Jean-Pierre Therry (CFTC), “transcendé" par l'Ani

Par - Le 01 mai 2014.

L'oeil franc et bleu derrière des sourcils
fournis et des lunettes non cerclées, Jean-
Pierre Therry porte la chemise sport avec
cravate. Et des chaussures confortables,
aptes à transporter au plus vite le secrétaire
confédéral CFTC en charge de la formation
professionnelle de Pantin, siège de la
confédération, au ministère du Travail, dans
le 7e arrondissement parisien, et de là, à ses
terres bourguignonnes de Montceau-les-
Mines. Dont il garde de belles intonations.
La signature de l'Ani formation le
14 décembre 2013 sera sans doute sa
dernière. Car il a prévu de passer la main
au prochain congrès de son syndicat, en
2016. Mais les débats qui l'ont précédée lui
laisseront le meilleur souvenir. “Pour cette
négo, j'étais transcendé. J'ai pensé que
nous pouvions aboutir à des objectifs que
nous nous étions fixés depuis longtemps.
Ça n'a pas été dit, mais le principe d'élever
les salariés d'un niveau de qualification,
c'est une idée de la CFTC !"

“Il a fait le job"

“Nous avons été écoutés, respectés,
été forces de proposition. Nous avons
beaucoup travaillé en bilatérales, sans
hésiter − ce que je ne faisais pas avant − à
aller rencontrer le Medef ou à passer des
rendez-vous avec Stéphane Lardy." Ce
dernier, tête de file pour Force ouvrière,
salue son travail : “Il a très bien tenu la
position de son organisation dans une
négociation extrêmement difficile, avec
les batailles patronales qu'on connaît. Il a
été revendicatif et teigneux quand il fallait
défendre la position de la CFTC, et les
sujets importants pour lui.

La CFTC n'est peut être pas en première
ligne, avec son taux de représentativité à
moins de 10 %, mais il a fait le job."

Le “clash" avec la CGT

Une opinion que ne partagent pas
ses opposants, dont Djamal Teskouk,
négociateur pour la CGT, qui regrette “que
les expressions publiques
de la CFTC, dont nous nous
sentons souvent proches,
n'aient pas été mieux
défendues au sein de cette
négociation, comme dans les
instances paritaires".
“Le clash avec la CGT, c'est
un vrai regret", concède Jean-
Pierre Therry. “Dès l'ouverture
de la négociation, nous avons
fait une déclaration politique
avec les points majeurs pour
la CFTC, et tous ont été repris.
Ils me prennent pour un
traître, alors que j'ai respecté
la mise en place de ce que je
crois depuis que j'ai pris le
mandat. Je suis fidèle à mes
convictions", assène-t-il.

“Très attaché au
métier de formateur"


Peu de doute sur ce
sujet. François Hommeril,
négociateur pour la CFE-CGC
de l'Ani précédent, celui
de janvier 2009, estime
avoir toujours bien travaillé
avec lui : “C'est un gars
honnête, qui fait passer un
message de sincérité. Il est très attaché
au métier de former, ce qui peut avoir ses
limites et priver d'une vision à plus long
terme." À titre d'exemple, il rappelle que
la CFTC a approuvé le financement de la
rémunération de fin de formation (R2F)
par le Fonds paritaire de sécurisation des
parcours [ 1 ]Convention-cadre 2013-2015 entre le Fonds
paritaire de sécurisation des parcours professionnels
et l'État
, contre la position d'autres
syndicats qui estimaient, notamment,
que ce financement incombait à l'État.
“Oui, nous avons cédé. Lorsqu'il est
devenu évident que le rapport de force
avait changé, je n'avais pas de raison de
m'obstiner", argumente Jean-Pierre Therry.

Ce que Philippe Dole, inspecteur général
des affaires sociales, en charge d'alimenter
la concertation quadripartite qui s'est tenue
en parallèle de la dernière négociation,
reconnaît comme une qualité : “Il a une
vision plutôt opérationnelle des choses,
avec une entrée usager et moins politique
du sujet. C'est quelqu'un qui écoute et
n'est pas dogmatique. Il a des idées et des
opinions, qu'il défend, mais il sait réviser
ses positions." Ce qu'il a fait, pour que
son syndicat signe, encore une fois, un Ani
formation.

1983 2011 2013
Secrétaire général adjoint CFTC Afpa Secrétaire confédéral formation Signe l'Ani formaion

Notes   [ + ]

1. Convention-cadre 2013-2015 entre le Fonds
paritaire de sécurisation des parcours professionnels
et l'État