Lancement réussi pour les Mooc du Conservatoire national des arts et métiers

Par - Le 01 juillet 2014.

Une solide réputation en
matière de formation continue,
une tradition d'ouverture et une
expérience de la formation à distance,
il n'en fallait pas plus au
Conservatoire national des arts
et métiers (Cnam) pour caracoler
en tête de la plateforme France
université numérique (Fun) : avec
déjà cinq Mooc (cours massifs
ouverts et en ligne) et quelque
60 000 inscrits, l'institution bicentenaire
semble avoir parfaitement
négocié le virage numérique. De
quoi susciter l'intérêt du Forum
français pour la formation ouverte
et à distance (Fffod), qui accueillait
Isabelle Gonon, référente
Mooc à la direction nationale du
numérique (D2N) du Cnam, lors de
son assemblée générale tenue le
3 juin dernier dans les locaux de
Centre Inffo.

“La première autre
nouvelle grande
aventure"


Impliquée dans des projets de
formation à distance depuis 1998,
Isabelle Gonon a toute légitimité
pour répondre à la question qui
hante de nombreux forums : lancés
à grand renfort de publicité par le
gouvernement en octobre 2013, les
Mooc à la française sont-ils véritablement
destinés à révolutionner
la formation ou ne sont-ils qu'un
feu de paille médiatique voué à
rejoindre le cimetière des coups
marketing du e-learning ? Aucun
doute, pour la représentante de la
D2N : “Objet tout à fait nouveau,
les Mooc sont la première autre
nouvelle grande aventure" de
l'enseignement à distance. Pas
évident, pourtant, de distinguer à
première vue ce qui différencie les
dispositifs de formation à distance
(FAD) “traditionnels" du Cnam des
Mooc lancés au printemps dernier.
Au-delà de la gratuité qui les
caractérise, Isabelle Gonon invite
à regarder du côté des contenus et
des conséquences de la massification
du public.

“Attestation de
réussite"


Ainsi, et alors qu'il est aujourd'hui
possible de suivre la totalité d'un
enseignement certifiant ouvrant
droit aux crédits européens par la
voie de la formation à distance,
les Mooc du Cnam ne proposent
aujourd'hui que de courts contenus
conçus pour être suivis en six
semaines à raison de deux heures
trente hebdomadaires, explique-telle.
À la clé de ces parcours, non
pas une certification, mais une
simple “attestation de réussite"
pour les 11 % de stagiaires qui
satisfont au test final.

“La vraie nouveauté,
c'est le changement
d'échelle"


Aucune valeur en termes académiques,
certes, mais tout de même
un indice de compétence qu'une
majorité des lauréats n'hésite pas
à rajouter à leur CV. Vidéos, mise
à disposition de ressources documentaires,
forums et séances de
visioconférence, les technologies
des Mooc ne diffèrent a priori
guère de celles liées aux dispositifs
de FAD. “La vraie nouveauté,
souligne Isabelle Gonon, c'est
le changement d'échelle, et ses
effets sur les usages."

Exemple ? Là où les enseignants se
désespèrent de forums vides dans
les dispositifs à effectif réduit, les
dizaines de milliers d'inscrits à
certains Mooc entraînent une productivité
jusqu'ici jamais observée
dans les échanges en ligne. Au
point, d'ailleurs, de déborder les
classiques forums et d'investir
les réseaux sociaux, à l'image de
la communauté LinkedIn créée
autour du best-seller des Mooc du
Cnam, qui regroupe plus de 1 000
personnes.

Les professionnels
du “community
management"


Conséquence de cette massification
des échanges : le recours
quasi-obligatoire à un véritable
professionnel du “community management",
là où un modérateur,
fonction le plus souvent assumée
par une simple bonne volonté
technophile, suffisait à l'animation
des petits groupes de FAD.
Autre différence soulignée par la
référente Mooc du Cnam : la prévalence
du web social sur le travail
collaboratif. Là où les effectifs
des classes virtuelles classiques
autorisent une construction collective
de la connaissance - par le
recours au “wiki", par exemple, - il
n'est pas possible pour un enseignant
de proposer le même type
d'activité aux milliers d'inscrits à
un Mooc. Reste donc à observer
et mieux étudier les ressorts de
la construction de l'intelligence
collective sur le web…

Ces enseignants qui
“médiatisent" leurs
cours


Quant aux raisons du succès des
Mooc du Cnam, la principale tient
sans doute au véritable travail
conduit par les enseignants pour
la médiatisation de leurs cours.
Ne connaissant pas le profil du
public cible, n'exigeant aucun
niveau préalable et ne procédant
à aucune sélection, le Cnam
se doit de créer des contenus
grand public à destination d'une
cible mouvante et non captive.
Aucun rythme ni parcours n'étant
imposé, l'ensemble des contenus
doit par ailleurs être disponible
au démarrage du Mooc. Soit et
contrairement à une idée reçue
qui voudrait que les anciens
concepteurs de FAD “faisaient
du Mooc sans le savoir", Isabelle
Gonon peut souligner : “Personne
n'a pu réutiliser un cours qu'il
avait déjà fait."