L'alternance et la mobilité, pour l'insertion durable des jeunes

“Nombreuses s o n t l e s
entreprises qui se plaignent de ne
pouvoir embaucher de collaborateurs
dont les compétences correspondent
à leurs besoins. Dans
le même temps, un grand nombre
de jeunes sont au chômage.
Comment comprendre une telle
inadéquation ?", s'est indigné
Antonio Silva Mendes, directeur
pour l'éducation et la formation
professionnelle à la Direction
générale éducation et culture
de la Commission européenne,
le 14 janvier dernier à Bruxelles,
lors d'une rencontre d'experts de
l'insertion professionnelle des
jeunes.

Organisé par l'association
Confrontations Europe ^{[ 1 ]}Association fondée en 1992
par Philippe Herzog, actuellement
conseiller du commissaire européen
Michel Barnier., ce
séminaire avait pour thème
“Erasmus de l'alternance" et
s'inscrivait dans la préparation
des Entretiens économiques
européens consacrés à la
“valorisation de l'investissement
humain : formation, mobilité,
emploi en Europe", qui se
tiendront le 20 mars à Bruxelles.

“Pas d'adaptation de
l'offre sans concours
des entreprises"

En ef f e t , a précisé Anne
Macey, secrétaire générale de
Confrontations Europe, “le taux
de chômage des jeunes de moins
de 25 ans en Europe frôle les
25 %, soit quelque 6 millions de
jeunes". “Il n'y a jamais eu autant
de jeunes très diplômés sans
emploi", a rappelé Gorgio Zecca,
coordinateur de la politique de
l'emploi au Forum européen de
la jeunesse ^{[ 2 ]}Association fédérant 99 organisations
de jeunesse (conseils nationaux de
jeunesse, etc.). www.youthforum.org/fr. Des initiatives sont
prises dans les pays de l'Union
mais “il y a nécessité à les harmoniser
au niveau européen en
vue d'une plus grande efficacité".
“Les entreprises et les écoles ne
travaillent pas assez ensemble.
On ne peut adapter l'offre de
formation aux réalités de l'entreprise
sans partenariats forts
entre les deux", a plaidé Sandrine
Javelaud, cheffe de mission enseignement
supérieur et employabilité
au Medef. L'entreprise doit
selon elle participer étroitement
à l'élaboration de programmes
de formation plus adaptés, d'une
meilleure pédagogie, etc. “En
Allemagne, cette question ne se
pose pas. Les partenariats entre
les entreprises et les établissements
de formation sont très forts.
Il n'y a pas de méfiance entre eux",
a témoigné Mechthild Jürgens,
coordinatrice et accompagnatrice
des projets FSE au ministère
fédéral allemand du Travail et des
Affaires sociales. Finalement,
quelle meilleure expression
de cette coopération entre le
monde de la formation et celui
de la production que la formation
par alternance ? Pour Sandrine
Javelaud, “c'est la meilleure
façon de préparer les jeunes à la
connaissance de l'entreprise et du
monde du travail". CQFD.

Ces “compétences
multiples et variées"

Autre outil d'aide à l'insertion
professionnelle des jeunes :
la mobilité internationale.
L'expérience, en Allemagne, du
programme “Ida" ^{[ 3 ]}Integration durch Austausch.
www.ida.de, a permis
d'accompagner, entre 2007 et
2013, plusieurs milliers de jeunes
pour notamment trouver un travail
(39 % des bénéficiaires. Grâce à
ce programme qui a coûté quelque
127,5 millions d'euros, “les jeunes
ont acquis, lors de leur séjour de
six mois en moyenne dans plus
d'une vingtaine de pays, des
compétences multiples et variées
indispensables dans une entreprise,
notamment la confiance,
la motivation et la flexibilté", a
indiqué Mechthild Jürgens.
“L'objectif d'Erasmus + ^{[ 4 ]}www.europe-education-formation.fr/
page/erasmus est
justement de développer
davantage la mobilité internationale
afin d'accroître les compétences
et les expériences des
jeunes", a rappelé Antonio Silva
Mendes. Mais “sans harmonisation
des politiques de l'emploi et
de promotion de la portabilité des
compétences acquises à l'étranger,
il n'y aura pas de mobilité à
valeur ajoutée pour les jeunes", a
ajouté Giorgio Zecca.