La formation comme investissement, une idée qui séduit les organismes de formation privés

Par - Le 15 janvier 2014.

La reconnaissance de la formation non comme une dépense obligatoire mais comme un investissement
stratégique, la Fédération de la formation professionnelle (FFP) la revendique depuis longtemps, et
la réforme en cours semble consacrer cette vision. Doublement concernés (prestataires des formations
qui découleront de la réforme, et employeurs eux-mêmes), ses adhérents restent vigilants.

Pour l'organisation patronale des
organismes de formation privés,
la réforme en cours “s'inscrit dans
le prolongement des travaux que nous
menons, en lien avec le gouvernement, sur
la reconnaissance de la formation en tant
qu'investissement". Elle “donne une nouvelle
ambition à la formation professionnelle,
mais appelle à une réelle vigilance".
La Fédération de la formation professionnelle
est surtout satisfaite de voir associés
les mots formation et compétitivité
− dans le champ économique, “comme un
levier de la performance du capital humain
et d'innovation pour l'entreprise".

“Instrument majeur de gestion
des ressources humaines"


Ainsi, précise la FFP, en mettant en perspective
la responsabilité des entreprises en
matière de formation, “qui, auparavant,
se traduisait uniquement par une obligation
fiscale", l'Ani du 14 décembre a associé
l'entreprise à la notion de compétences
des salariés. Il a “institutionnalisé" un
entretien professionnel où l'employeur
évalue les compétences du salarié et lui
propose les formations susceptibles de les
développer, assurant “un lien obligatoire
entre formation et gestion prévisionnelle des
emplois et des compétences", et faisant de
celle-ci l'“instrument majeur de gestion des
ressources humaines". Il favorise, en outre,
la reconnaissance par l'entreprise des
compétences et qualifications acquises.
En donnant corps au compte personnel
de formation, cet Ani “a impliqué directement
les individus dans la gestion de leur
formation, y compris dans les phases de
transition professionnelle". Par des mécanismes
incitatifs, le CPF permet au salarié
de monter en compétences et ainsi,
de maintenir son employabilité. Par sa
transférabilité tout au long de la carrière,
il “deviendra un outil majeur au bénéfice
des demandeurs d'emploi et au service de la
politique de l'emploi". Un équilibre dans
lequel salariés et entreprises seraient tous
deux gagnants, souhaite la FFP, qui participe
à la mise en place d'indicateurs pour
en mesurer les impacts économiques et
sociaux de la reconnaissance de la formation
comme un investissement.

Formations “opérationnelles et
transverses"


Cependant, l'organisation patronale,
qui est à la fois membre de la CGPME
et du Medef − et même, depuis décembre,
“adhérente directe" du Medef,
alors qu'elle l'était auparavant à travers
son adhésion au Syntec −, avertit qu'elle
reste vigilante. Notamment sur le CPF :
“Pour qu'il s'inscrive véritablement dans la
logique d'investissement telle que l'accord
la consacre, son encadrement et sa mise
en oeuvre doivent privilégier sa dimension
opérationnelle et utile pour les entreprises
comme pour les salariés." Ce dispositif
“devra accorder une place à l'acquisition
de compétences transverses et celles liées aux
métiers de demain, conditions même de
l'employabilité et qui permettent de mieux
gérer la polyvalence et les transitions professionnelles".

Elle souhaite également la
mise en place des mécanismes d'accompagnement
pour les dirigeants de PME
afin que ceux-ci, désormais responsabilisés
face à la formation de leurs salariés,
puissent s'approprier cette réforme.
À présent, la FFP invite le gouvernement
à “prendre, avec les parlementaires,
ses responsabilités pour respecter
les grands équilibres de l'accord tout
en garantissant les bons mécanismes
de transition vers le nouveau système".
L'organisation, qui fédère et représente
plus de 400 organismes de formation
privés et leurs 2 000 établissements,
reste, selon Jean Wemaëre,
son président, “mobilisée pour que la
formation, innovante et diversifiée, soit
toujours davantage reconnue comme un
levier de croissance économique et de développement
individuel. C'est la raison
pour laquelle nous proposons l'idée d'un
crédit d'impôt formation, tant pour les
entreprises que pour les particuliers".

LE TRAVAIL DES “ACCOMPAGNATEURS DES COMPÉTENCES"

“Actuellement au coeur des ressources
humaines mais bientôt rattaché aux unités
opérationnelles, le responsable formation
occupe un poste de plus en plus stratégique
dans l'organisation", indique “L'évolution
du métier de responsable formation", livre
blanc consacré au métier de responsable
formation publié par l'organisme de formation
Demos en partenariat avec Parlons RH,
une agence de marketing éditorial et digital
dédiée aux ressources humaines et à la formation
professionnelle.

“Des actions de formation
toujours plus innovantes"


Ce document d'une vingtaine de pages
“fournit un éclairage sur une profession en
mutation". En effet, écrivent dans leur éditorial
Sylvestre Perrault, directeur des opérations
et Denis Reymond, directeur de practice
management (ressources humaines) de
Demos, le responsable formation multiplie
les casquettes “pour proposer des actions
de formation toujours plus innovantes, réussissant
à lier les objectifs de l'entreprise et
les axes d'amélioration des salariés".
Le livre blanc présente également les résultats
de deux enquêtes exclusives menées
par Demos pour recueillir l'avis, d'une part,
des salariés sur la formation au sein de
leurs entreprises et, d'autre part, des responsables
formation sur les pratiques en
2013. Il en ressort que si la formation est
“un outil précieux" pour l'ensemble des
collaborateurs, la stratégie développée par
leur entreprise “demeure opaque, voire totalement
inconnue" pour la majorité d'entre
eux. “Faute de visibilité à long terme, ils
peuvent être amenés à suivre l'ensemble
de leurs formations de manière passive."
Selon Thomas Chardin, directeur conseil de
Parlons RH, “la réforme de la formation professionnelle
leur donnera la possibilité de
prendre en main leur carrière, de développer
leurs compétences et de devenir acteurs de
leur évolution professionnelle. Assurant la
convergence entre le développement des
compétences et la pérennité de l'entreprise,
les responsables formation en sont plus que
jamais la pierre angulaire et donc le meilleur
allié de l'ensemble des collaborateurs pour
évoluer".

La dernière partie du livre blanc présente
cinq témoignages de responsables formation.
Celle-ci révèle leur vision sur l'évolution
de leur métier, les actions de formations
innovantes qu'ils ont initiées et mises
en place et sur leurs attentes. Le livre blanc
estime, quant à la réforme de la formation
professionnelle en cours, que “le rôle du
responsable formation doit moins être celui
d'accompagnateur des compétences du présent,
soumis à une logique de juste à temps,
que dans une logique d'anticipation des besoins
de demain, au plus près de la stratégie
de l'entreprise".

Pour “un appareil de formation
plus agile"


Les auteurs jugent que “son défi doit être
celui du développement des compétences
durables pour contribuer à la compétitivité
sans négliger l'employabilité de ses collaborateurs"
et que la réforme en cours “doit le
soutenir dans la poursuite de ses objectifs
en lui apportant de nouveaux outils", en lui
proposant “un appareil de formation plus
agile et des entreprises plus impliquées".