Jérémy Thevenin, ou comment “ne pas freiner son enthousiasme"

Par - Le 15 avril 2014.

Courtois, posé, disponible. Fiable
aussi, répondant à la deuxième
sonnerie au rendez-vous fixé lors
d'une rapide prise de contact à
l'École de la deuxième chance
de Grenoble [ 1 ]Voir aussi dans ce numéro, page 8.. À 22 ans, il y a
un Jérémy Thévenin de l'avant
É2C, et celui qui s'apprête à la
quitter. L'équipe pédagogique
s'est bien gardée de nous prévenir,
et c'est lui-même qui s'en
charge : “J'avais un caractère un
peu impulsif." Et de commenter :
“Peut-être que j'en avais un peu
ras-le-bol de ne pas voir avancer
mon projet, peut-être que je commençais
à baisser les bras…"

D'un parcours
hésitant…


D'abord orienté de lui-même,
“mais un peu par dépit", en mécanique,
Jérémy Thevenin décroche
en deuxième année de BEP. “Trop
de lacunes", estime-t-il. Suivi
en Mission locale, il décide de
se réorienter dans la peinture en bâtiment.
Financé par la Région Rhône-Alpes, le voici
bientôt en formation qualifiante à l'Afpa.
S'il n'était pas prévisible, l'échec survient
néanmoins lors de l'examen final. Partagé
entre le sentiment que les règles du jeu ne
lui ont pas été bien expliquées ou que lui même
ne les a pas bien comprises, il en ressort
affecté : “Cela faisait deux fois que je
changeais de projet, deux fois qu'il y avait un
problème, la motivation en a pris un coup…"
Elle reviendra avec l'intérim, qui lui permet
de reprendre pied, mais pas de s'inscrire
dans un projet. “Alors, quand ma conseillère
de Mission locale m'a parlé de l'École
de la deuxième chance, ça m'a intéressé et
j'ai foncé." Arrivé avec l'intention de présenter
un CAP de peintre, il se rend peu à peu
compte qu'il s'est peut-être enferré dans ce
projet. “J'avais un peu oublié la dimension
découverte de métiers", explique-t-il.
Jérémy Thevenin,
ou comment “ne pas freiner son enthousiasme"

… à la validation du projet
professionnel


Le moment est venu de se souvenir que la profession
d'agent de sécurité, exercée par son
frère, l'intéresse. D'abord tenté de freiner son
enthousiasme, devant son fameux caractère
impulsif, son référent finit par le laisser partir
en stage. Le premier, en magasin, se déroule
sans encombre, le second, sur un site industriel,
se passe à merveille. Ce qui lui plaît ?
“On est là pour aider, prévenir, accueillir…
il faut être souriant, quand même !" CQFD :
les éruptions comportementales étaient
moins structurelles que conjoncturelles…

Renouvelé pour cinq mois à l'É2C pour lui permettre
d'achever la validation de son nouveau
projet professionnel, il en est aujourd'hui tout
juste sorti, prêt à intégrer une formation pour
obtenir le CQP d'agent de sécurité. Ce que lui
a apporté l'É2C ? “Un cadre, un accompagnement
qui m'a vraiment fait beaucoup de bien.
Sans l'É2C, je n'aurais pas fait toutes ces
recherches, je n'aurais pas fait de stages",
remercie-t-il. Et de conclure : “J'ai su rebondir,
ça m'a remotivé, je suis content de mon
parcours." Fier ? “Oui, on peut le dire, je suis
fier de moi !"

Ne reste qu'à évoquer cette drôle d'appellation
d'École de la deuxième chance.
Magnifique pour les uns, un brin stigmatisante
pour les autres. Disons que si elle
flatte l'ego républicain, elle laisse aussi libre
interprétation aux trieurs de CV. Deuxième
chance pour qui ? Ceux qui ont raté la première
? Ceux qui n'en ont pas eue ? Et Jérémy
Thevenin,
qu'en pense-t-il ? “Au début, ils
sourient, après, quand on leur explique, ils
comprennent…" Bientôt agent de sécurité
et déjà pédagogue… chapeau !

2010 2012 2014
BEP mécanique (non validé) titre professionnel de peintre en bâtiment (non validé février 2013 à mars 2014 parcours à l'É2C de Grenoble

Notes   [ + ]

1. Voir aussi dans ce numéro, page 8.