La reconversion des licenciés du Crédit immobilier de France

Par - Le 15 mars 2014.

Un cabinet de formation
niortais et un autre de Caen sont
associés au retour vers un emploi
− non salarié − des conseillers
du Crédit immobilier de France.
1 200 employés concernés par le
plan de sauvegarde de l'emploi
(PSE) se sont vu proposer de
s'installer à leur compte, via un
dispositif qualifié d'“Université du
courtage". Mais tous ne sont pas
preneurs.

Comme l'explique Dominique
Vignault, dirigeant de l'un de ces
prestataires, l'Ufop, en Poitou-
Charentes, un tour de France des
régions du Crédit immobilier vient
de se terminer à Rennes. L'Ufop
et la société consoeur de Caen,
Axelerance, ont balisé le parcours.
“Nous co-construisons avec
des attendus, un contenu et des
pédagogies totalement adaptées
au contexte", résume notre
interlocuteur.

L'“Université
du courtage"


Trois modules sont proposés sur l'environnement
de la petite entreprise,
les techniques de vente et la communication
marketing. Un module
de techniques métiers donne des
clés aux futurs entrepreneurs, jetés
dans le grand bain, pour activer un
réseau de prescripteurs ou décrypter
les étapes du premier rendez-vous
avec un emprunteur, jusque chez le
notaire. Les bénéficiaires de l'accord
de gestion sociale, anticipant le PSE,
vont continuer à recevoir des clients,
mais courtier en financement est un
autre métier. Les apprenants suivent
également au Centre de formation
de la profession bancaire (CFPB) des
certifications de branche, d'intermédiaires
en assurance, opérateurs de
banque et services de paiement
(IOBSP), inscrites au répertoire
(RNCP) ou labélisées AMF.

Un groupe d'une dizaine de volontaires
est constitué, cinq autres en
planification, et le premier groupe
devrait en entraîner d'autres. Neuf
journées de sensibilisation ont
été réalisées ou le seront à Lille,
Nancy, Rennes, Poitiers, Grenoble,
Marseille, Paris, Montpellier, Lyon,
avec des chefs de secteur, les DRH
et les espaces information conseil,
prestataires de l'accompagnement
des salariés. Les partants
seront trois jours par semaine en
formation. Cela leur laisse le temps
de s'investir dans les modules, faire
du e-learning, utiliser des aide-mémoire
distribués via internet après le
cours en salle. En fin de parcours, un
quiz confirmera que les apprenants
se sont adaptés à leur futur métier,
s'ils n'ont pas changé d'avis. Le
parcours de cinq mois comprend
des mises en situation sous forme
de jeu de rôles, un stage dans une
société de courtage, et une présentation
de leur projet pour ceux qui le
souhaitent.

Ida Magneron, déléguée nationale
SNB (CFE-CGC), interrogée par
L'Inffo, précise qu'un budget
formation de 15 000 euros par
licencié a été obtenu, et également
pour les restants dont l'avenir est
incertain. Elle-même ex-responsable
du courtage, la syndicaliste
estime que les prestataires de
formation ont su remonter le moral
des commerciaux. “En ce qui me
concerne, j'écoute les gens qui
sortent enthousiastes, ayant trouvé
les intervenants pédagogues et leur
donnant après deux années d'inactivité
envie de devenir."

Françoise Francini, déléguée
centrale CFDT, est plus dubitative
sur ce plan qui va maintenir les
commerciaux cinq mois de plus
dans le flot, sur trois sessions de
formation en Rhône-Alpes. Elle
estime que le Crédit immobilier
de France n'a pas manqué de
savoir-faire, mais plutôt de financements,
et rappelle qu'à côté des
commerciaux, plusieurs centaines
d'administratifs restent en place
jusqu'à l'extinction programmée
de l'établissement, et qu'ils ne
profitent pas des mêmes conditions
de formation.