La fédération textile CGT critique le refus confédéral de signer l'Ani

Par - Le 01 février 2014.

“Nous pensons que la confédération
a manqué une occasion
d'apporter une pierre supplémentaire
à l'édifice en refusant de
ratifier l'accord national interprofessionnel
(Ani) sur la formation
professionnelle" du 14 décembre
2013. Ce reproche sur le positionnement
de la CGT, qui n'a pas
signé ledit accord, est celui de la
fédération textile habillement cuir
CGT, exprimé dans une déclaration
diffusée le 20 janvier.
Pour la THC-CGT, la confédération
aurait dû signer l'Ani, d'autant
plus qu'elle “s'est engagée de
façon résolument constructive
pour tenter de donner corps à
notre revendication d'une sécurité
sociale professionnelle". Dans
cette perspective, l'Ani conforte
cette revendication puisqu'il “acte,
à travers le compte personnel de
formation (CPF), un droit inaliénable
attaché à la personne du
salarié", souligne-t-elle.

Vif débat interne

Un constat partagé par la CGT
du spectacle, l'autre fédération
favorable à la signature de
l'accord. “Un débat a eu lieu
au sein de la CGT, c'est un peu
l'éternelle histoire de la bouteille
à moitié vide ou à moitié pleine.
Lors de la consultation, notre fédération
s'est déclarée favorable à
la signature, dans l'esprit de l'Ani
2009. Parmi les raisons invoquées
par la fédération du spectacle, il y
avait la reconnaissance du compte
personnel de formation comme
une avancée dans la lignée de la
portabilité du Dif. Car le CPF est la
seule manière efficace d'inscrire
les salariés intermittents dans la
continuité du droit à la formation
professionnelle", plaide Denis
Jean-Louis, secrétaire général de
la fédération CGT du spectacle.
De son côté, le numéro un confédéral,
Thierry Lepaon, estimait
dans les colonnes du Monde, le
21 janvier, que sur la formation
professionnelle, il était “normal,
sain, qu'un accord de ce niveau
fasse l'objet d'une discussion
forte dans notre organisation.

Cela ne me choque pas qu'il y
ait un point de vue sensiblement
différent entre les camarades qui
ont négocié et le bureau confédéral.
Mais ce n'est pas vrai que tous
les membres du bureau confédéral
voulaient signer l'accord et que
tous ceux de la délégation avaient
une position unanime".

Membre de la délégat ion
confédérale qui a négocié l'Ani,
Paul Desaigues s'étonne de la
démarche de la fédération textile
habillement cuir. “Cette fédération
utilise les médias pour porter un
débat qui a été tranché en interne
de manière démocratique. Sur 19
fédérations consultées, seules
2 se sont prononcées en faveur
d'une signature de l'Ani", précise
le responsable du pôle formation
professionnel de la CGT.

En curatif, ou en
préventif ?


Selon ce dernier, ces divisions
traduiraient “un problème
récurrent dans toutes les organisations
syndicales, à savoir que
la formation professionnelle
n'est pas considérée comme une
priorité. Dans les priorités, il y a
d'abord la question du salaire,
ensuite la retraite et le chômage.
La formation professionnelle vient
en dernier. On la traite en curatif
plutôt qu'en préventif".

Sur le fond, Paul Desaigues
ne regrette pas la décision
confédérale de ne pas signer. Au
contraire, le contenu du projet
de loi donne raison selon lui au
positionnement de la CGT. “Nous
nous sommes battus pour un
financement dédié au compte
personnel de formation, or le
projet de loi prévoit la possibilité
pour les entreprises de plus de
10 salariés de s'affranchir de la
mutualisation au titre du 0,2 %
de leur masse salariale. La
conséquence prévisible, c'est
que les grandes entreprises vont
pouvoir s'affranchir de cette
mutualisation. Les financements
du CPF vont donc être inférieurs
à ce qui était permis au titre du
Dif prioritaire [financé au niveau
des branches par les Opca] et du Dif portable [financé au
niveau du FPSPP]. Au final, les
demandes de CPF risquent de ne
pas être satisfaites, compte tenu
de la faiblesse du financement",
assure Paul Desaigues.