les compétences acquises qui
sont transférables. Ce n'est pas
toujours facile de savoir parler
de ce qu'on sait faire. Un peintre
par exemple va dire : « Je sais
juste peindre », alors que ses
expériences de peintre lui ont
permis d'acquérir bien d'autres
compétences", souligne Lauriane
Mignondo. In fine, et non sans
rappeler le bilan de compétences,
dont on peut se demander s'il
survivra à la mise en oeuvre du
CEP, le dispositif d'accompagnement
facilite les transitions. À
titre d'exemple, l'un des bénéficiaires
cité par le Faf-TT, ancien
monteur de portières en mission
d'intérim dans l'automobile,
a ainsi pu accéder à un congé
individuel de formation pour
préparer le titre professionnel
d'installateur thermique
et sanitaire.

Depuis septembre 2013,
un partenariat avec la Cité
des métiers de la Villette (Paris)
permet également aux bénéficiaires
de participer à des ateliers
mensuels “Passerelles métiers",
avec un objectif qui rejoint
totalement la philosophie du
CEP : valoriser les compétences
acquises et identifier celles qui
pourraient être transférables vers
d'autres emplois. D'une durée
de 3 h 45, l'atelier est réservé
aux personnes ayant effectué
500 heures minimum d'intérim au
cours des dix-huit derniers mois.

4 200 BÉNÉFICIAIRES D'ICI 2015 EN PAYS DE LA LOIRE

Autre exemple de préfiguration du conseil en évolution
professionnelle en Pays de la Loire, où la Région expérimente
un service gratuit de conseil aux salariés depuis 2010. Cité
par la Région, Jean-Yves Lhommet, membre de la Commission
paritaire interprofessionnelle régionale pour l'emploi, évoque
“plus de 70 %" de réussite des projets professionnels accompagnés
dans le cadre du CEP ligérien. Déjà 1 000 personnes
ont pu accéder à un accompagnement spécifique et la Région
espère 4 200 bénéficiaires d'ici 2015. Gratuit pour les usagers
ainsi que l'exige la loi, le conseil en évolution professionnelle
dispose d'un budget de 760 000 euros financé par la Région,
les partenaires sociaux et le Fongecif régional, qui en assure
l'animation. Le maillage territorial est consultable sur le site
Fongecif-pdl.fr.